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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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un signe de tête
affirmatif, déclara que, lui aussi, avait besoin de repos et se
retira incontinent, au grand dépit de Juana qui aurait bien voulu
le garder un moment.
    Le Chico parti, Pardaillan se fit conduire à sa chambre, se
glissa entre les draps blancs et fleurant bon la lavande de ce lit
douillet, préparé expressément à son intention, et dormit tout
d’une traite jusqu’à six heures du matin.

Chapitre 21 BARBA-ROJA
    Il se leva et s’habilla en un tour de main. Frais et dispos, il
sortit aussitôt et s’en fut droit chez un armurier où il choisit
une mignonne petite épée qui avait les apparences d’un jouet, mais
qui était une arme parfaite, flexible et distante, en dur acier
forgé et non trempé. C’était le présent qu’il voulait faire au
Chico.
    Son acquisition faite, il revint à l’hôtellerie. Son absence
n’avait pas duré une demi-heure, et le nain, qu’il attendait,
n’étant pas encore arrivé, il fit préparer un déjeuner substantiel
pour lui et son compagnon.
    Enfin le nain parut. Sur une interrogation muette de Pardaillan,
il dit :
    – Barba-Roja vient de sortir du palais. Ils sont douze,
parmi lesquels Centurion et Barrigon. Ils vont là-bas… je les ai
suivis un moment pour être sûr.
    – Tout va bien ! s’écria joyeusement Pardaillan. Tu es
un adroit compère… C’est un plaisir de travailler avec toi.
    Le nain rougit de plaisir.
    – Tu n’es pas trop fatigué ? Tu pourras m’accompagner
là-bas ? reprit Pardaillan avec sollicitude.
    – Je ne suis pas fatigué… j’ai dormi.
    – Diable !… Et s’il était sorti pendant ce
temps ?
    – Je dormais d’un œil… je guettais de l’autre,
tiens !
    Pardaillan se mit à rire. Le petit homme avait de ces manières
et de ces réponses qui l’enchantaient.
    Il était à ce moment un peu plus de sept heures et demie.
Pardaillan calcula qu’il avait du temps devant lui et résolut, pour
tuer une heure, de donner une deuxième leçon à son petit ami.
    Le nain accepta avec un empressement et une joie qui
témoignaient du vif désir qu’il avait de profiter de sa bonne
aubaine et d’arriver à un résultat appréciable. Mais sa joie devint
du délire et il se montra ému jusqu’aux larmes lorsqu’il vit la
superbe petite épée que Pardaillan était allé acheter à son
intention.
    Pour couper court à son émotion et à ses remerciements,
Pardaillan expliqua :
    – Tu comprends que tu ne peux pas t’armer comme tout le
monde. De ce fait, tu seras toujours en état d’infériorité, quel
que soit l’adversaire que tu auras devant toi. Il te faut donc
compenser par une habileté, une adresse et une vivacité supérieures
l’inégalité des armes. En conséquence, il te faut, dès maintenant,
t’habituer à lutter avec cette petite aiguille contre ma rapière du
double plus longue.
    La leçon se prolongea le temps fixé par Pardaillan. Comme la
veille, l’élève montra la même ardeur, la même application, ce qui,
joint à son adresse et à sa vivacité naturelles, rendit la tâche
moins ardue et pour le maître et pour l’élève. Comme la veille, le
professeur se déclara satisfait et assura que l’élève deviendrait
un escrimeur passable. Passable, dans la bouche de Pardaillan
voulait dire redoutable.
    Après la leçon, ils expédièrent rapidement le déjeuner qui les
attendait, et sans s’occuper des mines désespérées de Juana, qui
d’ailleurs – il faut lui rendre cette justice – ne tenta pas de
retenir son petit amoureux, Pardaillan et le Chico se mirent en
route, se dirigeant vers la porte de Bib-Alzar.
    *
    * *
    Très triste, agitée de pressentiments sinistres, la petite Juana
se remit sur le pas de la porte et les suivit du regard, tant
qu’elle put les apercevoir. Après quoi, elle rentra dans son
cabinet et se mit à pleurer doucement. Mais c’était une fille de
tête que la petite Juana. Obligée par les circonstances de diriger
une maison bien achalandée à un âge où l’on n’a guère d’autre souci
que se livrer à des jeux plus ou moins bruyants, elle avait appris
à prendre de promptes résolutions, suivies de mise à exécution
immédiate. En conséquence, après avoir pleuré un moment, elle
réfléchit.
    Le résultat de ses réflexions fut qu’elle alla tout droit
trouver un de ses domestiques nommé José, lequel José détenait les
importantes fonctions de chef palefrenier de l’hôtellerie, et lui
donna ses ordres.
    Un petit quart d’heure

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