Les 4 vies de Steve Jobs
préoccupation exprimée par Murrayet à envisager un successeur à la tête de la division Macintosh. En premier lieu, Sculleyestime nécessaire de mieux contrôler les dépenses et de reprendre la maîtrise des produits – il a progressivement réalisé que les lieutenants de Steve n’accédaient à ses demandes que pour la forme.
Un nom est suggéré pour reprendre la division Macintosh : celui de Jean-Louis Gassée. Le président de la filiale française se distingue par les résultats qu’il obtient ; en France, à la différence d’autres pays, le Macintosh est un réel triomphe. Contacté de manière discrète par Sculley, Gassée se montre favorable à la proposition.
Jobspressent-il sans oser se l’avouer que ses jours chez Apple pourraient être comptés ? Toujours est-il que dans une interview que publie Playboy en février 1985, il s’exprime en des termes qui vont acquérir une sacrée teneur au fil des mois…
« Je resterai toujours lié à Apple. J’espère que jusqu’au bout, le fil de ma propre vie et celui d’Apple seront liés de manière inextricable, comme dans une tapisserie. Il se peut que je m’absente durant quelques années mais dans tous les cas, je reviendrai… »
Une autre crise fermente au sein d’Apple. Il se trouve que c’est le bon vieil Apple II qui a évité à l’entreprise de sombrer dans le marasme. Or, l’équipe responsable de cet ordinateur ressent de plus en plus amèrement le fait que le Mac accapare l’essentiel des médias. Toute l’attention de la société, tous les efforts publicitaires, toute la communication semblent porter uniquement sur le Macintosh qui est pourtant un échec commercial !
En février 1985, plusieurs membres du groupe Apple II, ulcérés par ce qu’ils perçoivent comme une injustice, donnent leur démission. L’un d’eux n’est autre que Steve Wozniaklui-même…
Woz vient annoncer à Sculleyqu’il quitte Apple. Il se déclare écœuré de la façon dont il s’estime traité par Apple et par son ancien ami Jobs ! Le nom de l’Apple II n’a même pas été mentionné lors du meeting annuel.
La nouvelle du départ de Steve Wozniakfait grand bruit et fait plonger un peu plus l’action Apple. Sculleytempère la chose dans un article du Wall Street Journal paru en février 1985 :
« Cela fait partie de la vie. Il y a des gens qui n’ont pas su s’adapter et il est vrai que nous avons perdu quelques bons éléments. Mais Apple ne peut rester pour toujours à l’intérieur d’un garage. »
Jobs, pour sa part, tente de minimiser la nouvelle en termes fort peu élogieux :
« Woz n’a pas fait grand-chose durant ces dernières années. »
Une autre défection fait grand bruit, celle de Andy Hertzfeld, responsable du système d’exploitation du Macintosh depuis février 1981. Aux alentours du lancement du Mac, Hertzfeld a fait l’objet de portraits flatteurs dans des magazines tels que Rolling Stone et Newsweek . À présent, il annonce quitter Apple suite à des désaccords avec ce qu’il appelle la « bureaucratie du groupe Mac ».
Lorsque Bill Gatesapprend qu’Andy Hertzfelds’est mis à son compte, il le fait contacter au plus vite. Durant leur tête-à-tête, Hertzfeld explique qu’il entend développer un logiciel pour le Mac, le Switcher , facilitant le passage d’un programme à l’autre. Gates demande combien de temps il lui faut pour l’écrire.
« Environ deux mois, répond Hertzfeld, prudent.
– Et vous touchez combien en moyenne par semaine ?
– 5 000 dollars.
– Je propose de vous acheter le Switcher sur la base du temps passé, soit 40 000 dollars ! », propose Bill Gates.
Andy Hertzfeldréserve sa réponse et s’enquiert au préalable auprès de JohnSculley. Ce dernier lui offre la coquette somme de 150 000 dollars pour le Switcher .
Un éditeur de logiciels, Digital Research, publie le logiciel GEM en ce même mois de février 1985. Il s’agit d’un système pour PC qui fait apparaître sur les écrans des icônes et fenêtres, plutôt rudimentaires et sans panache en comparaison avec le Macintosh. Il demeure que le public du PC n’y est pas indifférent : 150 000 exemplaires de GEM sont écoulés en quelques semaines.
Du côté d’Apple, la menace de GEM est prise très au sérieux. Les avocats d’Apple montent au créneau et brandissent la menace d’un procès pour plagiat. Acculé, Digital Research retire GEM de la vente et promet
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