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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Et lui nous demanda si ce palais était
bien celui de Pierre Arétin. Sur notre réponse affirmative, il nous
supplia de le transporter auprès de vous.
    – Quel est cet homme ? Comment
s’appelle-t-il ?
    – Nous l’ignorons, monseigneur.
    – Au diable soit le blessé ! Que la gangrène étouffe
ce mourant qui trouve moyen de déranger les gens pour mourir.
Eh ! par tous les diables, ne saurait-on dormir en paix sans
que tous les agonisants de Venise viennent vous tirer par les
pieds ! »
    Ayant dit, l’Arétin donna l’ordre d’aller chercher le blessé, et
de le transporter dans le palais avec tous les ménagements que
comportait son état.
    « C’est ce que nous avons fait, dit le valet.
    – Et où l’as-tu mis, fieffé coquin ! Tu penses donc de
ton propre chef que ma maison est un hôpital ?
    – Monseigneur, nous l’avons mis dans la chambre du bas où
il y a un bon lit. Et j’ai envoyé chercher un chirurgien.
    – C’est bon ! Va-t’en !… »
    Le valet disparut. L’Arétin sauta à bas de son lit et s’habilla
promptement, tout en continuant d’ailleurs à grommeler :
    « Qui diable peut encore avoir eu cette idée de venir
mourir chez moi ! J’enrage de voir que ma maison devient un
refuge de moribonds… Et pourtant, il faudrait être Turc pour ne pas
entrebâiller sa porte à qui pleure !… Allons
voir !… »
    Il se hâta de descendre dans la chambre du bas où avait été
déposé le blessé sur un lit.
    Le moribond venait de perdre connaissance.
    L’Arétin s’approcha et le reconnut aussitôt.
    « Dandolo ! murmura-t-il. Dandolo à qui j’ai vendu le
portrait de Roland Candiano ! »
    Et ces deux noms combinant une association d’idées, Pierre
Arétin tressaillit.
    « Hum ! fit-il. Il me semble bien que celui qui a
donné ce rude coup pourrait s’appeler… »
    À ce moment, le blessé rouvrit les yeux et son regard se fixa
sur l’Arétin.
    « Courage, monsieur, dit le poète, courage ! Un
chirurgien va venir… Vous serez sauvé, sur ma parole… bien que je
risque de m’attirer certaines colères… »
    Le blessé fit un signe. L’Arétin se pencha.
    « Que désirez-vous ?… Pouvez-vous parler ?…
    – Le chirurgien ! fit Dandolo avec effort.
    – Il va venir… il vous sauvera… courage !…
    – Non !… je vais… mourir… »
    L’Arétin allait renouveler ses encouragements lorsque la porte
s’ouvrit, et le chirurgien entra. Il s’approcha aussitôt du blessé,
et vit que le poignard était resté dans la plaie. Il en examina la
position sans le toucher, et se releva.
    Dandolo fixait sur lui un regard calme et désespéré.
    « Je sais… que je suis perdu… murmura-t-il. Dites-moi
seulement quand… je dois mourir…
    – Prenez confiance, dit évasivement le chirurgien.
    – Parlez… je le veux… Je ne crains pas… la mort…
    – Eh bien, dit le chirurgien… quand on retirera le poignard
de la plaie, il est possible que vous ayez alors à redouter… mais
ce n’est pas sûr… Prenez courage !…
    – J’ai compris, fit Dandolo. Pouvez-vous me donner un
cordial… pour me… permettre de parler ?
    – Facilement », dit le chirurgien avec
empressement.
    Et il se hâta de fouiller dans une petite boîte qu’il avait
apportée avec lui. Il y prit un flacon et en versa tout le contenu
dans la bouche de Dandolo.
    Un peu de sang vint mousser aux bords de la blessure, autour de
la lame profondément enfoncée ; mais en même temps, les joues
livides du blessé reprirent un peu de couleur.
    « Je me sens mieux, dit-il… Merci… vous pouvez vous
retirer… je n’oublie pas ce que vous m’avez dit… »
    L’Arétin accompagna le chirurgien jusqu’à l’antichambre.
    « Qu’en pensez-vous ? demanda-t-il.
    – Cet homme mourra dans une heure ; il mourrait tout
de suite si on enlevait la dague… »
    L’Arétin fit une grimace de commisération et s’empressa de
revenir auprès du blessé.
    « Tout va bien, dit-il, le chirurgien a bon espoir…
    – Il ne s’agit pas de cela, dit Dandolo avec une certaine
fermeté dans la voix. Répondez-moi vite et franchement. Dans une
demi-heure peut-être sera-t-il trop tard…
    – Parlez, et soyez tranquille sur ma franchise. Je ne
voudrais pas mentir à…
    – À un mourant… Bien… Vous m’avez dit l’autre jour que
Roland Candiano était de vos amis ?
    – C’est-à-dire… écoutez… je me suis peut-être un peu
vanté. »
    Les yeux de

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