Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
valet, et que je pénétrais des
secrets qui n’étaient pas les miens. Mais Altieri avait prononcé
ton nom, celui de Roland Candiano ! Altieri était entré
là !… Je restai, décidé à savoir ce qui se tramait… Je
m’approchai de la porte que le valet m’avait indiquée… Mais à ce
moment, s’éleva un gémissement plaintif et sourd… comme celui de
quelqu’un qui va mourir… »
    Dandolo, suffoqué par l’émotion que ces souvenirs déchaînaient
en lui, s’arrêta de nouveau. Léonore glacée, paralysée, n’avait
plus de vivant en elle qu’un sentiment d’horreur et d’effroi.
    « Ce gémissement, continua Dandolo, ce gémissement que
j’avais entendu venait d’une pièce voisine. J’étais pétrifié. Je me
demandais quel terrible mystère s’accomplissait dans ce palais. Je
n’osais plus aller vers cet inconnu qui se mourait sans doute, ni
vers la porte que m’avait indiquée le valet… Te dire avec quelles
précautions je parvins à l’ouvrir serait chose impossible. Car dans
ce moment tous mes sens me paraissaient surexcités. Ce qu’il y a de
sûr, c’est que j’arrivai enfin à ouvrir, ou plutôt à entrebâiller
cette porte. Une tenture me cachait encore l’intérieur de cette
pièce. Je la soulevai juste assez pour glisser un regard et, autour
d’une table, je vis deux hommes et une femme. La femme, c’était la
courtisane Imperia ; les deux hommes, c’étaient Altieri et
Bembo… celui qui devint évêque et cardinal… Et maintenant, Léonore,
voici ce qui se disait entre ces trois êtres :
    « – C’est bien simple, disait Bembo, voici la dénonciation
écrite ; madame n’a qu’à la signer, et je me charge de la
faire parvenir ; je la jetterai moi-même dans le tronc…
    « – Oui, oui, reprenait Altieri d’une voix fiévreuse. Ton
idée est admirable, Bembo… Oui… l’assassin, c’est
lui !…
C’est
lui
qui sera accusé. C’est
lui
qui sera condamné.
    « – Mais, disait froidement Imperia, je serai appelée
devant le Conseil des Dix ?…
    « – Ce n’est pas certain, s’écriait Altieri. Et moi, j’en
fais mon affaire. Vous ne serez pas appelée… signez sans
crainte…
    « – Il y a erreur, reprenait Bembo. Il faut au contraire
que madame comparaisse devant le suprême conseil. Il faut que son
témoignage écrase à jamais cet
homme. »
    Dandolo s’arrêta encore, respira bruyamment et essuya la sueur
qui coulait de son front. Léonore entrevoyait l’horrible
vérité…
    Dandolo poursuivit :
    « Lorsque Bembo eut ainsi parlé d’un ton d’autorité, il y
eut chez la courtisane une sorte de révolte. Elle
s’écria :
    « – Et si je refuse ! Si je ne veux pas apporter ce
témoignage ! »
    « Je vis Altieri tourmenter son poignard.
    « Mais Bembo lui fit un signe, et il dit, paisible,
sinistre :
    « – En ce cas, madame, c’est nous qui viendrions apporter
notre témoignage. Et nous dirions la vérité… il faut une tête au
bourreau, madame. La vôtre ou celle de cet homme…
choisissez ! »
    « En même temps, il tendait une plume à la courtisane.
    « Il me semble voir encore cette femme.
    « Elle était livide, et alors seulement, je remarquai que
sa main droite et une partie de son bras étaient rouges de
sang…
    « Elle prit la plume et signa !
    « Je compris que c’était la condamnation de quelque
malheureux, mais j’étais à cent lieues de supposer l’effroyable
vérité.
    « Je vis Bembo s’emparer avidement de la feuille
dénonciatrice.
    « J’en savais assez ; je reconstituais cette tragédie…
Imperia avait assassiné quelqu’un, et c’est un autre qu’on allait
faire passer pour l’assassin !… Doucement, je me reculai,
tandis que Bembo, Altieri et Imperia continuaient à causer à voix
basse… Il me reste à te dire le plus terrible… »
    Et Dandolo, ayant prononcé ces mots d’une voix étouffée, se tut
encore, comme si vraiment la force lui eût manqué pour raconter le
reste… Léonore n’avait pas dit un mot.
    Ce reste que son père hésitait à dire, elle ne le comprenait que
trop ! Elle eût assisté à la place de Dandolo à ce drame
qu’elle l’eût maintenant reconstitué aussi bien.
    Quelques minutes pleines d’angoisse se passèrent, la fille et le
père évitant de se regarder.
    Enfin Dandolo, d’une voix sourde, reprit :
    « J’en savais assez… je me reculai !… j’arrivai
jusqu’au milieu du salon… À ce moment, une nouvelle plainte

Weitere Kostenlose Bücher