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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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extrémité.
    « C'est trop lent, dit Ivatt. Faites seller les chevaux. »
    Quelques instants plus tard, ils galopaient en direction du fleuve, sur un terrain plat, recuit par le soleil et parsemé de quelques rares arbres. Il ne res-tait plus que quelques minutes de crépuscule. Le soleil se couchait vite sous les tropiques, disparaissant soudain comme s'il glissait brusquement, de l'autre côté de l'horizon, dans quelque précipice. Gopal faisait de son mieux pour suivre son maître, mais celui-ci avait une agilité d'acrobate — profession qu'il avait exercée avant de venir en Orient. Lorsqu'ils atteignirent le fleuve, il faisait déjà sombre. Aucune trace de bateau siamois. Ils descendirent de cheval et confièrent leurs montures à deux jeunes Indiens sortis on ne sait d'où et désireux de gagner quelques roupies.
    Gopal dévala la berge pentue du fleuve en criant très fort, et bientôt une barque à deux rameurs apparut près du ponton. Les hommes l'informèrent qu'un grand bateau était mouillé en amont près de Nara-sapur.
    « Remontez le fleuve ! » ordonna-t-il en suivant son maître à bord du bateau. « Et dépêchez-vous ! Votre peine sera récompensée.
    — Jusqu'où, en amont ? demanda le rameur principal en jetant un coup d'oeil à son compagnon.
    — Jusqu'à ce nous vous disions d'arrêter, répondit fermement Gopal.
    — Il y a des problèmes par là, bougonna l'homme.
    — Quels problèmes ?
    — Des hommes armés sur des bateaux qui se dirigeaient vers Narasapur il y a environ une heure.
    — Je vous paierai double tarif. »
    L'homme se tourna et regarda son compagnon d'un air interrogateur. Ce dernier, dont on ne distinguait que la silhouette bossue dans les ténèbres, parla pour la première fois.
    « D'accord, mais au premier signe d'ennuis, on fait demi-tour.
    — Entendu », dit Gopal en s'accroupissant au pied de son maître.
    Le premier rameur tendit un coussin brodé.
    « Pour le maître, dit-il, inclinant la tête en direction d'Ivatt.
    — Qu'est-ce qui se passe ? » demanda Ivatt, qui avait renoncé depuis quelque temps à maîtriser les innombrables dialectes parlés sur le sous-continent indien. On n'avait pas plus tôt franchi les frontières d'un royaume que la langue apprise tant bien que mal ne servait plus à rien dans le suivant, contrairement au siamois, qu'il pouvait utiliser partout au Siam et qu'il parlait presque aussi couramment que Phaulkon.
    « Plusieurs chaloupes remplies d'hommes armés ont été aperçues se dirigeant vers l'amont, Seigneur, répondit Gopal en fronçant les sourcils. Elles doivent venir du navire marchand qui ne s'est pas signalé.
    — Est-ce que ces hommes les ont vues ? »
    Gopal leur posa la question. Les deux rameurs se
    consultèrent brièvement avant de répondre.
    « Ils disent que c'étaient des Blancs venus du bateau mouillé de l'autre côté de l'estuaire. »
    Ils continuèrent à ramer en silence, la voie chichement éclairée par l'unique lampe à huile qui pendait à la proue de l'embarcation. De vagues monticules sombres de chaque côté indiquaient les contours des rives tandis que des poches de lumière signalaient de loin en loin quelques habitations paysannes.
    Ivatt était perdu dans ses pensées, convaincu que le navire marchand était l'un des bateaux de Samuel White. Si quelque action ignoble n'avait pas été envisagée, pourquoi personne n'était-il venu l'informer de l'arrivée du bateau ? Pourtant, une poignée d'hommes armés sur des chaloupes ne pouvaient guère s'attendre à écraser les forces d'Ali Beague à terre. Que préparaient-ils ? Ali Beague avait beau ne pas posséder la plus grande marine du golfe, il disposait à terre d'une puissante armée commandée par d'intrépides Rajputs, les guerriers héréditaires du sous-continent. Le pouls d'Ivatt s'accéléra. Les hommes de White n'envisageaient tout de même pas d'attaquer La Nouvelle-Jérusalem, un vaisseau qui bénéficiait de la protection de la Compagnie anglaise des Indes orientales !
    Un rai de lumière argentée illumina brusquement les traits angoissés des rameurs et les vagues contours de la rive prirent une forme plus distincte. Une lune opaque s'était levée derrière un nuage, perçant l'obscurité et faisant luire le fleuve à travers la brume. Soudain, un cri brisa le silence et fut suivi d'un autre quelques secondes plus tard. Puis on entendit un coup de feu. Dans le silence inquiétant qui s'ensuivit, la lune se cacha de

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