Les 4 vies de Steve Jobs
d’en modifier l’aspect, afin d’éviter toute ressemblance excessive avec le système du Mac. Le caractère excessif de la réaction d’Apple s’explique par le fait que l’entreprise traverse une période de plus en plus sombre et qu’aucun signe d’espoir ne se montre à l’horizon.
Or, une autre menace émane de Bill Gateslui-même. Microsoft développe Windows , un logiciel qui lui aussi imite l’aspect du Macintosh sur les PC. Les conseillers juridiques d’Apple sont partisans d’adopter une attitude similaire à celle pratiquée avec GEM : brandir le spectre d’une attaque en justice. Pourtant, face à Bill Gates, Apple marche sur des œufs.
Jazz était attendu pour mars mais il semble que Lotus ne soit pas en mesure de l’achever à temps. En conséquence, après une réticence initiale, Steve Jobscommence à trouver un certain charme au tableur Excel que Microsoft prépare pour le Mac.
Informé des intentions d’Apple de poursuivre Microsoft en justice, Gatesdécroche son téléphone et demande à joindre Sculleytoutes affaires cessantes. Il le somme de confirmer la rumeur selon laquelle un procès serait envisagé. Une réunion est organisée en toute hâte à Cupertino.
En joueur d’échecs avisé, Bill Gatestraite ses interlocuteurs sans ménagement. Après avoir émis de sérieux doutes sur les chances de survie du Macintosh, il brandit deux armes implacables : si Apple choisit d’aller en justice, Microsoft cesse illico le développement d’ Excel . De plus, il menace de retirer la licence du Basic de l’Apple II.
Le président d’Apple tente de calmer le jeu. Si Microsoft abandonne Excel , le Mac pourrait bel et bien en pâtir. La perte de licence du Basic de l’Apple II (le langage de programmation) serait tout autant préjudiciable pour le best-seller d’Apple. Sculleydécide de plancher sur un accord formel qui autorisera Microsoft à réaliser Windows , tout en protégeant les aspects spécifiques du Macintosh. Steve Jobssouhaite aller plus loin : il exige que Microsoft s’engage à ne jamais adapter Excel sur l’IBM PC.
Habile stratège, Bill Gatesimpose ses propres conditions, et elles sont douloureuses pour Apple. Depuis deux ans environ, Apple œuvre à la réalisation d’un Basic pour le Macintosh. Gates exige que ce soit Microsoft qui fournisse ce Mac Basic. En échange, il s’engage à renouveler la licence du Basic de l’Apple II pour dix ans. Pour ce qui est d’ Excel , il spécifie qu’il n’en publiera pas de version pour PC avant au moins deux ans.
Acculés, Jobset Sculleyaccordent à Gatesce qu’il désire. Au passage, Apple perd le droit de diffuser le Mac Basic, un programme dont le développement a coûté plusieurs millions de dollars. Dégoûté, BillAtkinsondéclare au Wall Street Journal : « Gates a insisté pour qu’Apple se débarrasse d’un produit exceptionnel en pointant le fusil sur notre tête . »
Au sein de la division Macintosh, l’heure est aux économies. Le 25 février 1985, Jobspublie une note interne à l’attention des 700 employés de l’équipe 52 . Il explique que plusieurs menaces pèsent sur eux : les logiciels professionnels sont en retard, les ventes sont très inférieures aux prévisions et la division Macintosh est loin de justifier son existence. Il propose tout un éventail de mesures en attendant le retour des bénéfices.
1. La libre consommation de boissons est supprimée.
2. Les séminaires seront organisés sur place.
3. Les repas chez les traiteurs sont éliminés.
4. Les voyages seront effectués en classe affaires plutôt qu’en première classe.
5. Les heures supplémentaires sont supprimées.
6. Le déménagement prévu vers d’autres locaux est différé.
7. Les dépenses en services externes sont réduites de 50 %.
8. Les notes de frais doivent être réduites de 50 %.
9. Les embauches de personnels sont limitées.
En mars 1985, Mitch Kaporde Lotus confirme que Jazz aura du retard et cette nouvelle est un nouveau revers pour Apple. Kapor justifie ce contretemps en expliquant que ses programmeurs travaillent à rendre le programme aussi fiable que possible. Un mois plus tard, Sculleydéclare à ses actionnaires que le retard de Jazz est en partie responsable des faibles revenus du premier trimestre.
Sur le plan personnel, Jobshésite sur la marche à suivre. Murraylui a évoqué la possibilité de prendre la tête d’un département de recherche, les Apple
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