Les 4 vies de Steve Jobs
devraient pas être considérées comme telles.
Le 28 février 2002, Michael Eisnerapparaît devant une Commission du Sénat afin d’évoquer le problème de la piraterie en ligne qui a gagné le domaine des films. Afin d’illustrer son propos, il cite la campagne publicitaire d’Apple pour iTunes dont le slogan est “Rip. Mix. Burn” (copier, mixer, graver).
Or, le mot rip a deux sens. En jargon informatique, il signifie « copier un CD ». Mais l’expression rip-off a également le sens de « vol ». Eisnerentretient volontairement la confusion.
Lorsqu’il est mis au courant de l’intervention d’Eisner, Steve Jobsprend la mouche. Il décroche son téléphone et appelle Roy Disney, le neveu de Walt :
« Cela ne peut plus durer. Eisnerest un ringard. Il ne comprend rien à l’avenir de l’animation. Il faut le virer ! »
Jobsspécifie alors qu’il ne signera plus de nouveau contrat avec Disney aussi longtemps qu’Eisnerprésidera cette société 130 .
En parallèle à sa croisade auprès des maisons de disques, Steve Jobsrencontre personnellement de nombreux artistes afin d’obtenir leur accord pour une diffusion sur iTunes. Il prend contact avec les Eagles, Mick Jagger ou Bono, de U2, dans le but de les convaincre de placer des chansons sur la « boutique » d’Apple. Certaines stars telles qu’Alanis Morissette acceptent même de proposer quelques inédits sur iTunes.
Bono et Steve Jobs, à San José (Californie), en octobre 2004, pour la sortie de l’iPod U2, une édition spéciale de l’iPod, gravée avec les signatures des membres du groupe U2. © Kim Kulish/Corbis
En septembre 2002, Jobsdévoile publiquement Mac OS X , le nouveau système d’exploitation des Mac, réalisé à partir du logiciel de NeXT. Pour l’occasion, il organise un simulacre d’enterrement pour l’ancien système Mac OS 9 . Sur fond d’orgues liturgiques, il extrait la boîte d’un cercueil, puis déclame une oraison avec un ton solennel qui déclenche bien des rires de la foule conquise d’avance…
« Mac OS 9 était notre ami à tous.
Il a travaillé sans relâche pour nous, accueillant nos applications, ne refusant aucune commande, répondant toujours présent à l’appel, excepté de temps à autre lorsque nous oubliions qu’il devait être redémarré. »
Du jour au lendemain, Windows XP prend un sacré coup de vieux. Mac OS X n’est pas seulement beau, fluide, élégant, il est d’une efficacité redoutable.
L’iTunes Music Store est lancé en avril 2003. 200 000 chansons sont proposées en téléchargement payant. À 99 cents la chanson, le fondateur d’Apple prend le pari que les internautes préféreront télécharger des morceaux en toute légalité. La façon dont l’iPod communique avec l’iTunes Music Store séduit les utilisateurs occasionnels, réfractaires à la complexité habituelle de l’informatique. Le magasin en ligne accueille certaines chansons qui ne sont jamais sorties en CD, comme des inédits du groupe Fleetwood Mac. Au bout de cinq jours, 1 million de chansons ont été vendues.
À présent, Jobspasse à la phase suivante : persuader les majors de rendre iTunes Music Store compatible avec Windows ! Eh oui… le président d’Apple a finalement assoupli sa position et juge qu’il serait effectivement dommage de fermer l’iPod aux centaines de millions de PC.
En réalité, ce revirement est venu après d’intenses discussions en interne. Jobsa estimé qu’ouvrir l’iPod aux PC était une façon d’attirer ces utilisateurs vers Apple. Selon Jon Rubinstein, en donnant aux habitués de Windows un aperçu de la technologie Apple, il serait possible de créer un « effet de halo » qui rejaillirait sur les autres produits de l’entreprise 131 .
En mai 2003, Jobsest invité par Walt Mossberg, journaliste du Wall Street Journal , à la conférence All Things Digital . Apple a alors ouvert près de soixante boutiques et leur succès est remarquable. « Ils vous offrent la meilleure expérience d’achat d’un micro-ordinateur sur la planète. Nous avons eu 15 millions de visiteurs depuis l’inauguration du premier Apple Store ! », confie Jobs à Mossberg.
Au passage, Jobsrevient sur la question de Michael Eisneret ne cache aucunement son dédain pour le discours que ce dernier s’est permis de donner au Sénat :
« Si vous connaissez les jeunes, vous savez que pour eux rip signifie prendre les bits d’un
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