Les Amazones de la République
Darty, situé celui-ci à Montparnasse, obtint du directeur lâadresse à laquelle la commande de Nicolas Sarkozy avait été facturée : un immeuble de standing, situé avenue Victor-Hugo, dans le 16 e  arrondissement.
Le reste fut dâune facilité sans nom pour ces chasseurs, qui se mirent « en planque ». Un mot sur ce tandem, auquel il faut dresser quelques éloges, compte tenu de leurs faits dâarmes. Ces deux reporters sont, en effet, ceux-là même qui firent les toutes premières et célèbres photos de Mazarine, prises en compagnie de son, père, François Mitterrand, devant le restaurant Le Divellec. Lâépisode en question est plutôt savoureux. Les deux hommes avaient dâabord traîné et « planqué » aux abords du quai Branly, en face du domicile de lâancien président de la République disparu. Puis, ils avaient loué une soupente de lâautre côté de la Seine, donnant sur la façade. Câétait lâautomne et la vue sur les appartements de François Mitterrand était obstruée par une rangée dâarbres à la végétation touffue. Contact fut pris avec un pépiniériste de leur relation, auquel ils demandèrent sâil existait sur le marché un défoliant suffisamment puissant pour ajourer cette muraille de feuilles qui masquait la façade : Rostain et Mouron se proposaient dâaller asperger, nuitamment, la rangée dâarbres en faction devant les balcons de Mitterrand avant de lâen déshabiller de sa verdure !
Mais la protection rapprochée du président de la République, qui veillait, repéra les deux hommes. Tombèrent, ainsi, sur le fax de la responsable du service de presse de lâÃlysée, Nathalie Duhamel, ces quelques mots : « Demande dâinformation, Bruno Mouron, Pascal Rostain, attitude suspecte devant le domicile du PR. » « Connards de journalistes, tenez-vous à carreau ! » : mis sur écoutes et suivis désormais dans leurs moindres faits et gestes par les policiers du GSPR, les deux paparazzis furent sommés de quitter les lieux. Débusqués, ils firent mine dâabandonner leur traque, détournant ainsi lâattention des policiers. Si bien que, quelques semaines plus tard, cette fine équipe parvint à « loger » sa cible â dans le jargon. Et à faire cette fameuse série de photos de Mazarine dont François Mitterrand, libéré du poids dâun lourd secret, autorisa la publication dans les colonnes de Paris Match .
Installés en face du domicile dâAnne Fulda, nos deux hommes rongeaient leur frein et une tonne de sandwichs â lâembonpoint, câest de notoriété, va souvent de pair avec ce métier. Les jours passèrent jusquâà une après-midi où ils virent débouler devant lâimmeuble, à leur grande surprise, non pas un camion de livraison de chez Darty, mais deux camionnettes banalisées â des « sous-marins » â du ministère de lâIntérieur. Garés en double file, ces véhicules déversèrent un petit groupe de « livreurs », qui acheminèrent le contenu des fourgonnettes à lâétage de la jeune femme : en vérité, des fonctionnaires du ministère spécialement réquisitionnés par leur locataire, afin dâemménager lâappartement de celle dont Nicolas Sarkozy était tombé éperdument amoureux.
Cette étape réglée, les deux photographes louèrent ensuite une chambre dans un hôtel situé juste en face de lâappartement de la jeune femme. Durant une semaine, ils espérèrent voir le couple et faire la photo tant attendue. Mais, tantôt, câétait le ministre, seul, qui sortait de lâimmeuble, avant de sâengouffrer dans la voiture de fonction qui lâattendait. Tantôt, câétait la journaliste qui apparaissait sur le trottoir, orpheline à son tour. Jusquâau jour où â bingo ! â le couple apparut, bras dessus, bras dessous, revenant du marché voisin, les cabas chargés de fleurs.
Cette scène, montrant lâancien ministre et sa nouvelle compagne déambulant dans les rues de ce quartier, bien des commerçants et des habitants de cet arrondissement lâont
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