Les 4 vies de Steve Jobs
devenir cet objet d’usage universel. Jobs ne partage pas cette vision, comme il va s’en confier au Wall Street Journal :
« Nous avons eu une énorme pression pour créer un assistant personnel. Nous avons examiné la chose et dit : attendez un peu. 90 % des gens qui utilisent ces appareils désirent en tirer de l’information. Ils ne désirent pas nécessairement y insérer de l’information sur une base régulière. Or, c’est ce que vont faire les téléphones portables 139 . »
Dès 2002, peu après la sortie du premier iPod, Jobsa démarré une réflexion relative à un téléphone mobile d’un nouveau genre qui intégrerait un lecteur MP3 et l’accès à Internet. Toutefois, son penchant perfectionniste l’a amené à écarter cette cible : il n’existait pas suffisamment de facteurs de différence qui feraient d’un tel appareil un produit digne de l’iMac ou de l’iPod.
Si, deux années plus tard, son sentiment n’est plus le même, c’est en raison d’une percée technologique venue des laboratoires Apple : les interfaces multi-tactiles.
« Je vais vous dire un secret. Tout a commencé avec la tablette. J’ai eu cette idée que l’on pourrait se débarrasser du clavier et taper sur un écran tactile.
J’ai donc demandé à mes collègues : “Pourrions-nous concevoir un affichage multi-tactile sur lequel je puisse poser mes mains et taper ?” Six mois plus tard, ils m’ont appelé et m’ont montré un prototype d’écran. Je l’ai donné à quelques-uns de nos chercheurs les plus brillants en matière d’interface utilisateur. Quelques semaines plus tard, ils m’ont rappelé et m’ont montré le défilement des icônes et d’autres choses.
J’ai alors pensé : Mon Dieu, avec cela, nous pouvons bâtir un téléphone !
Nous avons donc mis le projet de la tablette sur une étagère car le téléphone apparaissait plus important 140 . »
Conscient d’avoir mis à nouveau le doigt sur une innovation digne du Walkman, Jobsenclenche le branle-bas de combat. À partir de ce moment, tout ce qui touche de près ou de loin à l’iPhone va être breveté.
Étrangement, à Paris, une filiale d’Apple créée en 2000 sous la direction d’un ancien responsable de NeXTSTEP , Jean-Marie Hullot, a longtemps eu pour ambition de développer un téléphone mobile pour Apple…
« À cette époque, les USA étaient très en retard sur l’Europe en termes de téléphonie mobile. L’approche de Jean-Marie Hullotétait donc que nous allions leur montrer quelles pouvaient être les interactions entre un Mac et un téléphone », confie Bertrand Guiheneuf, alors membre d’Apple.
Au début de l’année 2004, une équipe d’une vingtaine de personnes est secrètement montée en France par Guiheneufen vue de créer un équivalent d’iTunes pour les téléphones.
« Nous avons dû signer des documents de confidentialité extrêmes qui, en gros, pouvaient mener à la prison quiconque divulguait qu’Apple travaillait sur un téléphone », se rappelle l’ingénieur.
Toutefois, le projet français ne va pas voir le jour. Deux équipes américaines travaillent en parallèle sur un même projet et l’une des deux emporte l’affaire. L’équipe française est sommée d’arrêter ses recherches, séance tenante.
Ironiquement, c’est un autre Français, basé à Cupertino, qui est placé à la tête du développement du logiciel de l’iPhone, Henri Lamiraux. Cet ingénieur va superviser la réalisation d’un petit tour de force : concocter une version réduite de Mac OS X pour la téléphonie mobile…
En février 2005, Jobsrencontre secrètement Stan Sigman, du réseau de téléphonie mobile Cingular, afin d’exposer le plan d’Apple concernant l’iPhone. Avec en tête la technologie d’écran tactile développée par ses ingénieurs, il laisse entendre qu’il dispose d’un système « à des années-lumière de ce qui existe ». Sigman et ses sbires adhèrent au plan de Jobs.
Le téléphone mobile devient rapidement le projet majeur de la société. Dès l’automne 2005, 200 ingénieurs d’Apple y sont affectés. Plus que jamais, un secret absolu enveloppe sa réalisation. Les divisions qui travaillent sur l’iPhone sont séparées les unes des autres et ignorent ce que les autres réalisent. Certaines salles sont pourvues de voyants lumineux, interdisant l’accès aux personnes non désirées.
« Apple était complètement
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