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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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se
diriger vers Bussi-Leclerc, d’un pas rude, dans une attitude qui ne
laissait aucun doute sur ses intentions, il eut un soupçon de
sourire, et :
    – Je crois, dit-il froidement, que tout désarmé qu’il est
le chevalier de Pardaillan va faire passer un moment pénible à ce
pauvre M. de Bussi-Leclerc. Quel dommage que cet homme
extraordinaire soit contre nous ! Que n’aurions-nous pu
entreprendre s’il avait été à nous !
    Fausta approuva gravement de la tête, avec un geste qui
signifiait : ce n’est pas de notre faute s’il n’est pas à
nous. Puis, curieusement, elle porta ses yeux sur Pardaillan
avançant, l’air menaçant, sur Bussi-Leclerc qui reculait au fur et
à mesure en jetant à Fausta des regards qui criaient :
    – Qu’attendez-vous donc pour le faire saisir ?
    Mais elle n’eut pas l’air de voir le spadassin et, se tournant
vers d’Espinosa, avec un sourire aigu, avec un accent aussi froid
que le sien :
    – En effet, je ne donnerais pas un denier de l’existence de
M. de Bussi-Leclerc, dit-elle.
    – Si vous le désirez, princesse, nous pouvons faire saisir
M. de Pardaillan sans lui laisser le temps d’exécuter ce
qu’il médite.
    – Pourquoi ? dit Fausta avec une indifférence
dédaigneuse. C’est pour son propre compte et pour sa propre
satisfaction que M. de Bussi-Leclerc a machiné de longue
main son coup de traîtrise. Qu’il se débrouille tout seul.
    – Pourtant, nous-mêmes…
    – Ce n’est pas la même chose, interrompit vivement Fausta.
Nous voulons la mort de Pardaillan. Ce n’est pas notre faute si,
pour atteindre ce but, nous sommes obligés d’employer des moyens
extraordinaires, tous les moyens humains ordinaires ayant échoué.
Nous voulons le tuer, mais nous savons rendre un hommage mérité à
sa valeur exceptionnelle. Nous reconnaissons royalement qu’il est
digne de notre respect. La preuve en est que, au moment où votre
main s’appesantit sur lui, vous ne lui marchandez pas l’admiration.
Nous voulons le tuer, c’est vrai, mais nous ne cherchons pas à le
déshonorer, à le ridiculiser. Fi ! ce sont là procédés dignes
d’un Leclerc, comme dit le sire de Pardaillan. Ce misérable
spadassin a attiré sur sa tête la colère de cet homme
redoutable ; encore un coup, qu’il se débrouille comme il
pourra. Pour moi, je n’esquisserai pas un geste pour détourner de
lui le châtiment qu’il mérite.
    D’Espinosa eut un geste d’indifférence qui signifiait que lui
aussi il se désintéressait complètement du sort de Bussi.
    Cependant, à force de reculer devant l’œil fulgurant du
chevalier, il arriva un moment où Bussi se trouva dans
l’impossibilité d’aller plus loin, arrêté qu’il était par la masse
compacte des troupes qui assistaient à cette scène. Force lui fut
donc d’entrer en contact avec celui qu’il redoutait.
    Que craignait-il ? À vrai dire il n’en savait rien.
    S’il se fût agi d’échanger des coups mortels, quitte à rester
lui-même sur le carreau, il n’eût éprouvé ni crainte ni hésitation.
Il était brave, c’était indéniable.
    Mais Bussi-Leclerc n’était pas non plus l’homme fourbe et
tortueux que son dernier geste semblait dénoncer. Pour l’amener à
accomplir ce geste qui le déshonorait à ses propres yeux, il avait
fallu un concours de circonstance spécial. Il avait fallu que le
tentateur apparût à l’instant précis où il se trouvait dans un état
d’esprit voisin de la démence, pour lui faire agréer une
proposition infamante. Or, il ne faut pas oublier que Bussi allait
se suicider au moment où Centurion était intervenu.
    Dans un état d’esprit normal, Bussi n’eût pas hésité à lui
rentrer dans la gorge, à l’aide de sa dague, ses conseils
insidieux. Encore ce n’avait pas été sans lutte, sans déchirements,
et sans s’adresser à lui-même les injures les plus violentes qu’il
avait accepté de jouer le rôle qu’on sait.
    Maintenant que l’irréparable était accompli, Bussi avait honte
de ce qu’il avait fait, Bussi croyait lire la réprobation sur tous
les visages qui l’environnaient, Bussi avait conscience qu’il
s’était dégradé et méritait d’être traité comme tel. Et c’est ce
qui l’enrageait le plus de se juger lui-même indigne d’être traité
en gentilhomme.
    Sa terreur provenait surtout de ce qu’il voyait Pardaillan, sans
arme, résolu néanmoins à le châtier. Que méditait-il ? Quelle
sanglante

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