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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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faire un mouvement, une main de fer le
saisissait à la gorge et l’étranglait.
    D’Espinosa lâcha l’épaule de Pardaillan. Sa main alla chercher
la dague dont il avait eu la précaution de s’armer. Il n’eut pas la
force d’achever le geste. La main de fer resserra son étreinte et
le grand inquisiteur fit entendre un râle étouffé. Alors,
Pardaillan lâcha la gorge, et le saisissant à bras le corps, il le
souleva, l’arracha de terre, le tint un instant suspendu à bout de
bras et le lança à toute volée dans ce qui devait être sa
tombe.
    Posément, Pardaillan ramassa la lampe que d’Espinosa avait
reposée à terre, alla prendre son manteau – ce fameux manteau dont
il ne pouvait plus se séparer et avec lequel il s’était amusé à
fabriquer des embryons de poupée – et sa lampe à la main, il
franchit le seuil de l’ouverture mystérieuse, en ayant soin de
poser fortement le pied sur la dalle qui actionnait le ressort
fermant la porte, et qu’il avait, il faut croire, bien remarquée
lorsque d’Espinosa la lui avait montrée.
    En effet, il entendit un bruit sec. Il se retourna et vit que le
mur avait repris sa place. Il n’y avait plus là d’ouverture
visible.
    Pardaillan venait de s’enfermer lui-même dans ce trou noir qui,
comme l’avait dit d’Espinosa, étendu sans connaissance sur le sol,
ressemblait assez à une tombe. Pardaillan venait de s’enfermer dans
cette tombe, mais il y avait d’abord jeté son puissant et
implacable adversaire.

Chapitre 18 CHANGEMENT DE RÔLES
    Pardaillan posa le manteau et la lampe par terre. Dans ce
tombeau, comme dans les deux précédents cachots où il venait de
séjourner, il n’y avait aucun meuble ; pas de fenêtres, pas de
porte. Il lui eût été difficile de retrouver l’emplacement de la
porte secrète, qui s’était refermée d’elle-même.
    Pardaillan accomplissait ses gestes avec un calme prodigieux. La
facilité avec laquelle il avait à demi étranglé son ennemi et
l’avait projeté dans ce trou prouvait que ses forces lui étaient
revenues.
    Ce n’était d’ailleurs pas le seul changement survenu dans sa
personne. En même temps que la vigueur, l’intelligence paraissait
lui être revenue.
    Il n’avait plus cet air morne, hébété, peureux qu’il avait
quelques instants plus tôt. Il avait ce visage impénétrable,
froidement résolu, et cependant nuancé d’ironie, qu’il avait
autrefois, lorsqu’il se disposait à accomplir quelque coup de
folie.
    Il se dirigea vers d’Espinosa, le fouilla sans hâte, prit le
parchemin, qu’il étudia attentivement, et ayant reconnu que ce
n’était pas une copie, mais l’original parfaitement authentique, il
le plia soigneusement et, à son tour, il le mit dans son sein.
    Ceci fait, il prit la dague, qu’il passa à sa ceinture, et
s’assura que d’Espinosa n’avait pas d’autre arme cachée, ni aucun
papier susceptible de lui être utile, le cas échéant, et, n’ayant
rien trouvé, il s’assit paisiblement à terre, près de la lampe et
du manteau, et attendit avec un sourire indéchiffrable aux
lèvres.
    Assez promptement, le grand inquisiteur revint à lui. Ses yeux
se portèrent sur Pardaillan et, en voyant cette physionomie qui
avait retrouvé son expression d’audace étincelante, il hocha
gravement la tête, sans dire un mot.
    Pas un instant, il ne perdit cet air calme, rigide qui était le
sien. Son regard se posa sur celui de Pardaillan, aussi ferme et
assuré que s’il avait été dans le palais, entouré de gardes et de
serviteurs. Il ne montra ni étonnement, ni crainte, ni gêne.
Seulement son œil de feu ne cessait pas de scruter Pardaillan avec
une attention passionnée.
    Il se disait qu’il avait encore une chance de salut, puisque le
remède, grâce à quoi son prisonnier avait retrouvé assez de
lucidité pour essayer de l’entraîner dans la mort avec lui,
perdrait toute sa force stimulante au bout d’une demi-heure.
    Il s’agissait donc de se dérober à une nouvelle attaque du
prisonnier jusqu’à ce que, le stimulant n’ayant plus d’action, il
redevînt ce qu’il était avant, ce qu’il resterait jusqu’à sa
mort : un enfant inoffensif et peureux.
    En somme, lui, d’Espinosa, était vigoureux et adroit. Il ne
chercherait pas à lutter contre son adversaire ; tous ses
efforts se borneraient à éviter un corps à corps dans lequel il
savait bien qu’il serait battu. Il fallait gagner quelques minutes.
Toute la question se

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