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Les 186 marches

Titel: Les 186 marches Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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soumis. Mais, parmi les détenus, un kapo du nom de Ballasch, criminel professionnel autrichien, porte une grosse part des responsabilités. Depuis la création du camp, on a volé des objets valant non des milliers de marks mais des millions de marks. Nous citerons brièvement deux exemples pour illustrer notre rapport. Le, président d’un État baltique se trouva un jour parmi les arrivants. Toutes ses dents de devant étaient en or ou portaient des couronnes en or. Pour ce fait uniquement, on lui donna un coup sur la bouche, les dents tombèrent ou il les cracha. Cette circonstance lui sauva la vie car, dès lors, il ne valait plus la peine qu’on le frappe comme souvent cela se faisait immédiatement à l’arrivée. Il s’appelait Simones et fut transféré, plus tard, au camp de concentration de Buchenwald.
    – Dar s un deuxième cas, un transport de Hongrois venait d’arriver à la section politique. La « jalousie » était telle à l’époque des transports venant de Hongrie, qu’elle empêchait tout repos pour les Unterführer de la section politique. Ils ordonnèrent de piller, ouvertement, les bagages et de ne plus « organiser » comme auparavant. La chose fut simple. Les détenus furent envoyés de la cour dans la baraque de la section politique, ils durent y déposer leurs bagages et furent appelés, l’un après l’autre, dans les locaux de la section où l’on prit les renseignements relatifs à leur personne. Vu l’agitation générale qui y régnait, ils ne fùrent pas battus. Lorsque les renseignements furent pris, les détenus durent se mettre en rangs dans la cour, devant la baraque, ils durent attendre jusqu’à la fin des formalités d’inscription. Ensuite, ils furent conduits ensemble au camp tandis que leurs bagages restaient dans la baraque. Les S. S. chargèrent les détenus de transporter les bagages dans les locaux de service. Là, en présence des détenus, sans le moindre scrupule, les bagages furent ouverts et pillés. On en retira des bouteilles de cognac (trois étoiles), des cigares, des cigarettes, du jambon, du saucisson, du fromage, du sucre, et surtout de très beaux vêtements. Les détenus de la section politique reçurent une petite partie de ce butin : de la viande, du saucisson, etc. Le cognac et les vêtements restèrent, naturellement, aux mains des S. S. Plus tard, les Unterführer de la section politique discutèrent entre eux du résultat du pillage et se réjouirent de voir ce que penseraient leurs camarades du dépôt des vêtements. Ils regrettèrent d’avoir oublié d’enlever les montres et les portefeuilles.
    – La monnaie du camp était la cigarette. C’était aussi pour les objets de valeur, le Slibowitz. Le Slibowitz était un genre d’alcool, il valait 300 à 500 cigarettes le litre. On pouvait parfois l’obtenir avec de l’argent. On paya quelquefois 1 000 RM le litre. La majeure partie des objets enlevés aux arrivants passait des S. S. aux mains de la population extérieure. Il y avait deux voies de passage :
    – La première voie, la voie directe si l’on peut dire, était la suivante : un membre des S. S. de la chambre des vêtements, qui s’était approprié ces objets lors de l’arrivée des transports, les transmettait directement à un S. S. de la cuisine, soit pour obtenir du sucre ou du saucisson ou du beurre.
    – La seconde voie, plus courante, était la suivante : les détenus de la chambre des vêtements gardaient tout d’abord les objets pour eux après les avoir volés. D’autres détenus les abordaient en disant : j’ai besoin d’un bracelet montre, de savon, d’un manteau de dame, d’un costume, etc. Si l’on tombait d’accord sur le prix, l’intéressé recevait ce qu’il désirait. Les objets passaient alors dans d’autres mains. Un détenu, qui était occupé au kommando de travail de la section politique, recevait l’ordre d’un des S. S. de lui procurer une montre en argent ou en or. Le S. S. recevait ce qu’il désirait. Ses besoins étaient vite satisfaits. Il échangeait alors l’objet contre des vivres : du lard, du beurre, des œufs et de l’alcool.
    – Une troisième voie de sortie de marchandises était la suivante : les objets arrivaient aux mains de kapos qui travaillaient avec leur kommando en dehors du camp et qui, de ce fait, étaient en contact direct avec la population civile. Il est évident qu’un échange ne pouvait avoir lieu qu’avec l’assentiment du S.

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