Les 4 vies de Steve Jobs
considérer cette proposition tout de même difficile à avaler…
Au vu de la situation, Michael Dell, fondateur de la marque Dell, s’autorise cette remarque assassine :
« Apple ferait mieux de fermer ses portes et de rendre l’argent aux actionnaires ! »
Offensé, Jobsadresse un e-mail à Michael Dell :
« Les présidents sont supposés avoir de la classe. Je vois que vous ne partagez pas cette opinion. »
Un éditorialiste très célèbre, Stewart Alsop, n’est pas plus tendre envers Apple dans sa chronique pour Fortune 108 :
« Cela prend longtemps pour tuer une entreprise qui génère 11 milliards de dollars par an. Apple est déjà descendu à environ 8 milliards. Je ne lui donne que trois ans, avant le millenium, pour mordre la poussière. »
Clairement, Apple attend beaucoup de l’audace du visionnaire Jobspour relancer les ventes. Nullement désarmé, ce dernier reste combatif :
« Je pense que nous avons l’opportunité de faire le prochain pas majeur en termes de technologie et de passer devant Microsoft et tous les autres ! », déclare Jobs.
Avant de passer à l’action, Steve Jobstient une série de meetings. Il désire passer en revue l’intégralité de la gamme d’Apple, élément par élément afin de clairement déterminer quels sont les actifs de l’entreprise. Installé dans une grande salle de conférence, il fait venir les divers responsables d’Apple, afin que chacun lui présente dans le détail les produits dont il a la charge et les projets en cours.
Durant ces entrevues, Jobstente d’absorber le maximum d’informations sur l’existant. Jim Oliver, l’ancien assistant d’Amelio, assiste à ces réunions. Selon ce qu’il va rapporter par la suite, Jobs écoute avec attention chaque intervenant et ne se montre nullement provocateur 109 . C’est tout juste s’il adresse parfois quelques reproches aux intéressés s’ils ne semblent pas réaliser l’urgence de la situation. Son objectif : ne conserver que les produits de haut niveau et ceux à forte rentabilité.
Durant la première réunion avec une équipe Jobsse contente d’écouter, mais dès la seconde, il monte au créneau :
« S’il fallait supprimer la moitié de vos produits, lesquels supprimeriez-vous ? »
Il peut également faire appel à l’imagination des responsables maison :
« S’il n’y avait aucun problème d’argent, que feriez-vous ? »
À plusieurs reprises, Jobsdessine un diagramme sur un tableau blanc afin de montrer quel a été le déclin des revenus d’Apple de 12 à 7 milliards de dollars. Il entreprend alors d’expliquer qu’Apple peut tout à fait être bénéficiaire avec un revenu de 6 milliards de dollars 110 .
« Ce que j’ai découvert, c’est qu’Apple avait des millions et des millions de produits. C’était stupéfiant, a raconté Jobs. Et j’ai commencé à demander aux gens : “Pourquoi devrais-je recommander un 3400 plutôt qu’un 4400 ? Quand est-ce que quelqu’un devrait être intéressé par un 6500, et non pas par un 7300 ?” Au bout de plusieurs semaines, je n’arrivais toujours pas à y voir clair. Et je me suis dit : si moi, qui travaille chez Apple avec tous ces experts qui me racontent leur salade, j’y perds mon latin, qu’est-ce que cela doit être pour nos clients 111 ? »
Dans les semaines qui suivent, de nombreux cadres vont se plaindre d’être harcelés au téléphone à tout moment par Jobs, lorsqu’il ne vient pas directement les importuner à leur domicile !
Jobslivre assez rapidement son verdict. Son premier constat est simple : la ligne de produits d’Apple – 600 références – est devenue bien trop complexe. GilbertAmelioavait déjà commencé à la restreindre. Steve Jobs la réduit à 10 produits en tout et pour tout. Trop vaste, la gamme des PowerMac est ramenée à un seul modèle : le G3. Jobs décide au passage de miser sur de nouveaux processeurs d’IBM pour cette nouvelle génération de produits qui sera déclinée sous forme d’ordinateurs de bureau et de portable.
Une autre décision concerne la vente des ordinateurs au public. Jobsferme les comptes de la plupart de ses distributeurs pour ne conserver que les plus efficaces. Pionnière en la matière, la société se lance par ailleurs dans la vente directe en ligne en rachetant la société Power Computing, qui excelle dans cette forme de commercialisation.
Une autre décision majeure tombe : Apple
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