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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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proclama-t-il en lui-même ;
admirable ! Depuis longtemps, Venise, le mystérieux réceptacle
des conspirations, n’aura eu une pareille conspiration ! Le
capitaine général ! L’amiral ! Les grands dignitaires du
palais ! Tous en sont ! Tous… excepté moi ! moi qui
vais sauver l’État ! »
    Comme il en était là, il s’aperçut que ses guides, ou plutôt
ceux dont il était le prisonnier, s’étaient arrêtés et que
lui-même, machinalement, s’était arrêté aussi.
    Il leva les yeux et regarda autour de lui.
    Il vit qu’il se trouvait derrière le maître-autel de Saint-Marc,
et que six hommes assis en demi-cercle, graves, immobiles, muets,
semblaient l’avoir attendu.
    Près de lui, Scalabrino.
    À deux pas, Roland Candiano.
    Trois cierges avaient été allumés et éclairaient cette scène
bizarre.
    « Quelle nouvelle scène se prépare ? »
songea-t-il.
    Lentement, il étudia les six hommes assis en demi-cercle.
    Ils avaient des visages hâlés par la vie au grand air et
portaient des costumes à demi guerriers. À leurs ceintures, il vit
reluire des crosses de pistolets et des lames de poignards
nues.
    « Qui sont ceux-là ? » se demanda-t-il.
    Ses yeux se baissèrent, un peu hagards.
    Aux pieds des six hommes, dans le demi-cercle, sur les dalles,
il vit un objet long, une sorte de boîte oblongue.
    « Qu’est-ce là ? demanda-t-il à haute voix, sans y
songer.
    – Ton cercueil », répondit une voix.
    Guido Gennaro sentit ce frisson mortel, qui des talons remonte
rapidement jusqu’à la nuque, le parcourir, et il devint livide.
    « Chefs de la montagne, dit alors Roland, et sa voix, sous
les voûtes de Saint-Marc, avait de sourdes sonorités, le
rendez-vous que nous avions dans l’île d’Olivolo aura lieu ici.
Nous y sommes en parfaite sûreté. Mais avant de nous occuper de nos
affaires, et puisque nous voilà réunis, je vous prie tout d’abord
de vous constituer en tribunal pour juger cet homme.
    – Anto nous a mis au courant, dit alors l’un des hommes,
et, vous le voyez, maître, nous avons pris nos précautions pour le
cas où celui-ci serait condamné. »
    Du geste, il désignait successivement le cercueil et
Gennaro.
    Anto, disons-le tout de suite, c’était l’homme qui avait
introduit Roland dans l’église d’abord, puis dans les cryptes, puis
dans le tombeau.
    Celui qui venait de parler reprit :
    « Qu’a fait l’accusé ? Qui l’accuse ?
    – Moi, dit Roland.
    – Parlez, maître. Nous écoutons, et, selon les lois de la
montagne, nous jugerons en toute équité, en toute indépendance.
    – Mon accusation, dit Roland, tient dans un seul mot :
cet homme est Guido Gennaro, le chef de la police de
Venise. »
    Les six juges regardèrent le faux barcarol sans curiosité
apparente.
    « La chose est-elle prouvée ? demanda celui qui avait
déjà parlé.
    – Il est venu ce soir même dans l’île d’Olivolo pour
m’arrêter. Est-ce vrai, Guido Gennaro ?
    – C’est vrai, dit le chef de police. Mais en cherchant à
vous arrêter, je faisais mon devoir, je remplissais mes
fonctions.
    – L’aveu est formel, reprit le juge de sa même voix calme
et tranchante ; il est donc inutile d’insister davantage et
nous n’avons qu’à appliquer la loi de la montagne. »
    Il se leva.
    « Guido Gennaro, poursuivit-il, votre fonction est de nous
traquer, nous qui rêvons l’indépendance et la liberté pour tout un
peuple opprimé. Nous avons déclaré la guerre à la société
vénitienne que vous représentez ici. Votre loi veut la mort pour
quiconque d’entre nous vous prenez. Notre loi vous considère comme
ennemi et vous condamne à mort. Guido Gennaro, préparez-vous à
mourir.
    – Je demande pour l’accusé le droit de se défendre »,
dit Roland.
    Les six juges regardèrent Candiano avec étonnement.
    « Soit ! qu’il parle, dit celui qui semblait les
présider. Guido Gennaro, vous avez entendu ? Nous vous
considérons comme ennemi parce que vous nous considérez comme
ennemis ; nous vous condamnons à mort parce que vous
condamneriez à mort celui de nous que vous prendriez. Notre cher et
vénéré maître, celui qui nous a arrachés à l’ignorance et nous a
enseigné le sens des choses et de la vie, celui-là veut que vous
puissiez vous défendre. Défendez-vous donc, si vous pouvez. Et
essayez de nous convaincre que nous ne devons pas vous tuer. Si
vous y parvenez, votre vie sera respectée. Parlez, car vous

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