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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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ou la fille ?
    – C’est Spartivento que je suis venu voir, répondit
Altieri.
    – Mon fils ! Il est justement là, tout à votre
service. On eût dit qu’il attendait votre visite. Car il devait
aller en expédition, et on lui avait même promis dix écus ;
mais il est resté, le cher garçon. Sûrement, quelque chose lui a
dit…
    – Allons, la vieille, tais-toi, et appelle ton
fils !
    – Montez, seigneur », dit la vieille en ouvrant la
porte du fond.
    Altieri vit l’escalier noir et puant.
    Il eut une seconde d’hésitation, puis, s’étant assuré que sa
dague ne l’avait pas quitté, il monta d’un pas ferme, pendant que
la vieille, avec un bâton, frappait deux coups au plafond.
    Altieri, au haut de l’escalier, se trouva dans une pièce vaste,
mais basse de plafond, dont un angle était éclairé par la lumière
triste d’une petite lampe, tandis que tout le reste demeurait dans
l’ombre. Ce grenier paraissait désert.
    Il n’y avait là qu’un mauvais lit dressé dans un coin, quelques
escabeaux autour d’une table, une bouteille et des verres sur cette
table, une douzaine d’épées pendues à de gros clous, et un homme
long et maigre qui se courbait en deux, la toque à la main – une
toque dont la plume balayait le plancher.
    « Spartivento pour vous servir », dit cet homme en se
redressant.
    Spartivento méritait à coup sûr son nom(NB: Spartivento :
qui coupe, partage le vent.), ou son surnom.
    Il était mince, tout en angles aigus, avec une figure en lame,
un nez en arête vive, une bouche serrée, avec on ne sait quoi de
grave. Il était vêtu de noir et portait à la ceinture, pour toute
arme, une courte dague enfoncée dans une gaine de velours
rouge.
    C’était le bravo célèbre, le tueur à gages.
    Et maintenant, il attendait que son visiteur se décidât, habitué
qu’il était à les voir tous hésiter avant de lui confier leurs
projets de ténèbres. Altieri fit comme les autres.
    Il paya un dernier tribut à cette chose complexe, fuyante,
toujours si formidablement présente, qu’on appelle la
conscience.
    Brusquement, il se décida… comme les autres !
    « Mon maître, dit-il, j’ai entendu parler de ton adresse
particulière à manier l’épée ou la dague.
    – Je tue assez proprement mon homme. »
    Spartivento dit cela avec la réelle modestie de l’homme qui sait
sa valeur au plus juste.
    « Qui te dit qu’il s’agit de tuer ? fit Altieri.
    – Pourquoi êtes-vous ici ? dit le bravo, sincèrement
étonné. La mère s’est donc trompée ? »
    Et déjà il se dirigeait vers l’escalier, les sourcils
froncés.
    « Arrête, fit Altieri, et écoute. »
    L’homme revint, s’inclina et attendit.
    « Tu as deviné, mon maître, reprit Altieri. Il s’agit de
tuer quelqu’un.
    – Es-tu prêt à faire ce que je te commanderai ?
    – Vous connaissez mes prix ?
    – Peu importe ton prix. Je te paierai ce que tu voudras,
pourvu que tu ne manques pas ton homme. Écoute…
    – C’est vingt écus pour un patricien ordinaire.
    – Bon. L’homme que je vais te désigner est terrible, je
t’en préviens, et je t’engage…
    – C’est cinquante écus pour un membre du haut clergé, ou
quelqu’un qui tient au gouvernement.
    – Au diable ! Quand je te dis…
    – La moitié payée d’avance », acheva Spartivento dont
la toque, en un nouveau salut, balaya le plancher.
    Altieri fouilla dans sa ceinture, en sortit une poignée d’or et
déposa les pièces rutilantes sur le coin de la table.
    « Oh ! oh ! dit Spartivento simplement.
    – M’écouteras-tu maintenant ?
    – Parlez.
    – Es-tu prêt à tuer ?
    – C’est mon métier.
    – L’homme est très fort, je t’en préviens. Il serait bon
d’emmener avec toi quelques camarades…
    – Seul je suffis.
    – Je te dis que l’homme est dangereux…
    – Il mourra, fût-il brave et fort comme un vrai bravo.
    – Et si je voulais, tu agirais dès cette nuit ?
    – Dans une heure.
    – Et tu frapperas au bon endroit ? L’homme n’en
reviendra pas ?… »
    Spartivento décrocha une rapière, en tâta le bout, la ceignit à
sa ceinture, s’enveloppa d’un manteau et dit :
    « Où est-ce ?
    – En l’île d’Olivolo… mais, un instant, mon maître. Il ne
faut pas y aller tout de suite.
    – Et quand ?
    – À dix heures… Pas avant ! À dix heures et demie,
quand tu auras fini, tu passeras devant le portail de
Sainte-Marie-Formose. Tu y verras

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