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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tranquillement au feu et elle ouvrit la sacoche. Ses yeux jetèrent un double éclair, sa bouche édentée grimaça un sourire :
    La sacoche contenait tous les bijoux d’Alice – toute sa fortune !
    Il y avait un beau collier de perles, des agrafes en diamant, une douzaine de bagues toutes ornées de pierres précieuses, émeraudes, rubis, saphirs puis encore deux autres colliers, dont l’un en diamants, enfin une trentaine de rouleaux d’écus d’or.
    – Il y a bien là pour trois cent mille livres de bijoux et d’or, murmura la vieille, toute pâle. Avec ce que m’a remis la reine…
    Un coup violent retentit au dehors.
    Laura, d’un souffle, éteignit le flambeau qui l’éclairait et, dégainant un poignard, elle se posta derrière la porte. Ses yeux, dans l’ombre, luisaient comme des yeux de fauve.
    – Qu’elle entre ! gronda-t-elle. Tant pis, je la tue ! J’en ai assez ! La reine m’a dit que tout serait fini cette nuit !
    Elle attendit, collée au mur, le poignard solidement emmanché à sa main.
    Le même coup violent se renouvela, et un long gémissement traversa la maison.
    Laura, alors, respira :
    – Suis-je sotte ! C’est ce contrevent qui vient de se rabattre… Quel temps il fait !… Eh ! eh ! beau temps pour un mariage !
    Alors, à la hâte, elle empila dans la sacoche les bijoux et les rouleaux d’or qu’elle en avait extraits. Elle courut à sa propre chambre, revint avec un petit sac.
    – Quarante mille livres ! murmura-t-elle avec une moue de dédain. Voilà ce que me donne la grande Catherine pour tant de bons et loyaux services. C’est maigre. Heureusement, je me rattrape !
    Elle engouffra les quarante mille livres dans la sacoche qu’elle referma solidement.
    Puis elle jeta un manteau sur ses épaules, sortit, ferma la porte du jardin, et jeta la clef par-dessus le mur et s’éloigna aussi rapidement que le lui permettait le poids de sa sacoche.
    Une ombre se détacha d’une encoignure voisine et se mit à la suivre.
    Il était alors neuf heures et demie.
    Les rues étaient désertes et noires ; des nuages bas passaient en courant au-dessus des toits aigus ; le couvre-feu avait sonné ; les auberges et hôtelleries étaient fermées…
    Laura ne s’apercevait pas qu’elle était suivie.
    Laura avait peur. Sous son manteau, elle serrait nerveusement la précieuse sacoche. Elle allait au hasard, connaissant assez peu Paris, d’ailleurs : depuis l’époque où elle y était venue, elle n’avait guère quitté la rue de la Hache.
    Enfin, elle se trouva complètement égarée ; et la principale raison qu’elle eut de ne pas regagner la maison qu’elle venait de quitter fut qu’elle n’eût su retrouver son chemin, et qu’il n’y avait personne dans les rues à qui le demander.
    Pourtant, par moments, elle entrevoyait des ombres qui se mouvaient autour d’elle. Elle entendait des chuchotements. Peut-être l’homme qui la suivait parlait-il à ces gens… Peut-être… car, à diverses reprises, les ombres qui avaient paru vouloir l’arrêter, s’écartèrent.
    Alors elle frissonnait de terreur et hâtait le pas… Elle se remémorait à elle-même des histoires de passants attaqués et dévalisés la nuit par des truands.
    – Insensée que j’ai été ! grondait-elle, de quitter la maison avant le jour, puisque Alice ne doit plus y revenir !… Oui, mais si la reine m’avait menti !… Si elle était revenue !… Non, non, j’ai bien fait !
    Et ses doigts s’incrustaient sur la sacoche.
    A un moment, elle s’arrêta haletante : elle se trouvait dans une rue étroite et venait d’apercevoir un peu de lumière filtrant entre les jointures d’une porte : l’homme qui la suivait s’arrêta à trois pas d’elle.
    – Oh ! si c’était une auberge ! murmura-t-elle, les dents serrées par la terreur et l’angoisse.
    Un large éclair déchira l’obscurité, inonda la rue d’une lumière livide. Et à cette lueur, Laura entrevit une enseigne qui se balançait au-dessus de la porte en grinçant au vent.
    L’enseigne représentait deux morts [21] attablés, buvant et causant.
    – C’est une auberge ! gronda-t-elle.
    Et elle s’élança vers la porte.
    A cet instant, elle se sentit saisie par deux bras vigoureux et renversée sur la chaussée, tandis qu’une main rude s’appuyait sur sa bouche pour l’empêcher de crier.
    Laura était vigoureuse. Elle se raidit dans un désespoir furieux.
    – Diable ! diable ! grommela une

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