L'épopée des Gaulois
pression sur les Helvètes et se préparait à présent pour une expédition de plus grande envergure. Ayant massé ses troupes sur deux fronts aux bords du Rhin, au nord vers le pays des Trévires 160 et au sud face aux Séquanes, il les fit franchir en même temps, espérant ainsi opérer une percée qui lui permettrait d’atteindre rapidement, d’un côté ou de l’autre, le centre de la Gaule. Mais César, qui savait à quoi s’en tenir au sujet d’Arioviste, qu’il connaissait d’ailleurs très bien et qu’il avait reçu en ami à Rome quelques années auparavant, le prit de vitesse. Le proconsul envoya immédiatement ses meilleurs légionnaires contre les Suèves qui envahissaient le pays des Séquanes. Les Germains furent vaincus et refoulés, et Arioviste eut juste le temps de s’enfuir de l’autre côté du Rhin. Les Gaulois furent ainsi délivrés du danger représenté par les Germains, mais le prix à payer commença à les inquiéter sérieusement.
Car sous couvert de protéger les Gaulois, César en avait profité pour s’installer solidement chez les Séquanes et sur les frontières de ce que l’on appelait la Gaule belgique 161 . Et cela n’était pas du goût des peuples belges, très attachés à leur indépendance. Une puissante confédération de ces peuples s’organisa sous l’impulsion des Bellovaques et des Suessions. Ils réussirent à entraîner dans leur coalition les Atrébates, les Ambiani, les Viromandui, les Morins, les Caletes et quelques autres, dont les redoutables Éburons 162 . Par contre, les Rémi 163 , que le voisinage des légions romaines rendait très prudents, refusèrent d’y participer, préférant conclure un traité d’amitié avec César.
Quand le proconsul apprit ce que tramaient les Belges, il commença à faire ses préparatifs pour une guerre de conquête et il associa même à ses légionnaires une importante troupe d’Éduens. Au moment où les confédérés assiégeaient Bibrax, la principale forteresse des Rémi, il dégagea la ville et anéantit l’armée belge. Puis, profitant de son avantage, il se précipita chez les Suessions qu’il obligea à capituler. Enfin, il s’attaqua aux Bellovaques qui, malgré leur courage et leur ténacité, furent également défaits et demandèrent la paix. Les Romains étaient de mieux en mieux implantés dans le centre de la Gaule belgique, contrôlant toutes les voies de communication entre le littoral et le Rhin. Mais ce fut alors qu’intervinrent les Nerviens et les Atuatuques 164 .
Les Nerviens qui, pendant ce temps-là, avaient regroupé toutes leurs troupes, se joignirent aux Atrébates et aux Viromandui 165 , et se retranchèrent solidement sur les bords de la Sambre. Leur chef était Boduognatos qui se montra alors un remarquable tacticien, s’ingéniant à égarer les Romains au milieu de zones marécageuses où ils constituaient une proie facile pour des hommes connaissant parfaitement le pays. Il s’en fallut de bien peu pour que César n’ordonnât la retraite sur des positions plus sûres mais, jouant le tout pour le tout, le proconsul accula ses adversaires à réclamer la paix. Les Nerviens se soumirent, mais les Atuatuques, qui arrivaient à la rescousse, résistèrent encore longtemps avant de demander la paix. César dicta ses conditions aux vaincus. Ce fut alors qu’il fit élire roi des Atrébates et des Morins un homme du nom de Commios, de nation atrébate, qu’il savait habile et courageux et qu’il considérait plus comme un allié intelligent mais intransigeant et parfois rebelle qu’un simple collaborateur profitant des circonstances pour donner libre cours à ses ambitions.
La défaite des Belges plongea les autres peuples de la Gaule dans le plus complet désarroi, et bientôt la frayeur provoquée par les légions romaines se propagea dans toutes les régions. Ce fut dans ces circonstances que Labiénus, un des lieutenants de César, avec une seule légion, gagna l’extrémité la plus occidentale de la Gaule, la pointe d’Armorique. En quelques semaines et presque sans combats, Labiénus obtint, sinon la soumission, du moins la neutralité de tous les peuples de la Gaule celtique. Et César lui-même établit ses quartiers d’hiver chez les Andegavi, les Turones et les Carnutes 166 , les bords de la Loire, endroits privilégiés où il pouvait surveiller tout ce qui se passait en Gaule et d’où il pouvait faire partir des troupes dans toutes les directions en
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