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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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rendaient au Soleil-d’Argent, cette auberge où
jadis l’Arétin avait vendu deux chevaux à Roland.
    Le lendemain matin, ils sortaient de Mestre, et le soir, ils
arrivaient au palais Arétin, où nos lecteurs les retrouveront
bientôt.

Chapitre 17 LA TOMBE DE BIANCA
    Le carrosse qui entraînait Bembo, en sortant de Mestre, avait
pris la route de Trévise, et, escorté par une douzaine de
cavaliers, était arrivé aux gorges de la Piave, puis s’était enfin
arrêté devant la Grotte-Noire.
    Le cardinal, dans cette dernière partie de son voyage, avait
recouvré à peu près sa tranquillité d’esprit. En ces huit jours, il
avait échafaudé plans sur plans et avait fini par se
dire :
    « Voyons d’abord où il me mettra ; jusque-là, rien à
faire. »
    Sa haine contre Roland n’avait pas grandi, parce que cette haine
était déjà poussée aux dernières limites. Mais un phénomène assez
bizarre s’accomplissait dans l’esprit du cardinal. Roland qui,
pendant si longtemps, lui avait inspiré une terreur folle, cessait
d’être à ses yeux le vengeur terrible et implacable qu’il s’était
figuré.
    Lorsque la voiture s’arrêta et qu’on le fit descendre, d’un
rapide coup d’œil il examina le paysage et, bien qu’il fît nuit, il
le reconnut.
    « La Grotte-Noire, songea-t-il. Je m’en doutais… »
    Scalabrino l’avait pris par un bras et l’avait entraîné.
    Une porte fut ouverte.
    Scalabrino le poussa et entra derrière lui.
    À sa stupéfaction, Bembo se vit non pas dans le fameux cachot,
mais dans une sorte de chambre convenablement meublée.
    Scalabrino avait fermé la porte à triple verrou et s’était assis
sur une chaise, sans prononcer une parole. Ses tempes qui, par
moments, gonflaient leurs veines, ses yeux injectés de sang, et
parfois un rapide frémissement, indiquaient seuls quelle tempête
devait se déchaîner dans l’âme du colosse.
    Bembo s’assit dans un fauteuil.
    La pièce était éclairée par un flambeau.
    « Est-ce ici que je dois être enfermé ? » songea
le cardinal.
    Les heures s’écoulaient. Un profond silence régnait aux
alentours. À un moment, il sembla à Bembo que son gardien s’était
endormi. Il se leva, le cœur battant, et fit un pas vers la
porte.
    Scalabrino plaça sa chaise devant cette porte et s’y adossa.
    Le cardinal feignit de faire quelques pas et alla se rasseoir
dans son fauteuil.
    « Fou ! songea-t-il. Trop de précipitation !…
Mais je prévois que les occasions vont être nombreuses… »
    Il finit par s’endormir sur son fauteuil.
    Il dormit longtemps d’un sommeil agité. L’impression soudaine
que quelqu’un près de lui le regardait l’éveilla en même temps que
la sensation d’un courant d’air froid.
    Il ouvrit les yeux et vit que la porte était ouverte.
    Sur la table, le flambeau achevait de se consumer lentement.
    Devant lui, Roland debout. Le cardinal se dressa, effaré.
    « Venez », dit Roland.
    Et il sortit de la pièce, laissant la porte ouverte.
    Bembo demeura quelques secondes cloué à sa place par une
inexprimable terreur. Puis une bouffée d’espoir monta tout à coup à
son cerveau, et il franchit la porte.
    Il se trouva alors dans une sorte de couloir désert.
    À droite tout était sombre, vers le fond de la grotte ; à
gauche, une lumière jetait d’indécises lueurs.
    Bembo frémit d’une joie folle. À pas de loup, il tourna à
droite.
    Qu’espérait-il en s’enfonçant dans la grotte ? Peut-être
trouver une autre issue pour fuir, ou peut-être se cacher…
    Mais au bout de dix pas, il se heurta à trois hommes qui, sans
un mot, le repoussèrent, le refoulèrent vers l’entrée de la
grotte.
    Bembo alors précipita sa course. Ayant constaté que les trois
hommes ne le suivaient pas, il fit ce plan de se ruer au-dehors, de
foncer tête baissée contre tout ce qui essaierait de l’arrêter. En
quelques bonds il fut dehors, sur cette plate-forme qui s’étendait
devant l’entrée de la grotte et qui se terminait brusquement par la
coupée à pic de l’abîme au fond duquel mugissait la Piave.
    Là, il s’arrêta soudain, et une imprécation jaillit de sa bouche
écumante ; autour de lui, une centaine d’inconnus armés
formaient un cercle sur un triple rang d’hommes. Le cercle était
étroit, hérissé de poignards. Bembo comprit qu’il était perdu et,
le vertige s’emparant de lui une seconde, il vacilla sur ses
jambes. Mais, par un dernier effort, il se remit et

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