Les Amazones de la République
incarnent lâ hybris , la toute-puissance, les désirs incestueux, la rivalité fraternelle et parfois un simple mortel se targue de les représenterâ¦Â »
LâÃlysée, cet Aventin, cette Terre promise, cette Jérusalem de la politique⦠Valérie Trierweiler a-t-elle pris toute la mesure de la force symbolique du lieu, du destin de lâhomme dont elle est tombée amoureuse et de la liturgie qui accompagne la fonction présidentielle ? Rien nâest moins sûr. La politique se repaît de mythologie. Colombey-les-deux-Ãglises, Chamalières, Vézelay, Solutré⦠Dâun sanctuaire lâautre, combien parmi les illustres prédécesseurs de François Hollande se sont bâtis, de leur vivant, des lieux de culte ou de pèlerinage, sans que les Français sâen offusquent ou en rigolent ? Est-il, sans majesté ou mystère, de président possible ? On cherche encore chez François Hollande la pierre, le site, la stèle, la phrase, lâimage qui restera. En attendant, les Français se gondolent. Ãlysée Comédie Club : la première année de son mandat a vu le Palais se transformer en un plateau de tournage de sitcom, dont Valérie Trierweiler serait lâactrice principale. Et le couple présidentiel en une mine de sketchs, désopilants, pour les Guignols de lâinfo de Canal +, qui lâétrillent. François Hollande qui disait vouloir balayer lâÃlysée des scories de son prédécesseur, en magnifiant la fonction présidentielle, a trébuché là où Nicolas Sarkozy sâest vautré : dans lâétalement de sa vie privée devenue un vaudeville.
LâHistoire semble avoir ainsi déserté cet édifice et un vertige nous prend. La magie est rompue, lâÃlysée nâintimide plus. Le temple est écroulé. « Monsieur Faible », comme le qualifie LâExpress , en avril 2013, semble avoir banalisé le lieu. On se prend ainsi à fouler le gravier de la cour dâHonneur en traînant ses godillots, sous les regards de ces pigeons, si gonflés dâorgueil encore hier, qui ricanent aujourdâhui sous lâaile. Une fois dans lâenceinte, on parcourt ses couloirs, à la recherche du bureau du conseiller, avec lequel on a pris rendez-vous, comme dans les étages dâune administration dont on guette le numéro de guichet. Pour un peu, on taperait une clope à lâhuissier et on demanderait le chemin de la buvette, après avoir garé sa Clio dans la cour, sans être sifflé par les gardes républicains, puisquâil suffit de glisser sa pièce dans lâhorodateur.
Un éclair a pourtant jailli dans cette grisaille plombante. Dans les premiers jours de mars 2013, une rumeur a parcouru le Tout-Paris, telle une traînée de poudre. Celle-ci prêtait une liaison à François Hollande. Et la jeune femme dont il sâagissait était, non pas une journaliste au pedigree incertain, ou une icône en stuc du petit écran, mais une étoile du cinéma dâune beauté homologuée : la comédienne Julie Gayet.
Paris tenait enfin son « gossip » et lâÃlysée son conte de fées. Sifflant à lâunisson, quelques merles alentour saluèrent la silhouette de celle aperçue dans le quartier et dont les bureaux se situent rue de Castiglione, câest-à -dire à deux pas de ceux de François Hollande. Tandis que quelques paparazzis sur le pied de guerre planquaient à ses basques, la machine médiatique tenta une première reconstitution : on ressortit des archives quelques déclarations enflammées de la jeune femme tenues sur François Hollande durant la campagne présidentielle, des propos que lâon rapprocha de quelques anecdotes invérifiées, selon lesquelles la belle et le président échangeaient depuis quelques mois plus quâune correspondance épistolaire.
Si bien que lâon se réjouit à lâavance de cette histoire naissante qui, non seulement allait égayer ce quinquennat et les échotiers de la place, mais également perpétuer cette bonne et saine tradition républicaine, qui fait de lâÃlysée un lieu ensorcelé où vont se perdre des amazones aux amours nomades. Lâimagination galopante dâune poignée de
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