Les Amazones de la République

bataillons de parlementaires, dont il leur avait fallu repousser bien souvent les assauts. Papotages entre consœurs : la carte de presse 63 331 – le matricule professionnel de la première dame –, sondait celle qui aurait pu endosser les mêmes attributs, si Nicolas Sarkozy et l’histoire en avaient décidé tout autrement…
    C’est sous les plafonds mordorés de la salle des Quatre-Colonnes de l’Assemblée nationale, en 2005, que François Hollande croisa, pour la toute première fois, la silhouette de celle qui partage aujourd’hui sa vie. Trottinant derrière elle, les lorgnons sur le nez, il l’aborda d’abord avec une politesse toute ronde, avant de l’emballer avec un humour à revendre, auquel on résiste peu. Bonne pioche : cette journaliste, qui avait à ses trousses une bonne partie de l’hémicycle, était même parvenue à émoustiller Lionel Jospin, c’est dire. Perclus de principes trempés dans l’amidon, cet ancien Premier ministre, chez qui un simple regard jeté sur les courbes d’une jolie femme suffit à vous convaincre d’adultère, était allé réciter quelques versets de La Paille et le Grain , de François Mitterrand, afin de trouver l’absolution.
    C’est donc sans regrets que Jospin observa le ballet de François Hollande, qui estoqua celle qu’il emmena un jour sur une plage d’Agadir, au Maroc. Planqué à quelques mètres, un paparazzi immortalisa les roucoulades du couple enlacé. Et la France découvrit, en couverture de magazines de la presse people, l’identité de celle qui avait supplanté Ségolène Royal dans le cœur de l’homme qui s’apprêtait à aller briguer l’investiture du PS, à la conquête de l’Élysée.
    Telle une antienne cruelle, quelques-unes de ses consœurs, parmi les plus capées en la matière, lui remémorèrent quelques fâcheux précédents et lui serinèrent quelques évidences. Elles tentèrent ainsi de la mettre en garde sur les risques qu’il y avait à s’amouracher d’un homme politique. Qui plus est, s’il avait grandi au sein d’un parti dont François Mitterrand avait été le maître-étalon. Jacqueline Chabridon fut de celles-là. « François n’est pas différent des autres », se permit l’ancienne journaliste de RMC. L’orgueil souffle aux politiques qu’ils sont toujours les meilleurs et les plus beaux. Quant à la séduction, elle est consubstantielle de leur action, ajouta-t-elle. Chacun sait à quel point l’exercice du pouvoir, non seulement galvanise la capacité de séduction, chez nos dirigeants, mais décuple également leurs pulsions sexuelles, aurait-elle pu compléter.
    Valérie Trierweiler risquait à la fois de se briser les os et d’envoyer sa carrière au pilon, en s’aventurant sur ce terrain, où tant et tant d’innocentes s’étaient enlisées avant elle. Et Chabridon parlait d’expérience…
    Quant à François Hollande, il fit appel à cette même journaliste, amie de Michel Rocard et de Lionel Jospin, afin qu’elle passe quelques messages à « Valérie » : elle saurait sûrement trouver les mots justes, pensa-t-il. « Dis-lui qu’elle n’a pas à être jalouse », insista, notamment, le nouveau locataire de l’Élysée. Et qu’elle arrête de tweeter, tempêta le même Hollande, en juin 2012, au lendemain du fameux tweet que Valérie Trierweiler rédigea en soutien à Olivier Falorni, le candidat dissident du PS opposé à Ségolène Royal, lors du second tour des législatives à La Rochelle !
    Dans les premiers mois de leur relation, et afin notamment d’échapper aux journalistes qui les traquaient, les deux tourtereaux vagabondèrent de domicile en domicile, hébergés par quelques copains de l’une ou de l’autre. Ironie : ils passèrent un mois, ainsi, dans l’appartement parisien de Pascal Rostain, ce paparazzi, évoqué plus haut, à l’origine des photos volées d’Anne Fulda et Nicolas Sarkozy ! Jusqu’à ce que l’officialisation de leur liaison et le démarrage de la campagne présidentielle les projettent