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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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fut suivi par trois serviteurs, le maximum que l'embarcation pouvait transporter. Le reste du groupe resta à terre avec le palanquin.
    Ils ramèrent en silence à travers l'obscurité. Ivatt avait emprunté un morceau de tissu à un des serviteurs qui étaient restés derrière et se l'était enroulé autour de la tête. Dans l'obscurité, on ne pouvait pas le distinguer du reste de l'équipage. La masse sombre du navire grandissait devant leurs yeux.
    « Halte ! Qui va là ?
    — Une délégation du seigneur Demarcora, dit le mandarin. Nous demandons la permission de monter à bord.
    — Restez où vous êtes. »
    Le garde disparut. Quelques instants plus tard, un officier revint.
    « Qui est le chef de cette délégation ? demanda-t-il.
    — Je suis l'aide principal de Son Excellence le seigneur Demarcora, répondit le mandarin. Je souhaite parler au capitaine Coates.
    — Qui sont les autres hommes ?
    — Mes serviteurs. Ils m'accompagnent partout où je vais.
    — Ils devront attendre dans la barque. Ils ne peuvent pas monter à bord.
    — Dans ce cas, votre capitaine devra me rencontrer sur le pont pour que mes hommes puissent me voir. »
    L'officier hésita. « D'accord, mais ce ne sera pas très intime pour parler.
    — Je n'ai pas besoin d'intimité pour ce que j'ai à dire. De plus, mes serviteurs ne comprennent pas l'anglais.
    — D'accord, montez à bord. »
    L'embarcation vint se ranger contre le flanc du
    navire tandis qu'Ivatt se blottissait dans l'ombre et que son cœur battait à tout rompre. Le Birman empoigna à deux mains l'échelle de corde et grimpa sur le pont.
    10
    Les barques d'apparat brillant de tout l'éclat de leurs dorures, leur haute proue épousant la forme du serpent naga et celle de l'oiseau garuda, remontaient en un immense cortège l'estuaire du Fleuve des Rois vers le port de Bangkok, situé à quelque douze milles en amont. Des équipages de quatre-vingts rameurs, tout d'écarlate vêtus, propulsaient les embarcations effilées par rangées de deux, en parfait unisson avec la cadence donnée par leur chef. Il n'y avait pas de retardataire dans des occasions solennelles comme celles-ci, car la punition était sévère. Le fautif se voyait rafraîchir la mémoire d'un coup d'épée tranchante sur le sommet du crâne. Mais c'était un hon-neur héréditaire que de ramer sur une barque royale, et rares étaient ceux qui manquaient à la discipline.
    Le contingent français au grand complet — ambassadeurs, prêtres, valets, ingénieurs, artisans, et plusieurs centaines de soldats — avait été transbordé des navires sur les somptueuses barques au moyen de pirogues à l'embouchure du fleuve, à Paknam. Un équipage restreint était resté à bord des vaisseaux français, car les Siamois avaient assuré au général Desfarges que les léviathans français étaient d'un trop gros tonnage pour pouvoir passer la barre et remonter la rivière.
    La barque la plus imposante et la plus décorée, une des barques personnelles du roi, transportait l'ambassadeur La Loubère, qui nota avec quelque satisfaction qu'elle était réservée à lui seul. Il était installé sur une estrade centrale en forme de trône et entouré d'esclaves prosternés. L'estrade était surmontée d'un dais et bordée de rideaux de soie qui avaient été tirés pour lui permettre de jouir de la vue. On avait l'impression que la population tout entière s'était rassemblée au bord du fleuve. Les deux rives étaient bordées de Siamois prosternés, le visage enfoui dans la poussière.
    De temps en temps, il se retournait pour lancer un coup d'œil aux deux barques qui transportaient Cébéret et Desfarges. Elles étaient plus petites, leur estrade moins élevée que la sienne et leurs esclaves moins nombreux. Derrière eux, des dizaines de barques plus petites, par rangées de deux et mues chacune par une douzaine de rameurs, transportaient le reste des Français, qui, malades ou bien portants, étaient tous immensément soulagés de mettre pied à terre. L'ambassadeur nota que plus on descendait vers la queue du cortège, moins les rameurs étaient bien habillés. Le protocole était décidément rigide dans ce pays, et cette réception, il devait l'admettre, était irréprochable même selon les critères rigoureux de Versailles.
    On comprenait mieux pourquoi Tachard avait tant insisté sur le protocole qui serait exigé d'eux. La Loubère avait d'abord protesté à l'idée de laisser les Français se

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