Les Amazones de la République
son siège et se précipita vers la jeune femme : « Jây compte bien ! », lui lâcha-t-il. Quelques mois plus tard, celui qui faisait alors une visite en Alsace, accompagné de Charles Pasqua, de Michel Roussin et de quelques journalistes â dont Catherine Pégard, du Point , et André Passeron, du Monde â, déboula au domicile de la journaliste, où lâattendait le kouglof promis. Quâobtint cette consÅur en retour ou que lui arracha Chirac ? Cette dernière jura à lâauteur quâelle résista « jusquâau bout » aux assauts de lâhomme.
Vintle 23 décembre. Réunis en conclave, les journalistes se posèrent la question dâoffrir, ou non, un cadeau à Jacques Chirac, le lendemain, soir de réveillon. Après avoir festoyé quatre jours durant, aux frais de la République, fallait-il remercier, ou non, la puissance invitante, et si oui, sous quelle forme ? Le débat fut long et vif entre les journalistes, certains estimant quâil était de bon ton de faire le geste. Quand dâautres, la carte de presse en sautoir, jugeaient la démarche contraire aux règles déontologiques les plus élémentaires. Nous étions au bord du schisme.
Nos cardinaux de la pensée politique sâenfermèrent dans une chambre dâhôtel, à Cayenne, le temps dâun long conciliabule. Osant le ridicule, ils procédèrent, pour finir, à un vote. Or le scrutin ne fut pas en mesure de départager les votants. Si bien quâil fut décidé que ceux qui souhaitaient offrir quelque chose à Jacques Chirac le feraient en leur nom propre. Diplomatiquement, ce dernier prit un soin infini à remercier collectivement la profession, sans la moindre distinction entre ceux, une trentaine de journalistes au total, qui sâétaient cotisés et les autres.
Chapitre 25
Plus dure fut la chute
« Jâétais dans un état où je me moquais de tout », confia un jour à lâancien journaliste giscardien et patron de RMC Michel Bassi 5 celle qui vivait en apesanteur et envers laquelle ses consÅurs vouaient désormais une jalousie féroce. Plus rien nâexistait à ses yeux. Le simple choix dâune cravate engageait le sort de lâhumanité et la moindre attention de sa part le dénonçait tout entier. Perché en altitude, Chirac semblait ensorcelé : lâhomme faisait un taureau de caste déboussolé par une poupée Barbie : un picador au regard de biche qui le saignait, armé dâun seul bâton de rouge à lèvres et dâune muleta en crinoline.
Dâune rayonnante insouciance, malgré les nuages qui sâamoncelaient au-dessus de sa tête â ce dont elle nâavait nullement conscience â, Jacqueline Chabridon se contrefichait des quâen-dira-t-on. Sâaffichant à son côté, avec aplomb et décontraction, on la vit même dans des lieux et dans contextes inattendus. Câest ainsi que le livre dâor du célèbre hôtel LâOustau de Baumanière, aux Baux-de-Provence, possède une photo, datant de 1975, où lâon voit Jacques Chirac poser en compagnie de Saddam Hussein et de Jacqueline Chabridon. De passage en France, lâancien leader iraquien avait tenu à visiter le site nucléaire de Cadarache, avant de prolonger son séjour dans ce célèbre établissement où Chirac et la journaliste firent une halte.
Pris dâune douce euphorie, les deux tourtereaux filaient le parfait amour. Dâun colossal éclat de rire, Jacques Chirac se coiffa même, un jour, dâune perruque, après avoir enfilé un jean, de manière à passer inaperçu en sa compagnie sur les quais du port de La Rochelle, où ils se baladaient. En lévitation, Chirac était en passe de rompre les amarres : il sâapprêtait à quitter son foyer sur la pointe des vaguesâ¦
Si bien quâun matin, nâen tenant plus, il franchit le pas. Et lui annonça « la » nouvelle.
Habillant ses émotions dâune voix de jeune premier, « Jacques » lui dit son intention dâen finir avec cette vie devenue camisole. Et de divorcer de « Bernadette »⦠Pour preuve de sa détermination, Jacques Chirac lui confia sâen être même ouvert, de manière
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