Les Amazones de la République
vue, à différentes et nombreuses reprises. Affichant sa liaison au grand jour, Nicolas Sarkozy accrochait du regard lâautre « femme de ses rêves », quâil couvrait alors dâattentions : il aimait cette fille dont il avait séquestré les jours et les nuits. Soulier mignon posé sur le marchepied de sa nouvelle vie, « Anne », quant à elle, rayonnait dâinsoucianceâ¦
Les photos du couple en question furent dâabord proposées à Paris Match . Les deux photographes avaient imaginé que le directeur du magazine â Alain Genestar, à lâépoque â allait les acheter afin dâen bloquer la publication. Compte tenu du précédent fâcheux qui avait vu cet hebdomadaire publier en couverture des photos de Cécilia Sarkozy au côté de Richard Attias â une initiative à lâorigine dâun conflit volcanique entre lâancien locataire de lâÃlysée et Arnaud Lagardère â, ils pensaient que le patron de Match ne prendrait pas le moindre risque. Et quâen signe dâapaisement, il profiterait de lâacquisition de ces clichés encombrants pour se racheter une conduite et rentrer dans les bonnes grâces dâun Nicolas Sarkozy qui lâavait mis sur sa liste noire.
Alain Genestar examina longuement le jeu de clichés qui sâétalait sous ses yeux. Plongeant dans les archives de son journal, il avait retrouvé une autre photo, prise celle-ci au Bourget, en 2007, lors de lâimposant meeting organisé par lâUMP : éloquent ? On y voyait Nicolas et Cécilia Sarkozy à côté dâune journaliste, qui nâétait autre quâAnne Fulda. Sex and politics  : de quoi agrémenter les colonnes de Match dâune histoire, dâun récit, dâun conte moderne aux accents de vaudevilleâ¦
Mais la nuit portant conseil, le lendemain matin, Alain Genestar renonça à cette publication, non sans avoir consulté le patron du groupe, Arnaud Lagardère : à quelques mois dâune victoire annoncée (par les sondages) de Nicolas Sarkozy, les risques encourus apparurent bien trop importants aux yeux du capitaine dâindustrie, qui freina des quatre fers. Les photographes se retournèrent alors vers VSD, à qui ils proposèrent lâintégralité de leurs reportages, pour la somme de 80 000 euros. Contrat passé, Philippe Labi, qui dirigeait alors ce magazine, demanda aux deux reporters de lui laisser ces clichés vingt-quatre heures, le temps dâune dernière réflexion.
à peine eurent-ils le dos tourné que Labi alerta Pierre Charon, lequel se rendit immédiatement dans les locaux du journal, pour y découvrir le travail des deux paparazzis. Celui qui jouait les missi dominici de Sarkozy se précipita, illico , place Beauvau pour en informer son locataire : un coup de fil de ce dernier à Philippe Labi mit fin à lâhistoire. Et suffit à enterrer ces clichés, quâaucun organe de presse nâa jamais publiés.
Chapitre 38
Une femme à lâabandon
« Bonjour madameâ¦Â » Nicolas Sarkozy avait ce jour-là lâattendrissante et cavalcadante allure du futur gendre en attente dâune bénédiction. Sagement assis, son visage osait le sourire timide du minot qui sâen va mendier les faveurs dâune belle-mère en puissance. Laquelle, sur la réserve inquiète, découpait au scalpel les expressions confites dâun homme au regard mouillé, qui a plus dâun tour dans son sac.
Tout à trac, ce ministre, en piste pour lâÃlysée, confiait être littéralement toqué de sa fille. Dopé à un élixir de Jouvence, le verbe enrubanné et la corde sensible, il régalait cette maman dâun enthousiasme caracolant. M me  Fulda avait bien entendu : oui, il aimait « Anne ». Oui, il comptait lâépouser ! Nous voilà bienâ¦
Car cette mère sâinquiétait : nâaurait-il pas été plus raisonnable que sa fille choisisse sur les catalogues de lâhémicycle, par exemple, une entrée de gamme plus sobre, plutôt quâune classe prestige chromée à lâexcès ? Pas sûre, en effet, quâAnne puisse dominer la conduite dâun tel bolide de la politique.
On peut aisément imaginer la
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