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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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augmentait pas.
    Qu’Altieri eût fait assassiner Dandolo, c’était dans
l’ordre…
    Il allait payer ses crimes d’un seul coup…
    Léonore, conduite par l’Arétin, entra dans la chambre où gisait
le corps de Dandolo. L’Arétin la laissa seule.
    À la vue de son père, cette force factice qui soutenait Léonore
faillit l’abandonner. Elle sentit des sanglots monter à sa
gorge…
    Mais, surmontant cette faiblesse, elle s’approcha du cadavre et
lui prit la main en signe de pardon suprême.
    En ce moment, la porte s’ouvrit violemment et un homme entra
avec précipitation…
    En effet, tandis que Léonore s’approchait du lit où son père
avait été étendu, une scène presque sinistre et presque burlesque
se passait à la porte du palais. Un homme enveloppé d’un manteau
avait monté les marches du palais moins d’une minute après l’Arétin
et Léonore.
    Il pénétra brusquement dans l’antichambre, y aperçut maître
Pierre, et, le saisissant violemment par le bras :
    « Où est la femme que vous avez conduite ici ?
Menez-moi à l’instant près d’elle ?
    – Holà ! cria l’Arétin, êtes-vous fou, mon
maître ! Ou bien voulez-vous être bâtonné par mes
valets !…
    – Misérable, gronda l’homme, je t’éventre si tu
n’obéis !…
    – Ohimé, bégaya l’Arétin, blême de terreur. Vous abusez,
monsieur ! Cette dame est là… remplissant un pieux devoir… et
vous devriez avoir honte… »
    L’homme n’en écouta pas davantage. Il se dirigea vivement vers
la porte que l’Arétin venait de lui indiquer d’un geste, et
entra…
    Léonore, au bruit, à cette haleine rauque qu’elle sentit sur sa
nuque, se retourna et vit Altieri.
    « Vous m’espionnez, maintenant ? dit-elle avec un
sourire livide ; vous êtes complet !… »
    Altieri, à la vue du cadavre de Dandolo, s’était découvert, et
reculait lentement.
    Il avait vu Léonore sortir du palais. Où allait-elle !…
    Roland était dans Venise… Un rendez-vous, sans doute !
    Ou bien, elle fuyait.
    Il s’était jeté alors dans une gondole et était arrivé au palais
Arétin presque en même temps que Léonore.
    « Vous avez voulu vous assurer que votre nouvelle victime
avait bien succombé ? reprit Léonore.
    – Ma victime ! balbutia le capitaine général…
J’ignorais cet événement, madame… je vous le jure… Dandolo
avait trahi
assez de gens dans Venise… Je le haïssais,
pour ma part, continua-t-il d’une voix plus ferme. Cet homme ne m’a
fait que du mal… mais il était votre père !… Non, non, madame,
ce n’est pas moi qui l’ai frappé… Cherchez
parmi ceux qu’il a
trahis…
comme il m’a trahi moi-même… comme il vous a trahie…
Je me retire, madame… Si j’avais su où vous alliez… je ne serais
pas venu vous déranger… »
    À ce moment, les yeux de Léonore tombèrent sur le poignard qu’on
n’avait pas encore retiré de la main crispée du cadavre.
    Mais avant qu’elle eût pu faire un geste pour s’en saisir,
Altieri s’était retiré et avait disparu aussi brusquement qu’il
était entré.
    Léonore demeura immobile, frappée d’une horreur nouvelle.
    Les paroles d’Altieri bourdonnaient dans ses oreilles :
    « Dandolo avait trahi assez de gens dans Venise… Cherchez
parmi ceux qu’il a trahis… »
    Qui donc avait été, par Dandolo, plus trahi que
Roland !…
    Cette pensée soudaine s’ancra avec force dans son esprit.
    C’était son amant qui avait frappé son père !…
    Et si cela était !… Pouvait-elle se plaindre et le
blâmer ? Non, non, une terrible fatalité armait l’un contre
l’autre ceux qui jadis s’étaient tant aimés…
    Il n’y avait qu’à courber la tête sous cette fatalité !
    Cependant, au milieu de ces tragédies qui bouleversaient son
âme, Léonore gardait son sang-froid. Le souci du bon renom de la
famille la soutenait encore, tant les lois factices de l’existence
en société ont de force et d’emprise.
    Il fallait que le chef de la famille Dandolo eût des funérailles
dignes de la haute situation qu’il avait occupée.
    Ainsi, cette fille étonnante, dans les circonstances dramatiques
où son cœur avait tant souffert, avait toujours songé à sauvegarder
sa dignité et celle des siens.
    C’est ainsi que nous l’avons vue, dans les premiers temps de son
mariage avec Altieri, et tant qu’elle ignora la vérité sur
l’arrestation de Candiano, faire en sorte que nul ne soupçonnât
quel

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