Les 4 vies de Steve Jobs

expérimentale pour extraire l’ADN. Il lui explique qu’il aimerait aider les étudiants à mieux comprendre comment certains segments d’ADN peuvent être recombinés. Jobsargue qu’il serait possible de simuler de telles expériences de laboratoire sur ordinateur.
    « Nous nous y avons pensé, mais les ordinateurs adéquats, les stations de travail coûtent des dizaines de milliers de dollars », réplique Berg.
    La plupart des universités ne disposent pas du budget pour acquérir ces ordinateurs et le logiciel nécessaires à la réalisation de simulations. Ces dernières seraient un formidable moyen de mettre les études des chercheurs tels que Bergà la portée des étudiants 61 .
    Ce simple constat amène Jobsà réfléchir. Il se souvient avec fierté d’avoir fait entrer les ordinateurs dans le monde de l’éducation. Sous son impulsion, Apple a consenti de gros rabais aux écoles afin qu’elles puissent acquérir des Apple II. Pourquoi ne pas poursuivre sur cette lancée et réaliser un ordinateur dédié au monde de l’éducation supérieure ? Il aurait la puissance des stations de travail qu’utilisent les ingénieurs, mais son usage serait aussi simple que celui d’un Mac. Tandis que l’idée d’une telle machine fait jour, le besoin de créer revient le démanger.
    Peu à peu, la perspective d’une nouvelle traversée des océans remet d’aplomb le capitaine désœuvré. Sa force, il l’a montré, réside dans la capacité à mener un équipage contre vents et marées vers un continent inexploré, une terre mythique. Apple l’a mis un peu trop tôt sur une voie de garage.
    Qu’il le veuille ou non, le temps d’une séparation semble venu. S’il veut donner libre cours à sa créativité, il lui faut bâtir sur de nouvelles fondations…
     
    Chez Apple, Bud Tribbleest le premier à manifester un intérêt pour le projet de Jobs– Tribble a supervisé les développeurs de logiciel du projet Macintosh. Steve Jobs explique qu’il entend démissionner de la présidence du conseil d’administration. Il n’écarte pas la possibilité de vendre la licence de son nouvel ordinateur à Apple et qu’il soit commercialisé sous la marque Macintosh 62 .
    Jobsrallie également à son projet George Crowqui, comme Tribble, a fait partie de l’équipe de création du Mac, et Rich Page, l’un des ingénieurs qui a dirigé le groupe Lisa. Il convainc aussi Susan Barnesde le rejoindre. Contrôleur financier d’Apple pour le territoire américain, Barnes lui est demeurée fidèle envers et contre tout. Son projet séduit tout autant Dan’l Lewinqui gère les relations avec le marché de l’éducation. Lewin s’occupera du marketing.
     
    Le 12 septembre 1985, le conseil d’administration d’Apple se réunit. Curieusement, bien que les ventes n’aient pas connu d’amélioration particulière, JohnSculleyet ses lieutenants laissent entendre qu’Apple serait sur la voie du redressement.
    En tant que président, Jobsest le dernier à s’exprimer. Il a longuement préparé son intervention et pressent qu’elle risque de susciter des remous. Mais l’inaction lui pèse et son tonus s’en ressent. Il se lève et s’adresse à ses pairs, d’une voix sans vie 63  :
    « J’ai longuement réfléchi. Il est temps pour moi de faire quelque chose de ma vie. C’est clair, il faut que je fasse quelque chose. J’ai 30 ans… »
    À la grande surprise de tous, il annonce alors son intention de donner sa démission de la présidence d’Apple.
    Jobsfait savoir aux membres du conseil d’administration qu’il aspire à démarrer une nouvelle entreprise. Elle aura pour objectif de percer dans le marché des universités et, donc, ne sera pas concurrente d’Apple mais plutôt complémentaire 64 . Selon ses estimations, elle devrait atteindre un chiffre d’affaires de 50 millions de dollars par an d’ici à quelques années.
    La stupeur se lit sur les visages de Sculley, Markkulaet des autres membres. Comment réagir à cette nouvelle ? Il est demandé à Jobsde quitter la pièce pour en débattre entre eux. Au bout d’une heure de discussion, il est escorté à l’intérieur de la pièce.
    Sur le moment, JohnSculleyse veut diplomate et favorablement disposé.
    « Steve, nous souhaitons tous que tu reconsidères ta décision de démissionner du conseil d’administration. En fait, Apple serait intéressé d’acquérir 10 % de ta nouvelle entreprise.
    – Je vais y réfléchir,