Les 186 marches
et d’une chemise seulement, ils durent se mettre en rangs devant les locaux de la section politique dans la cour. Ils durent y rester quelques heures jusqu’au moment où le commandant du camp et l’ObersturmführeF Schulz arrivèrent et proférèrent des menaces à leur adresse. Aucun d’entre eux ne fut frappé par des kapos. Ensuite, les quarante-neuf ne furent pas placés dans un block, mais dans le bâtiment des cellules, probablement chacun dans une cellule. Dans la matinée du 6 septembre, une partie de ces détenus se rendit au travail avec le kommando de travail « Wienergraben ». Entre 8 et 9 heures du matin eut lieu une fusillade sauvage, d’une intensité que l’on n’avait jamais connue jusqu’alors. Des fusils, des mitraillettes et des mitrailleuses tiraient. Les balles sifflaient à tel point que les détenus et les S. S. se jetèrent par terre. Une balle traversa la paroi d’une baraque et atteignit au ventre le détenu allemand Gäbler qui s’y trouvait. Gäbler fut opéré à temps et eut la vie sauve. Toutefois, il est resté invalide et marche clopin-clopant. Cette fusillade sauvage visait les détenus qui étaient allés au travail et devaient porter des pierres. Ils furent tous abattus (1).
(1)– Les hurlements des assassins, les cris de douleur, les râles d’agonie des victimes nous parvenaient parfois et nous faisions des vœux pour que rapidement cesse cette tuerie. Nous savions qu’ils allaient tous mourir, rien ne pouvait les sauver, comme hélas beaucoup d’autres avant eux. Aussi nous savions que leur mort serait leur délivrance.
– Remontant le soir, de la carrière, je vis que sur l’escalier et le chemin qui mènent au camp, s’étalaient de larges flaques de sang et des débris humains. J’ai failli marcher sur un morceau de mâchoire où adhéraient encore quelques dents.
– Vingt et un cadavres, affreusement mutilés, jalonnaient la route, les vingt-six martyrs restant tous plus ou moins grièvement blessés, laissés sans soin, passèrent une nouvelle nuit au bunker et furent achevés dans les mêmes conditions, mais plus rapidement, le lendemain matin. Les S. S. et les kapos étaient sans doute « fatigués » ou alors devaient être rapidement disponibles pour d’autres massacres.
– Le lendemain 7 septembre, la deuxième partie des quarante-neuf détenus se rendit au travail avec le même kommando. Déjà au début du travail, les S. S. de la section politique et ceux des autres kommandos déclarèrent qu’une agréable partie de chasse au « lièvre » allait avoir lieu. Personne ne travailla. Tous sortirent et se rendirent sur de petits monticules pour assister à la « farce ». Entre 8 et 9 heures commença la fusillade, encore plus sauvage que celle de la veille. D’après la résonance, de nombreuses balles tombèrent à des endroits où, normalement, ni les détenus, ni le kommando de garde ne pouvaient se trouver. Ces balles provenaient manifestement de S. S. qui pé participaient pas à l’action mais qui, de leur poste, s’exerçaient à tirer. Les détenus restants furent donc abattus.
– Tout comme dans les autres cas, l’enquête commença. Le Hauptsturmführer Bachmayer qui, en sa qualité de chef du Schutzhaftlager, n’avait rien à voir avec les kommandos de travail, transmit à la section politique un rapport signé de sa main au sujet de la fusillade. Dans ce rapport, on lisait que les quarante-neuf détenus fusillés, tant ceux qui furent abattus le 6 septembre que ceux qui le furent le 7, jetèrent, au signal donné par l’un d’entre eux, les pierres qu’ils portaient et crièrent en chœur : « Nous ne travaillerons pas pour l’Allemagne » et alors, coururent vers les barrages pour prendre la fuite. L’irréalité de cet exposé s’explique par le fait que ces détenus avaient été mis en cellules au « Zellenbau » et ainsi n’avaient pas eu la possibilité de se concerter. L’en quête fut entreprise par le Unterscharführer Krüger et le tribunal des S. S. n’entama pas la procédure d’enquête. Sont responsables de ce massacre : Bachmayer et le Hauptscharführer Spatzenecker, chef de kommando de travail de « Wienergraben » qui, en outre, porte la responsabilité principale des autres massacres nombreux qui eurent lieu. Parmi les autres responsables, je ne connais que le kapo Zaremba, un criminel professionnel.
– Lorsqu’on détruisit plus tard tous les dossiers de la
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