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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qui
frémissait dans toutes ses fibres et dans son instinct de
policier.
    – Seigneurs et frères, dit l’amiral, ce qu’a fait notre
cher compagnon, futur doge de la république, est tout ce qu’il
pouvait faire. Je conçois, vous concevez tous la douleur qu’il a dû
éprouver de la défection de Dandolo. Oui, en y songeant, il ne
pouvait aller plus loin. Mais nous n’avons pas, nous, les mêmes
motifs de famille. Il faut que Dandolo périsse.
    – Oui, oui, qu’il meure dès cette nuit !
    – Dès cette nuit, c’est mon avis, reprit l’amiral. Voici ce
que je propose. Le sort va désigner trois d’entre nous. Ces trois
se rendront au palais Altieri où Dandolo est gardé à vue. Ils lui
proposeront un loyal duel. S’il n’accepte pas, un coup de dague
fera justice. S’il accepte, l’un des trois se battra, puis le
deuxième s’il le faut, puis le troisième, jusqu’à ce que Dandolo
soit tué. »
    Une acclamation prouva que l’assemblée acceptait cette
solution.
    L’amiral descendit de l’estrade.
    Un nuage passa sur le front d’Altieri.
    On sait en quelles conditions Dandolo était installé au palais
Altieri ; on sait que loin d’être le prisonnier du capitaine
général, c’était lui au contraire qui le menaçait et lui dictait
des lois. Il n’y avait en somme de vrai dans le récit d’Altieri que
la résolution de Dandolo de se retirer, et sa démission qu’il avait
signée dans la soirée pour se consacrer plus sûrement à
Léonore.
    Qu’adviendrait-il de cette visite de trois des
conspirateurs ?
    À quelles extrémités Léonore, poussée par le désespoir, se
porterait-elle ?
    Altieri demanda le silence et parla ainsi :
    « Seigneurs et frères, je combats la proposition qui vient
de vous être soumise. Dandolo tué dans mon propre palais, comment
expliquerai-je cet événement ?… J’affirme que le père de ma
femme est gardé à vue et qu’il ne sortira pas de mon palais. Si
nous le tuons maintenant, nous éveillons des soupçons ; au
contraire, si nous attendons au lendemain de la réussite, Dandolo
mort ou vif demeure jusque-là inoffensif. Je demande donc que vous
vous en rapportiez à moi seul de tout ce qui concerne le grand
inquisiteur. »
    Altieri parlait avec une visible émotion.
    Cette émotion fut par tous attribuée aux sentiments que devait
éprouver le capitaine général, placé dans la nécessité de frapper
le père de sa femme.
    En outre, on avait en lui une confiance inébranlable.
    Puisqu’il affirmait que Dandolo était gardé à vue, on pouvait
s’en rapporter à lui. L’assemblée signifia sa volonté dans ce sens,
et l’amiral lui-même déclara que la proposition du président était
la plus raisonnable.
    Gennaro vit le visage d’Altieri s’éclairer.
    « Je ne savais pas, songea-t-il, que le capitaine général
aimât à ce point le grand inquisiteur. Il me semblait qu’au
contraire… Mais écoutons.
    – Que les chefs de groupes, dit Altieri, nous communiquent
leurs rapports, et nous prendrons ensuite les suprêmes
résolutions. »
    Le chef de police vit alors les douze premiers conspirateurs qui
étaient arrivés avec des torches se détacher l’un après l’autre et
remettre à Altieri des listes sur lesquelles il darda vainement un
regard de curiosité intense.
    « Sans doute les listes complètes de tous les
conspirateurs ! » murmura Gennaro.
    Altieri, cependant, aidé de deux ou trois assesseurs, parcourait
les papiers qui lui avaient été remis, puis les classait.
    Quand ce fut fini, Altieri se dirigea vers l’un des
tombeaux.
    Une douzaine de conspirateurs déplacèrent la dalle.
    Les papiers furent placés là.
    Puis la dalle fut remise en place.
    Gennaro tressaillit de joie… Décidément, il oubliait Roland et
Scalabrino qui, derrière lui, assistaient à toutes les péripéties
de la réunion.
    Un murmure confus régnait maintenant dans l’assemblée.
    Altieri et les douze chefs de groupes conféraient sur
l’estrade.
    La conférence dura une heure.
    Au bout de ce temps, les chefs de groupes allèrent reprendre
leurs places, chacun près de sa torche.
    Le silence se rétablit, profond et solennel.
    Les définitives paroles allaient être prononcées.
    En effet, Altieri se plaça de nouveau au bord de l’escalier, et
ce fut d’une voix grave, qu’il parla :
    « Seigneurs, amis et frères, nous avons avec nous tout ce
qui compte dans Venise ; tout ce qui porte un nom, tout ce qui
occupe un rang

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