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Les 186 marches

Titel: Les 186 marches Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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bataille de Kouban, avait été forcé d’atterrir sur le territoire occupé par l’ennemi. Il avait essayé de rejoindre les lignes russes mais fut blessé et fait prisonnier. Il était passé, lui aussi, par une multitude de camps de prisonniers, s’était évadé, avait rejoint les partisans en Tchécoslovaquie, mais fut repris par les hitlériens. Condamné à mort, il avait été envoyé dans le fameux « Isolierblock » de Mauthausen.
    – Nous connaissons à présent sept survivants de cette épopée. Grâce à eux nous savons les noms de certains chefs et organisateurs de cette révolte extraordinaire. Le capitaine aviateur Vladimir Shepetia avait vécu six mois dans le block de la mort où il avait vu mourir plusieurs de ses amis. Actuellement, il est employé dans une entreprise de construction à Poltava. Le lieutenant Alexandre Milheenko, passé par le même block, est maintenant un kolkhosien dans le district de Smolensk. Les lieutenants Ivan Baklanov et Vladimir Sosedko ont pu également sauver leur vie et, enfin, le jeune Ivan Serjuk, le « Petit renard », jeté dans le block ae ia mort pour sa curiosité, est lui aussi un heureux survivant ! Il est ouvrier électricien dans une mine de Donbass. Grâce à ces hommes nous savons maintenant ce qui s’est passé dans ce block plein de mystère à Mauthausen. Et ce fut si tragique et en même temps si plein d’héroïsme que cela constitue un exploit merveilleux de la part des Soviétiques dans leur lutte contre les fascistes.
    – Que se passait-il derrière ce mur mystérieux, qui étaient ces hommes, comment ont-ils conçu leur projet audacieux, comment l’ont-ils réalisé ? Les hitlériens envoyaient dans le block 20 tous ceux qu’ils considéraient comme « incorrigibles » : prisonniers récidivistes de l’évasion, hommes convaincus d’actes de sabotage dans leur travail ou de propagande antihitlérienne. Ils étaient presque tous des Soviétiques. Il y avait parmi eux beaucoup d’aviateurs, officiers supérieurs devenus les inspirateurs et organisateurs de la révolte. Nous en connaissons quelques-uns : le lieutenant-colonel Nicolas Ivanovitch Vlasov, homme jeune, dynamique, au physique de héros de légende russe, grand, de puissante carrure, cheveux châtains et yeux bleus. Lorsqu’il fut fait prisonnier, il fut enfermé dans le camp de Wurzburg avec des généraux et ses geôliers le traitèrent avec des égards qui l’étonnèrent : il fut autorisé à garder ses décorations. Mais très vite il comprit les raisons de ces prévenances : la Gestapo désirait l’attirer dans cette fameuse « armée de libération russe » du général félon Vlasov. Nicolas refusa de trahir son pays et les hitlériens décidèrent de le supprimer. Il fut condamné à mort et envoyé au block 20.
    – Un autre officier, le colonel Alexandre Philippo-vitch Isupov, aviateur également, abattu dans la bataille d’Odessa en mars 1944, résista de la même façon aux tentatives des hitlériens. Un jour, les officiers prisonniers du camp de Lanzmanstadt, où séjournait Isupov, furent réunis dans un meeting où un traître de l’armée de Vlasov leur affirma que la victoire de l’Allemagne était inéluctable. A la fin de son discours, les Allemands demandèrent à nos officiers de se prononcer sur ce problème et s’adressèrent tout d’abord à Alexandre Isupov. A leur grande surprise, le colonel accepta. « Je ne suis pas d’accord avec ce monsieur », dit-il avec mépris et aversion pour le traître. Et en contestant tous les arguments de l’orateur, il affirma que la victoire était proche et que l’Allemagne allait à la défaite : « Les hitlériens nous promettent la liberté, dit-il. Quelle est donc cette liberté ? Nous n’avons qu’à voir ce qu’ils ont fait en Pologne, comment ils ont traité la population de nos régions sous leur occupation, ce qu’ils ont pillé près de Leningrad et ailleurs… Pillage et esclavage, voilà notre liberté ! » Il disait ouvertement sa haine aux hitlériens et à l’homme de Vlasov et il appelait ses compagnons à la lutte dans le camp même. Le meeting fut interrompu. L’homme de Vlasov se retira et les Allemands ne pardonnèrent pas à Isupov son éclat. Son compte était réglé : quelques jours plus tard, on lui mit des menottes et on l’emmena en voiture vers une destination inconnue. Ses compagnons étaient persuadés qu’il serait passé par les armes… mais

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