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Les 186 marches

Titel: Les 186 marches Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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en cas de refus. Les Unterführer occupés dans la « section politique » agirent souvent ainsi. Ils envoyaient un détenu chez Bagadur pour y chercher des cigarettes. En règle générale, ils payaient ces cigarettes 4 RM le cent, si la cigarette coûtait 4 Pf.
    – Les détenus devaient payer 10 à 20 Pf. pour une cigarette à la cantine des détenus ; mais ils ne pouvaient obtenir des cigarettes que s’ils achetaient d’autres articles en même temps, par exemple : poudre de luxe, encre, etc. articles dont les détenus n’avaient pas besoin. Pour payer, les détenus donnaient des bons de primes (Prämienscheine). Ces bons constituaient leur salaire qui pouvait atteindre 50 Pf à 4 RM par semaine en cas de rendement suffisant. Étant donné la modicité de ces salaires, les détenus ne pouvaient acheter que peu à la cantine, tandis que les membres des S. S., sans se soucier de l’existence de leur propre cantine, achetaient ce qu’ils voulaient à la cantine des détenus.
    – De la section politique, un détenu devait se rendre tous les jours à la cuisine des détenus afin de brûler, dans le seul foyer à charbon existant au camp, le contenu des corbeilles à papier de toute la section politique. Ce détenu était surveillé par un S. S. Unterscharführer de la section politique qui était de service. Ainsi un jour, sous la surveillance de l’Unterscharführer Leeb, je portai les corbeilles à papier dans la cuisine des détenus. J’y brûlai le contenu de ces corbeilles. Leeb m’ordonna de rester dans une pièce attenante L la cuisine et discuta avec le chef cuisinier, un Oberscharführer. Leeb apporta alors un sac de cinq à sept kilos de sucre, ce sac fut mis dans la corbeille à papier vide.
    – Accompagné de Leeb, je dus passer par le service de contrôle avant de me rendre à l’entrée de la section politique. Je dus enfin transporter le sac en dehors du camp même. Leeb prit alors le sac. Si un des S. S. Unterscharführer avait eu l’idée de vérifier le contenu de la corbeille à papier, j’aurais dû dire que j’avais volé le sucre à la cuisine des détenus, pour moi-même. J’aurais alors probablement reçu vingt-cinq à cinquante coups de bâton et peut-être encore des peines supplémentaires. Si j’avais décrit fidèlement les faits et expliqué comment le sucre avait été réellement volé, cela aurait signifié la mort pour moi car j’aurais osé accuser « à tort » un S. S.
    – Si l’on veut juger avec équité, il faut se représenter le camp de concentration de Mauthausen comme un pur « Etat criminel ». Tous les S. S., à peu d’exceptions près, étaient des criminels et, parmi les détenus, se trouvaient des criminels professionnels dans toute l’acception du terme.
    – Le dépôt des vêtements était la clé du problème. C’est de ce dépôt que provenaient tous les effets que les S. S. passaient en dehors du camp, pour lesquels on donnait en contrepartie les choses les plus fines. En principe, tout nouvel arrivant était dépouillé. Dans le local des bains se trouvait une caisse ou un panier. Les nouveaux arrivants devaient y jeter, sans les marquer d’un signe distinctif, leur montre, leurs bijoux, leur argent, etc. C’est ainsi que l’on procéda du moins pour tous les Juifs. Les valises de vêtements et de vivres qui avaient grande valeur – surtout celles des Juifs hongrois – ne furent pas ouvertes mais passées, telles quelles, frauduleusement, hors du camp. Les vêtements étaient mis en tas et quiconque avait accès à la pièce y recherchait les vêtements qu’il désirait. Mais, on ne procéda pas ainsi vis-à-vis des Allemands comme lors de l’arrivée de certains transports. Pour ces derniers, les vêtements furent mis dans une corbeille à papier après avoir fait l’objet d’un relevé. Naturellement, des vêtements de valeur disparurent malgré cela et de nombreux détenus furent dépouillés de tout. Comme cas particulier, qu’il nous soit permis de mentionner un exemple. Je me vis ravir, en arrivant, mes meilleurs vêtements : nécessaire de voyage, deux pyjamas, trois chemises. Je revis mon nécessaire de toilette dans les mains de l’Untersturmführer Streitwieser et un de mes pyjamas servit de costume de plage à l’une des prostituées.
    – Le premier responsable de cet état de choses fut le chef du dépôt des vêtements, le S. S. Obersturmführer Eisenhofer ainsi que les Unterführer qui lui étaient

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