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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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verre de vin
capiteux qui ramena un peu de sang à ses joues décolorées.
    Alors, comme un voleur, il sortit de l’appartement qu’il
occupait avec sa fille. L’escalier était désert. Il s’y engagea, et
put gagner la porte du palais sans avoir été remarqué par les
domestiques.
    Dehors, sur le quai, il respira longuement. Il se tourna vers la
façade du palais… vers la fenêtre de Léonore, et répéta :
    « Adieu ! adieu, ma fille ! »
    À ce moment, comme pour répondre à l’adieu du triste père, la
fenêtre de Léonore s’éteignit subitement.
    Il pouvait être dix heures du soir.
    Dandolo demeura quelques minutes à la même place, frappé de
stupeur. Puis il murmura :
    « Allons, tout est fini… la gondole est là…
fuyons… »
    Il se tourna vers le canal et demeura pétrifié :
    Un homme était là, devant lui, enveloppé d’un manteau.
    « Qui êtes-vous ? » demanda Dandolo en
frémissant.
    Car cet homme, cet inconnu immobile et silencieux, lui
apparaissait comme un spectre.
    « Qui êtes-vous ? répéta-t-il.
    – Vous ne me reconnaissez pas, Dandolo ?… Tant
mieux ! Cela évitera des complications. »
    Dandolo respira, soulagé.
    Il avait redouté que cet homme ne fût Roland Candiano.
    Non, ce n’était pas lui ! Sans doute quelque seigneur de
Venise qui, le rencontrant, avait à lui faire quelque confidence.
Et cette pensée se fortifia lorsqu’il demanda :
    « Que me voulez-vous ? »
    L’homme répondit poliment :
    « Vous dire quelque chose en secret, Dandolo… mais pas ici…
on pourrait nous guetter… Consentez-vous à me suivre ?
    – Soit ! »
    L’inconnu se mit en marche. Dandolo l’accompagnait, sans trop de
préoccupation, ennuyé seulement de retarder son départ.
    Ils arrivèrent non loin du palais Arétin. Il y avait là une
sombre ruelle, et le quai lui-même était entièrement désert.
    L’homme fit quelques pas dans la ruelle. Puis il s’arrêta.
    « Dandolo, demanda-t-il, avez-vous votre dague ?
    – Elle ne me quitte jamais, fit Dandolo avec hauteur.
    – Très bien. En cas que vous fussiez désarmé, j’en avais
apporté une qui devient inutile. Je la jette, pour que je n’aie pas
sur vous l’avantage d’être deux fois armé. »
    L’homme, en effet, jeta au loin un poignard.
    En même temps, il se débarrassa de son manteau.
    « C’est donc un duel que vous êtes venu me proposer ?
fit Dandolo.
    – Vous l’avez dit.
    – Je ne me battrai pas contre un inconnu.
    – En ce cas, je serai forcé de vous égorger. Le mieux donc,
pour vous, est de vous défendre… Maintenant, avant de vous
attaquer, je vous dois une explication.
    – J’attends, monsieur.
    – Savez-vous, Dandolo, que nous sommes aujourd’hui le 29
janvier ? La question vous paraît oiseuse ? Elle vous
semblera naturelle quand j’aurai ajouté qu’en conséquence nous
serons dans deux jours au 1 er février. »
    Dandolo tressaillit.
    « Je vois que nous commençons à nous entendre, reprit
l’inconnu. Je n’ai pas besoin de vous rappeler ce qui se passera le
1 er février. Mais je dois vous rappeler que vous
connaissez tous nos secrets, et que vous avez volontairement quitté
notre association. Je dois également vous apprendre que votre mort
a été également décidée… ainsi que celle d’une personne qui vous
tient de près…
    – Léonore !… murmura sourdement Dandolo.
    – Enfin, pour terminer, je vous apprendrai que j’ai été
désigné pour vous tuer, et que voilà quinze jours que je vous
guette. Vous devez donc me remercier de ce que je vous offre un
combat à armes égales, au lieu de vous poignarder simplement, ce
que j’eusse pu faire vingt fois depuis dix minutes.
    – Je vous remercie en effet, dit gravement Dandolo. Mais je
ne vois pas la nécessité de ce duel… je parle à votre point de vue,
notez-le ; au point de vue de vos intérêts et des intérêts de
vos compagnons. Je comprendrais la nécessité de ma mort si j’étais
capable de trahir…
    – L’homme est faible, Dandolo… Il peut surgir telle
circonstance qui vous oblige à dire ce que vous savez.
    – Si j’avais voulu trahir, il y a longtemps que ce serait
fait.
    – Il y a encore deux jours, Dandolo. C’est plus qu’il n’en
faut.
    – Je quitte Venise dès cette nuit.
    – Un messager est vite envoyé… La vie de mille hommes
peut-être dépend de la vôtre… Quoi qu’il en soit, Dandolo, j’ai
reçu une mission, je l’ai

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