Les 4 vies de Steve Jobs
commençait à devenir amusant.
Selon Ellison, lui et Jobsont un plan qui implique de construire des Mac ultra bon marché et de vendre des réseaux d’appareils aux écoles, aux PME comme aux consommateurs. Toutefois, Jobs a déclaré qu’il ne désirait pas diriger à nouveau Apple. Que penser alors si l’on considère ce qu’il a fait dans les quelques semaines qui ont suivi le rachat de NeXT ? En premier, son riche ami Ellison a indiqué qu’il soutiendrait financièrement une prise de contrôle par Jobs. De plus, Jobs a réussi un coup de force en faisant remplacer Ellen Hancockpar deux vétérans de NeXT.
Si la situation ne s’améliore pas, Jobspourrait être tenté d’agir de façon plus franche. Ellisonestime qu’il n’y a que 30 % de chances que lui et Jobs prennent le contrôle d’Apple : “La décision revient à Steve. Je ne le ferai pas sans lui. Mais comment savoir. Il se peut que Steve n’ait pas envie de ré-épouser son ancienne petite amie [Apple], mais il pourrait en revanche être tenté de sauver sa vie.” »
L’article de Schlendler a quelque chose de prémonitoire. Alors que le printemps s’achève, les résultats d’Apple continuent de plonger. Sur le premier trimestre 1997, Apple affiche une nouvelle perte de 708 millions de dollars. Un record en la matière. Pressentant un tel résultat, Steve Jobsa vendu toutes les actions Apple qu’il avait reçues en décembre sauf une. La nouvelle ne fait qu’amplifier la chute du cours.
« C’est vrai, j’ai vendu mes parts. J’avais perdu espoir que le conseil d’administration d’Apple puisse faire quoi que ce soit. Je ne pensais pas que le cours puisse remonter », dira plus tard Jobsau magazine Time .
Le 9 juillet 1997, le conseil d’administration d’Apple force GilbertAmelioà donner sa démission de la présidence. Étrangement, les dirigeants d’Apple ne s’activent pas pour nommer un successeur. À défaut, le directeur financier d’Apple, FredAnderson, gère les opérations courantes.
Faute de leader, Jobss’impose comme l’homme de la situation et il accepte l’idée potentielle d’un poste de président par intérim. Il fait entrer au conseil d’administration quelques proches dont son ami Larry Ellison, le PDG d’Oracle, Bill Campbell, qui préside l’édition de logiciels Intuit et Jerry York, un ancien directeur financier de Chrysler. Le vieil ami Steve Wozniakse voit sollicité à titre de conseiller. Deux fidèles de l’épisode NeXT sont nommés à des postes clés chez Apple : Mitch Mandich, qui devient responsable des ventes et Phil Schillerqui prend en charge le marketing mondial.
En atteignant la quarantaine, Jobsle rebelle a pris de la distance. Il ne croit plus qu’il soit possible de changer le monde avec la seule technologie et sait que la politique et le business ont leur mot à dire. Il faut sauver Apple et pour cela, Jobs se résigne, bien malgré lui, à un acte longtemps inconcevable. De façon discrète, il mène une négociation visant à faire la paix avec Bill Gateset Microsoft, une action amorcée alors qu’Amelioétait encore en poste.
Il est vrai que la situation est critique. Comme va le révéler plus tard un échange d’e-mails entre Bill Gateset l’un de ses subordonnés, Ben Waldman, en juin 1977, Microsoft a clairement envisagé d’abandonner purement et simplement le développement de la version d’ Office 107 pour Mac. Cela étant dit, en cette époque pionnière du Web, l’édition de Bill Gates tente par tous les moyens d’imposer Internet Explorer , son navigateur Web, au détriment du jeune leader d’alors Netscape .
Dans une réponse à un message de Bill Gates, Waldmandit ceci :
« La menace d’annuler Office pour Mac 97 est certainement la plus grande arme de négociation que nous ayons car elle ferait un mal énorme à Apple. Il me semble qu’Apple prend cette menace très au sérieux. »
De fait, si Microsoft annule ce produit extrêmement prisé par les entreprises, un coup fatal serait porté aux ventes du Mac dans le monde professionnel ! Sur plusieurs pages de son message, Waldmanplaide cependant la cause d’ Office pour Mac, insistant pour que le produit ne soit pas annulé.
Gatesaccepte de conserver le développement d’ Office pour Mac mais, au passage, il réalise un coup majeur : il propose d’acquérir 6 % d’Apple et impose en contrepartie Internet Explorer sur les Mac. Acculé, Jobsaccepte de
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