Les 4 vies de Steve Jobs
leadership. Apple possède une avance certaine dans le domaine des interfaces graphiques. Mais tôt ou tard, toutes les technologies deviennent disponibles à tous les constructeurs. Les PC auront donc un jour une interface graphique… »
Sarcastique, Steve Jobslui coupe la parole : « Ce jour-là, nous serons tous morts ! »
La salle éclate de rire. Gatesattend que le bruit retombe et lance, l’œil espiègle : « Pas IBM ! »
Ce que Jobsne sait pas encore, c’est qu’il vient de faire l’une de ses dernières apparitions publiques en tant que représentant d’Apple. Au sein de la société de Cupertino, ses jours sont comptés…
Le 11 mai 1988, Jean-Louis Gasséeprend ses fonctions chez Apple en tant que directeur R&D et marketing du groupe. Trois jours plus tard, le Français assiste à une réunion houleuse concernant la division Macintosh, durant laquelle la discussion entre Sculleyet Jobstourne à la foire d’empoigne. Gassée rédige une note à l’intention de quelques cadres, dans laquelle il tente de tirer les aspects positifs de la situation 56 :
« La confrontation entre les membres du groupe était pour le moins franche. Je m’en accommode parfaitement. Une ligne de conduite claire est préférable. »
Il énonce alors une liste de problèmes non résolus concernant le Macintosh et met les points sur les « i » en proposant des solutions concrètes. Il conclut ainsi :
« Étant donné que nous ne semblons pas savoir qui et où sont les utilisateurs du Macintosh, il nous faut les chercher afin de valider nos stratégies. Jusqu’à présent, nous avons agi en aveugles. »
Steve Jobs, de son côté, prépare son putsch. Sachant que JohnSculleydoit partir pour la Chine à la fin du mois, il décide de réunir un nombre suffisant de ses partisans au sein du conseil d’administration chez Mike Markkula. Le coup de force doit intervenir durant le week-end et il entend faire voter la destitution de Sculley. Il informe plusieurs de ses proches mais commet l’erreur d’appeler la société d’investissement Morgan Stanley afin de les questionner : pourrait-il faire usage de sa position d’actionnaire privilégié pour révoquer un employé ? 57 Quelques minutes plus tard, Sculley est informé.
Dès le lendemain matin, Sculleyconvoque une réunion extraordinaire et accuse Steve d’avoir comploté pour le faire congédier. Il somme alors Jobsde quitter Apple ! Ce dernier refuse d’abdiquer et rétorque que c’est lui, Steve Jobs, qui, en tant que président du conseil, renvoie Sculley !
Jobs, qui d’ordinaire paraît si sûr de lui, semble toutefois traverser une période de forte incertitude. Dès le lendemain, il se rend au domicile de JohnSculleyet propose de faire la paix. Il explique qu’il juge préférable qu’ils demeurent tous deux chez Apple, pour le bien de l’entreprise.
« Je n’ai que 30 ans et je veux encore avoir une chance de mener une activité créatrice. Je sais que j’ai encore en moi au moins une grande idée d’ordinateur. Et Apple ne m’accorde pas la chance de le réaliser.
– Nous te donnerons la chance de créer le prochain ordinateur majeur mais ce ne sera pas toi qui dirigeras les opérations. L’entreprise est dans une situation précaire et toutes nos énergies doivent être concentrées vers son sauvetage 58 . »
La détente paraît revenue. Pourtant, alors qu’il prend congé de Sculley, Jobsse ravise. C’est plus fort que lui : il ne peut s’empêcher de caresser la perspective d’un ultime coup d’État… Il demande à rencontrer Mike Markkulaen compagnie de trois de ses fidèles chez Apple. Durant l’entrevue, tous évoquent à Markkula un plan alternatif de reprise en main d’Apple.
Le 28 mai 1985 au matin, Sculleyvient voir Jobspour déplorer qu’il ait tenté une fois de plus de le renverser. Atterré, il se résout, la mort dans l’âme, à envisager ce qui aurait semblé impensable : écarter une fois pour toutes Jobs de toute responsabilité directoriale !
Le conseil d’administration se range comme un seul homme derrière JohnSculley.
Désavoué, rejeté, traité à la manière d’un paria… Steve Jobsencaisse tant bien que mal le choc. Au sein d’Apple, sa voix n’a plus le moindre poids. Certains de ses amis vont jusqu’à craindre qu’il soit tenté de mettre fin à ses jours.
Pour surmonter sa tristesse, Jobspasse plusieurs journées à faire du vélo le long de
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