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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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frémit le moine dans un frisson de tout son être.
    – Elle est à vous ! Emmenez-la, marquis. Je vous la donne. Et quant au rival, l’homme exécré, voici pour le tuer !…
    La reine tendit au moine un papier plié en quatre.
    – La lettre d’Alice ! rugit Panigarola en saisissant le papier. Ah ! je comprends ! Ah ! vous êtes grande et terrible !… Oui… je n’avais pas prévu une telle vengeance !… Oui, il l’aime, il l’adore, et cette lettre peut le tuer plus sûrement qu’une balle au cœur ! Merci, madame, merci !
    – Ainsi, nous sommes d’accord ?… Vous montrez la lettre à Marillac ?…
    – Oui, oui !…
    – Vous la lui faites lire ?
    – Oui, oui !…
    – Et alors, vous emmenez Alice. Ce sera à vous de la consoler… elle ne demande qu’à vous croire… je l’ai interrogée, marquis… soyez sûr qu’elle ne vous hait pas ! Une voiture vous attend… Vous l’avez vue, je pense ?
    – Mais lui ! lui ! Il va donc venir ici ?…
    – Il va arriver…
    – En même temps qu’elle !… Pourquoi, madame ? Pourquoi ?
    – Il va venir. Là est l’essentiel. Et si malgré la lettre, il veut garder Alice pour lui ? S’il la veut infâme et couverte d’opprobre comme vous allez la lui montrer ? Si son amour survit à cette révélation, comme votre amour, à vous, a survécu à ses trahisons ?…
    – Madame ! madame ! râla le moine.
    Il frissonnait. Il grelottait de fièvre.
    – Il faut tout prévoir, poursuivit Catherine d’une voix effroyablement calme. Si Marillac vous dispute Alice…
    D’un geste violent, le moine écarta sa robe.
    Sous cette robe, il apparut vêtu en gentilhomme, d’un costume d’une rare magnificence. Il apparut tel qu’il était jadis, l’élégant marquis au pourpoint de soie, à la collerette de dentelles précieuses, une chaîne d’or au cou, une forte dague à la ceinture.
    Farouche, il tira la lame courte, épaisse, trapue, et d’une voix sifflante, haleta :
    – Voilà qui décidera !
    q

Chapitre 19 LES FIANCES
    P anigarola referma sa robe, rabattit son capuchon et s’agenouilla… Catherine le contempla un instant avec un sourire aigu. Puis elle se dirigea vers la porte par laquelle était entré le moine.
    Il était à ce moment près de minuit.
    Elle entendit le roulement d’un carrosse et ouvrit elle-même. Le carrosse s’arrêta. Trois femmes en descendirent. L’une d’elles était Alice de Lux, pâle, vêtue de blanc. Elle eut comme une hésitation, puis entra. Les deux autres femmes remontèrent alors dans le carrosse, qui s’éloigna aussitôt.
    L’espionne, en pénétrant dans l’église, demeura un instant palpitante, interrogeant les ténèbres que les quatre flambeaux du maître-autel, là-bas, tout au loin, trouaient de leurs lumières blafardes.
    Mais une main saisit sa main ; une voix murmura à son oreille :
    – Mon enfant, vous voilà donc !…
    Alice reconnut alors la reine. La sourde inquiétude qui l’avait saisie se dissipa.
    – Vous le cherchez, n’est-ce pas ? reprit Catherine. Patience… il va venir…
    – Comme vous êtes bonne, madame !… Comment prouver ma gratitude à Votre Majesté ?
    – As-tu vu la voiture qui doit vous emmener ?…
    – Je n’ai pas remarqué, madame… Mais je ne vois pas… le prêtre… Quoi ! personne dans cette église ?…
    – Patience, te dis-je !… Oh ! qu’as-tu donc à frissonner ?
    – Madame… ces murmures… là-bas, au fond de l’église…
    – Le vent qui fait grincer les portes…
    – Voici minuit qui sonne, madame.
    – Oui… Et voici ton fiancé, dit la reine.
    En effet, comme le premier coup de minuit résonnait, le signal fut frappé à la porte, du dehors.
    Alice palpitante allongea le bras pour ouvrir.
    La reine retint ce bras, d’un geste rude.
    – C’est moi qui ouvre ! gronda-t-elle.
    Alice demeura toute saisie. Ce vertige d’intuitive horreur, qui parfois s’emparait d’elle en présence de la reine, elle l’éprouva brusquement. Et de fait, c’était étrange que la reine fût postée à cette entrée de l’église, qu’elle n’eût pas commis le soin d’ouvrir à quelque domestique ; qu’elle-même, de ses mains royales, s’occupât à cette besogne de pousser et de repousser des verroux [20] .
    Elle apparut à la malheureuse affolée comme une horrible araignée embusquée au centre de la toile qu’elle avait tendue.
    « Ce n’est pas Marillac ! » songea-t-elle, éperdue.
    Elle se

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