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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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trouvait une lettre écrite sur du papier de riz brun parcheminé. De chaque côté du piédestal, deux tables basses rondes croulaient sous une profusion de cadeaux emballés dans des feuilles de bananier dorées à la feuille. Tout autour de la cour s'élevaient les murs de brique du fort.
    Les porteurs déposèrent les dignitaires français de l'autre côté du piédestal, face aux mandarins, et partirent sans bruit, emportant leur chaise. La Loubère, debout, regarda les dignitaires à plat ventre et se demanda s'il devait en faire autant. Avant qu'il ait eu le temps de se décider, une silhouette derrière lui s'approcha. C'était Tachard, visiblement hors d'haleine.
    « Votre Excellence, vous devez vous prosterner devant la lettre ! dit-il, haletant. Tout retard est une offense envers les Siamois. Ce sont les plus grands mandarins du royaume.
    — Pourquoi aucun d'entre eux n'est-il donc venu nous accueillir ? demanda La Loubère d'un ton indigné.
    — Parce que leur premier devoir est de s'incliner devant la lettre royale. Leur priorité va à leur roi.
    — Où diable se trouve Phaulkon ?
    — Je ne sais pas, Excellence. S'il vous plaît, prosternez-vous, je vous en supplie ! »
    A contrecœur, La Loubère prit position à quatre pattes devant le piédestal. Desfarges, grommelant sous l'effort, se joignit à lui, et Cébéret à son côté l'imita. La Loubère fit signe au prêtre : « Vous feriez mieux de vous mettre à côté de moi, mon Père. Vous semblez être le seul à qui ce protocole soit familier. »
    Lentement, rangée par rangée, les soldats français tombèrent à plat ventre derrière leur général, les officiers remplissant la cour intérieure et les hommes se répandant sur les quais. En quelques instants, l'armée française au grand complet était prosternée devant la lettre sur son piédestal.
    Quand il n'y eut plus un seul Français debout, on entendit une sonnerie de trompettes et de conques, et le rideau à l'autre extrémité de la cour s'ouvrit. Un Européen en habit siamois sortit et se mit à avancer lentement entre les rangées de mandarins prosternés dans la direction du piédestal. La Loubère lui lança un regard furtif. Son beau visage était hâlé par le soleil et ses yeux noisette avaient un éclat presque fiévreux. Il était manifestement en habit de cérémonie : veste en brocart de soie à larges manches trois-quarts et panung en lamé d'argent enroulé autour de la taille et entre les jambes. Sa tête était couverte d'un chapeau conique et pointu cerclé de trois anneaux d'or, et ses pieds étaient chaussés de babouches à bout recourbé. Les doigts de ses deux mains étincelaient de bagues. Il marchait lentement, regardant droit devant lui par-dessus les têtes de l'armée française prosternée. Il n'abaissa pas son regard avant d'avoir atteint le piédestal. A cet instant, le regard de La Loubère croisa le sien et le Français fut glacé sur place. Il était certain d'avoir détecté un air de triomphe dans les yeux du Barcalon.
    Phaulkon prit position derrière le piédestal avec une dignité étudiée. Il était de taille moyenne mais assez grand pour que sa tête fût au-dessus de la lettre. Il n'était éloigné de l'ambassadeur que de dix pieds.
    La Loubère fut pris d'un soupçon croissant. « Pourquoi n'est-il pas prosterné comme le reste d'entre nous ? chuchota-t-il en se tournant vers Tachard. Vous m'avez dit que personne ne peut rester debout en présence de la parole royale. »
    Le prêtre lança un regard nerveux à l'ambassadeur. « Je suis sûr qu'il va s'incliner d'un moment à l'autre, Votre Excellence.
    — Alors je ne m'inclinerai que lorsqu'il le fera, affirma La Loubère qui commença à se relever.
    — Je vous en prie, Excellence ! » implora Tachard en tirant sur son manteau pour l'en empêcher. « Le protocole est des plus importants ici. Le Premier ministre ne peut même pas vous accueillir si vous ne rendez pas hommage à la parole du roi. »
    La Loubère hésita. « Je croyais que vous m'aviez dit que la lettre serait gravée sur une feuille d'or.
    — D'habitude elle l'est, Excellence. Peut-être n'en est-il pas ainsi dans le cas d'ambassadeurs. Je n'en suis pas certain. S'il vous plaît, soyez patient ! »
    La Loubère n'avait pas l'air convaincu. « S'il ne se prosterne pas immédiatement, je me lève », mur-mura-t-il en colère.
    Le cœur de Tachard battit plus vite tandis que Phaulkon contemplait encore un instant

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