Les Amazones de la République
dessine. Bingo ! Clic-clac, merci Chirac ! En planque depuis plusieurs jours, en ce mois de juillet 2001, deux paparazzis, prirent à Maurice, dans lâun des plus luxueux palaces de lâîle, une photo montrant Jacques Chirac en galante compagnie.
Publié dans les colonnes de Libération , ce cliché eut un double effet dévastateur.
Il attisa dâabord la curiosité des magistrats qui enquêtaient alors, depuis plusieurs mois, sur un dossier relatif à des marchés truqués en Ãle-de-France. Or, ces limiers découvrirent que le chef de lâÃtat avait offert à bon nombre de ses intimes â comme le conseiller de lâÃlysée, décédé, Maurice Ulrich, ou Claude Pompidou, la veuve de lâancien président de la République â, des séjours, dont les billets dâavion avaient été payés en liquide. Et la jeune femme, journaliste à lâAFP, qui se tenait alanguie à côté de lui, sur cette plage de Maurice, figurait sur la liste des heureux bénéficiaires. Rome, Tozeur, Marrakech⦠Le couple fit ainsi différents séjours à lâétranger. Selon lâenquête de la justice, ces escapades, relatées par la presse, auraient coûté à lâépoque, à la collectivité, 170 000 francs.
Lâautre enseignement de cette photo, bien moins commenté en revanche, a trait à lâintimité du locataire de lâÃlysée. Dâune disposition et dâun empressement toujours aussi intacts à lâégard des journalistes qui lâapprochaient, Jacques Chirac avait entretenu avec cette autre signature de la presse une folle liaison de plusieurs années. Moyennant une organisation et une logistique parfaitement huilées, comme on va le voir plus loin, Chirac avait réussi à transposer nombre de ses habitudes dâantan, héritées dâune longue pratique à lâHôtel de Ville, sous les lambris du Château.
Cette journaliste avait pour nom Elisabeth Friederich. Reporter politique à lâAFP, où elle suivait les affaires de lâHôtel de Ville et de son locataire, elle a entretenu une fougueuse liaison avec ce dernier. Démarrée au milieu des années quatre-vingt, cette histoire, que sembla tolérer Bernadette Chirac â dâune immense discrétion et abnégation durant toute cette séquence â, chemina au point de devenir un secret de Polichinelle pour lâensemble de la profession, dont tout le service politique de lâAgence France Presse.
Qui sâen délecta. Surtout quand « Monsieur Georges » â le nom dâemprunt utilisé par Chirac â, téléphonait à sa « Babette » : en son absence, les confrères dâElisabeth Friederich mettaient le haut-parleur du combiné, afin que chacun dans la salle de rédaction puisse profiter du moment. Et entendre la voix de celui qui cherchait à joindre sa dulcinée. Car, si la classe politique sâamusa, au milieu des années soixante-dix, de la baignoire de Danièle Breem, dont lâappartement, disait-on, nâeut guère de secrets pour bon nombre de ténors de lâhémicycle, les escapades de Jacques Chirac en direction de la place de la Bourse, où se trouve le siège de lâAgence France Presse, égayèrent les déjeuners en ville dâune corporation, que les ruades amoureuses de Chirac divertissaient.
Pas une anecdote ne manquait au menu. Telle celle qui vit Jacques Chirac organiser, toujours à lâîle Maurice, quand il était maire de Paris, une réunion des maires francophones. Arrivée deux jours plus tôt, la jeune femme occupa une chambre attenante à la sienne. Et les deux amants passèrent une semaine dans un établissement de luxe donnant sur la plage. Au vu et au su de tous. Bernadette Chirac, qui ferma les yeux, accueillit sans la moindre allusion celui qui, à son retour, lui offrit en cadeau un bracelet mauricien. Lâexact jumeau de celui quâil avait glissé, la veille, au poignet de lâautre femme de sa vie, à lâépoque.
Là encore, Jacques Chirac, pris dâun amour dévot, ne contrôla plus rien. Au point dâexposer cette liaison dans les enceintes les plus officielles : lors dâun sommet de la Francophonie à Cotonou, en 1995, au
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