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Les Amazones de la République

Les Amazones de la République

Titel: Les Amazones de la République Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Renaud REVEL
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besognes, histoire de l’occuper. Ce qui fait dire à celle-ci, qui s’en amuse aujourd’hui, avec l’humour et le recul indispensables : « En restant dix-huit mois aux côtés de Nicolas Sarkozy, j’ai gagné un billet d’humeur dans les colonnes du Figaro , quand d’autres, qui l’ont fréquenté deux mois, ont hérité d’un JT ! »
    Anne Fulda, qui n’était pas encore au bout de ses surprises, comprit vite l’immensité des dégâts collatéraux qu’entraînait cette rupture. N’étant pas de tempérament à s’apitoyer sur elle-même, elle prit, à l’époque, son bâton de pèlerin, dans l’espoir de quitter Le Figaro . C’est ainsi qu’elle alla frapper à quelques portes amies. À celle, notamment, de Martin Bouygues, le propriétaire de TF1, un patron du CAC 40 en compagnie duquel elle avait fréquemment déjeuné et dîné, par le passé, à l’initiative de Nicolas Sarkozy. Embarrassé, l’industriel lui fit comprendre qu’il lui était très difficile de la faire embaucher au sein de cette chaîne, en raison de la présence dans ses murs d’une autre protégée de « Nicolas », Laurence Ferrari. Mais, bon prince, Bouygues téléphona à l’un de ses condisciples, le propriétaire du Point , François Pinault, lequel eut ce cri : « Mais tu es fou, si je l’embauche, Cécilia m’arrache les yeux ! » Si Nicolas Sarkozy fut un paratonnerre pour les unes, il fut une guillotine pour les autres.
    Six ans plus tard, cette journaliste de talent – que l’auteur a rencontrée –, est toujours en poste au Figaro , dans une situation pas forcément plus confortable. Restent, chez elle, quelques souvenirs en cavale et une fêlure indicible que masque une grande élégance.

Chapitre 39
Jacques, Nicolas et Carla
    Â«Â Ã‡a n’a pas l’air d’aller, Nicolas, quelque chose ne va pas ? » Jacques Séguéla, qui observait son ami du coin de l’œil, lui trouvait un air chafouin, ce matin d’octobre 2007. « Sarko » mastiquait sa mauvaise humeur. Bougonnait des propos inaudibles, qui obligeaient son visiteur à tendre l’oreille. L’Élysée, ce « pied ! », ce confort, ce pinacle, pourtant… « Allons, Nicolas, regarde où tu es ! » Guignolade ! Si tu savais, mon coco… Jamais mythe ne sonna plus creux, lisait-il dans le regard de son président de copain.
    Nous étions un samedi et le publicitaire se souvient avoir regardé Nicolas Sarkozy se morfondre, dans son bureau, debout, figé, devant l’une des fenêtres qui donnent sur le parc du Château. Muré dans un épais silence, ce président de la République fraîchement élu semblait perdu. Cécilia s’était définitivement fait « la malle », au terme d’un été cauchemardesque. Et son quotidien n’était que rencontres sans lendemain, additions séparées et plateaux-repas devant la télé. On ne saurait imaginer homme plus seul. Tellement seul et silencieux que Séguéla, en retrait, n’osait l’effraction.
    Mais, sans préavis, Nicolas Sarkozy se retourna et lâcha d’une traite, comme on expulse une bouffée d’air mauvais, après une longue apnée : « Écoute, Jacques, je n’en peux plus ! Je suis tout seul et ma vie est un calvaire. Regarde-moi ! Nous sommes samedi, tout le monde s’est tiré dans cette baraque, où je vis enfermé du matin au soir, comme dans un caveau ! Dès que je quitte Élysée, je suis traqué par des paparazzis. Il suffit que j’aille dîner en ville pour que le lendemain Tout-Paris soit au courant. Et si j’ai le malheur d’inviter une fille à manger un morceau, elle est tout de suite cataloguée comme étant ma dernière maîtresse en date. Conclusion, je passe mes soirées à regarder la télé. Comme un con ! » Nicolas Sarkozy, qui a fait les frais, plus que tout autre, de la politisation de l’espace privé, souffrait pourtant que sa vie quotidienne ne soit plus que ce roman sur papier glacé, qu’il avait su si bien vendre durant des années aux Français, du temps

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