Les Amazones de la République
monnayer. Même le chagrin dâune vie.
Chapitre 27
Un cadeau de 20Â 000 francs
Chez Bernadette Chirac, la vengeance est un plat qui se mange chaud⦠Lâépouse de Jacques Chirac nâattendra pas des années avant dâobtenir la tête de celle quâelle avait en méfiante horreur : Marie-France Garaud. Matrone trop longtemps rivée au judas de la vie de son couple, cette dame de pique devait « dégager », selon lâexpression de « Bernie » ! Réalisée par Christine Clerc en 1979, comme on lâa évoqué, lâinterview retentissante quâelle donna au magazine Elle sonnera la fin de lâhistoire. Cet entretien, qui fit date, contribua à la déchéance de celle qui fut baptisée, à lâépoque, par lâentourage de Chirac, à Matignon, la « mère Josèphe ». « Câest elle ou moi », tranchera Bernadette Chirac, les yeux plantés dans ceux de lâhomme qui nâaura pas dâautre choix que de sacrifier Garaud. Lâemprise de cette conseillère de lâombre â à de nombreux égards â, sur son mari, comme les déambulations assassines dans les coursives de la mairie de Paris, dâabord, et de Matignon, ensuite, nâavaient que trop duré, aux yeux de celle qui prononça la sentence. Et qui décréta son exil.
Si bien que le règne de Marie-France Garaud sâacheva piteusement dans les douves de la chiraquie, après que la « reine mère » eut décidé, seule, de son éviction.
Les derniers instants de cette chute nâen furent que plus pathétiques. On assista, en effet, à cette scène, pour le moins inouïe, qui vit un matin la voiture de Marie-France Garaud rattraper à vive allure, rue de Rivoli, à deux pas du musée du Louvre, celle de Jacques Chirac. Puis sâimmobiliser au beau milieu de la chaussée, avant que la « dame de fer » en descende et pénètre, tel un buffle, dans celle dâun Jacques Chirac abasourdi.
Lâentretien fut aussi bref quâexplosif. Et, ce jour-là , Jacques Chirac congédia Marie-France Garaud en des termes dâune cruauté telle que le chauffeur de lâancien président de la République, Jean-Claude Laumond, ne les a jamais oubliés. En sortant de la voiture de Chirac, Marie-France Garaud, la mâchoire serrée et la bouche tombante de tristesse et de rage mêlées, comprit à quel point il pouvait être dur de dévaler, dâun seul coup, les marches du pouvoir. Sans lâespoir dâun quelconque retour en grâce.
Après les élections législatives de 1978, Jérôme Monod fit à Jean-François Probst un cadeau de 20 000 francs : une jolie somme (en espèces), quâil tint à lui donner, en remerciement de son « dévouement » et de son « abnégation ». « Payez-vous un beau voyage, vous lâavez bien mérité », lui lança celui qui était alors devenu lâhomme fort du « système » Chirac.
Et voici que le couple Probst sâenvole pour le Sénégal, où il sâinstalle dans lâun des plus beaux hôtels de Dakar, face à la mer. Or, un matin, Jean-François Probst aperçoit au loin une silhouette quâil semble reconnaître. « Regarde qui est là  ? », lance-t-il à son épouse, tout aussi surprise : Marie-France Garaud, en maillot de bain, allongé sur un transat. Lui qui venait de passer deux ans à Matignon et deux autres années dans les allées du RPR, aux côtés de celle quâil qualifiait alors de « tigresse », nâen revint pas : lâancienne conseillère déchue de Chirac séjournait dans le même établissement, somptueusement hébergée aux frais du président sénégalais, Abdou Diouf. Lequel mettait, à lâépoque, à la disposition de nombreuses personnalités politiques, dont le premier cercle de Jacques Chirac, villas et demeures de luxe : la « France Afrique » dans toute sa splendeur.
Chapitre 28
« Mon bel alezanâ¦Â »
LâHôtel de Ville de Paris, sous lâère Chirac : son système, ses prodigalités, sa richesse, ses excès et ses bombances⦠Son ancien locataire y vécut sans doute
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