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Les Amazones de la République

Les Amazones de la République

Titel: Les Amazones de la République Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Renaud REVEL
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de Cécilia, par médias interposés.
    Désarçonné par l’état psychologique de celui dont il connaissait les humeurs alternées, médusé par le coup de blues imprévu d’un homme qu’il savait de longue date incapable de rester seul plus d’un mois, Jacques Séguéla improvisa : « Allons, Nicolas, il ne faut pas te mettre dans cet état-là ! Laisse-moi faire, on va t’organiser… Tiens, un dîner ! Qu’en dis-tu ? »
    Ah, la belle idée ! « D’accord, mais je veux qu’on se marre, qu’on s’amuse, qu’on chante… », lui répliqua Nicolas Sarkozy, que la proposition du publicitaire sembla soudainement ragaillardir. Combien de fois, par le passé, un entourage aux petits soins s’affaira afin de distraire celui à côté duquel on installait, dans des dîners improvisés, des jeunes femmes préalablement « castées » ? Du prêt-à-draguer et à consommer, si besoin. « Écoute, je vais inviter à la maison Julien Clerc et Carla Bruni, si cela te convient », ponctua celui dont les dîners sont encore aujourd’hui parmi les plus courus du Tout-Paris politico-médiatico-intellectuel.
    Dès le lendemain, Jacques Séguéla se lança dans l’organisation de ce repas, qui fera, quelques semaines plus tard, les gorges chaudes du Tout-Paris, au même titre que les festivités du Fouquet’s, au soir du second tour de la présidentielle. Entre-temps, le publicitaire, qui apprit la défection de Julien Clerc, alors en tournée, modifia légèrement son plan de table. Se retrouvèrent ce fameux soir, au domicile du publicitaire, le philosophe Luc Ferry et son épouse, Péri Cochin et son mari, ainsi que Carla Bruni.
    Il s’en fallut pourtant de peu pour que celle-ci déclinât l’invitation de son hôte. Carla Bruni, dont les amitiés à gauche sont connues, ne voulait pas croiser le chemin de celui qui symbolisait, à ses yeux, la droite dans ce qu’elle a de plus conservatrice et tape-à-l’œil, de plus « bling-bling ». « Sarko » incarnait tout ce que Carla Bruni abhorrait : il était de ces « gens-là », de cette caste qu’il est impensable de fréquenter. Si bien qu’il avait fallu toute l’insistance de Jacques Séguéla – «Tu verras, c’est un mec sympa, il va te surprendre… » –, pour la convaincre de faire l’effort de s’asseoir à la même table que celui qu’elle se contenterait d’écouter poliment : l’infidélité, quand il s’agit d’idées ou de politique, a ses limites…
    Le samedi suivant, dans la matinée, Jacques Séguéla reçut un coup de téléphone de Nicolas Sarkozy : « Au fait, il y a qui finalement à ton dîner ? — Comme je te l’ai déjà proposé, Carla Bruni », répondit le publicitaire, qui sentit comme un blanc au bout du fil. Puis : « Tu sais, Jacques, s’il y a une femme que je rêve de rencontrer depuis des années, c’est elle… — … Et tu risques de repartir de chez moi conquis », répliqua celui qui rappela, immédiatement après avoir raccroché avec son ami, Carla Bruni, pour lui faire part de l’enthousiasme de « Nicolas ».
    La suite est connue : c’est l’histoire d’un coup de foudre. Revisitons cette scène, maintes fois dépeinte, mais dont Jacques Séguéla précisa à l’auteur quelques détails ignorés. Le dîner démarra tôt. Nicolas Sarkozy, qui avait rendez-vous le lendemain à l’Élysée avec l’ensemble des responsables syndicaux de la place, avait demandé à son hôte de faire en sorte qu’il puisse quitter son domicile vers 23 heures. L’ambiance était joyeuse, décontractée, et Nicolas Sarkozy n’avait d’yeux que pour Carla Bruni. Assise à ses côtés, toutes griffes rentrées, elle se surprit à se pelotonner dans son regard. De temps à autre, les herses de ses paupières se relevaient, laissant filtrer quelques signes d’intérêt marqués pour cet étrange garçon au charme indéniable.
    Elle en avait pourtant vus dans sa vie, des

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