Les Amazones de la République
en pleine lumière, dans le champ médiatique. Et que Valérie Trierweiler devienne un objet de curiosité.
Tout a été dit, tant de choses ont été racontées et écrites sur celle-ci. Livres, journaux, télévisions, magazines, réseaux sociaux⦠Jamais, de toute la V e  République, une première dame nâaura vu sa vie ratissée, épiée et passée à ce point au laminoir par les médias. Mais jamais non plus, une journaliste ligotée à la politique nâaura alimenté, par ses maladresses, emportements et dérapages répétés, un feuilleton, dont lâopinion se délecte et se rengorge. Partageant, en octobre 2012, sa colère et son exaspération avec la ministre déléguée à la Francophonie, Yamina Benguigui, qui venait de se faire rappeler à lâordre par lâÃlysée, après que la presse eut révélé quâelle avait préféré emprunter un Falcon 900 de la République, plutôt quâun avion de ligne, pour se rendre à un sommet de la Francophonie â une escapade dâune facture évaluée à 140 000 euros â, Valérie Trierweiler avait lancé : « On est là pour cinq ans et on emmerde les journalistes ! » Qui sây frotte⦠Dans les étages de Paris Match , son directeur, Olivier Royan, compte ses abatis depuis quâil sâest pris une belle soufflante, après avoir publié dans ses colonnes, à lâhiver 2012, sans lâen avertir, des photos de son couple prises au débotté dans les allées du jardin du Luxembourg. On ne compte plus par ailleurs les algarades avec la presse, qui se défie dâelle désormais.
Ãtre ou ne pas être première dame ! Voilà la question, que ne semble pas avoir réglée celle que sa dualité (sa schizophrénie ?) conduit parfois à des embardées incontrôlées. Ce nâest pas faute dâavoir essayé de travailler et de se corriger, sous les conseils dâun entourage où gravitent les « spin doctors ». Comme on pratique un exorcisme, elle tenta alors de sâentraîner, dâexécuter devant ses miroirs les figures obligées liées à la fonction, de domestiquer son tempérament. Pas simple. On sâefforce pourtant dâoublier sa vie dâavant, de changer de peau et dâendosser les habits dâune autre. Pas facile. Car il vous faut dénoncer ce que vous avez été par le passé. Et sâapproprier ce à quoi vous nâavez jamais été préparé, et pour cause. Bref, il vous faut endosser ce rôle dont Cécilia Sarkozy, effrayée, ne voulut pas.
Or lâopinion ne pardonne rien à celle qui sâécarte de sa charge et du livret, qui se targue de vouloir écrire une tout autre partition : en lâoccurrence, celle dâune première dame « normale », qui vivrait dâune plume libre, se targuant dâéchapper aux obligations de son nouveau statut. Quelle illusion. Car, une fois installée dans vos nouveaux meubles, à lâÃlysée, tout change : les chansons que vous interprétiez hier nâintéressent plus personne â nâest-ce pas, Carla Bruni ? Et les articles que vous publiez dans les colonnes de Paris Match sont désormais examinés à la loupe par une profession qui vous étrille, quand, hier, ces mêmes publications passaient inaperçues.
LâÃlysée, cet étouffoir : bombardée première dame, vous êtes dâune heure à lâautre une chanteuse et une journaliste défroquées. « Les hommes et les femmes politiques sont devenus, à leur corps défendant, des idoles qui cristallisent nos espoirs et nos attentes, qui nous incarnent et nous rassemblent. Leur vie prend des allures de destin, et cette traversée du fantasme qui les mène aux sommets du pouvoir peut provoquer bien des dégâts »,écrit le psychanalyste Serge Hefez dans les colonnes du Monde , au lendemain même de lâaffaire DSK, au printemps 2011. « Ces forces telluriques qui nous habitent se nourrissent dâune mythologie intime où se côtoient Icare et Ådipe, Caïn et Antigone, et tous ces héros dépassés par un destin marqué par la gloire et la chute, parfois la résurrection. Ils
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