Les 4 vies de Steve Jobs

CD pour les mettre sur le disque dur. Cela signifie que vous possédez un CD qui théoriquement est à vous et vous en déplacez les bits sur votre disque dur. Certains cadres de l’industrie, et à Hollywood, qui n’avaient pas d’adolescents à la maison, ont cru que rip signifiait rip off (dérober). Et comme ils n’ont pas fait leurs devoirs, certains sont même allés à Washington pour témoigner !… »
    Durant la même conférence, Jobsréaffirme son crédo optimiste.
    « Nous pensons que 80 % des gens qui volent de la musique en ligne ne souhaitent pas réellement agir ainsi. Nous pensons qu’ils préféreraient opérer dans la légalité si quelqu’un leur offrait une façon d’agir légalement. Nous avons estimé que la majorité des gens utilisant un iPod voulaient vraiment l’utiliser d’une manière honnête. »
    Au passage, il prend la défense des maisons de disques couramment accusées de n’avoir pas vu venir le phénomène MP3.
    « La chose la plus importante que font les maisons de disques, ce n’est pas de distribuer la musique, mais c’est de choisir parmi 500 personnes laquelle sera la prochaine Sheryl Crow. C’est ça qu’ils font et certains le font remarquablement bien. S’ils ne parviennent pas à faire ce choix correctement, le reste n’a pas d’importance. Et ceux qui le font bien se retrouvent finalement à la tête des maisons de disques.
    Il n’est pas surprenant qu’ils n’aient pas compris Napster ni que la distribution de leur contenu sur Internet était la prochaine vague majeure.
    Il y a quelques années, nous sommes allés les voir une première fois pour leur parler de cela. Nous leur avons fait des prédictions à ce sujet et ils nous ont demandé de partir.
    Neuf mois plus tard, ils nous ont rappelés car nous avions vu juste sur plusieurs choses. Nous leur avons évoqué cette voie du milieu. »
    Durant la séance de questions-réponses, Jobsrévèle que la moitié des chansons vendues sur iTunes sont des albums complets. Il révèle aussi que, dans la plupart des maisons de disques, il n’est possible d’acheter que 20 % des chansons enregistrées (la majorité n’étant plus disponibles dans les rayons) : « Le reste ne se vend pas assez pour qu’ils continuent de vendre le CD. » Selon lui, avec une boutique en ligne, il devient possible d’ouvrir au public le catalogue des 80 % restants.
     
    Le millionième iPod est vendu en juin 2003 et quelque chose semble se produire. L’objet revêt le même symbole que jadis le Macintosh originel, adulé des artistes. De Karl Lagerfeld, qui en possède plusieurs dizaines, à Alicia Keys, de Bonoà Robbie Williams, de Will Smithà Steven Spielberg, l’iPod s’affiche dans les mains des stars qui semblent même prendre un malin plaisir à l’exhiber – il est accroché à la ceinture de David Beckham. Ce n’est plus un baladeur, c’est un objet fashion  ! Sur une photo de Lagerfeld ou de Claudia Schiffer, on voit couramment un iPod. Dans les interviews, ils expliquent que pour rien au monde, ils ne se sépareraient de leur iPod !
    Steve Jobsprend le pouls d’un tel phénomène alors qu’il se promène dans New York.
    « À chaque coin de rue, je croisais quelqu’un avec des écouteurs blancs. J’ai alors pensé : oh mon Dieu, c’est en train d’arriver !… », déclare-t-il à Newsweek .
    Au printemps 2003, Steve Jobsse rend chez Disney afin de négocier un nouveau contrat. Il met alors à exécution la menace proférée un an plus tôt à Roy Disney en proposant un deal intentionnellement déraisonnable : Pixar conserverait la propriété à 100 % de ses films et Disney ne toucherait plus qu’une rétribution de 7,5 %. De plus, l’exclusivité de distribution des dessins animés Pixar sera désormais limitée à cinq ans.
    Comme on peut s’y attendre, Michael Eisnerrefuse la proposition. Jobsquitte les lieux en annonçant qu’il se met en quête d’un nouveau diffuseur 132 . Roy Disney, pour sa part, laisse éclater son exaspération vis-à-vis d’Eisner ; à l’automne 1983, Roy rend publique sa décision de démissionner du conseil d’administration de Disney et se lance dans une campagne visant à éjecter Eisner de la présidence.
     
    Surprises de constater que la musique en ligne génère des revenus, les maisons de disques acceptent d’en étendre la portée. iTunes Store débarque en version Windows en octobre 2003. Dès le 15 décembre, Apple annonce