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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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cependant pas.
    Une chose que Pardaillan remarqua aussi, c’est que le nain
affectait maintenant une singulière indifférence vis-à-vis de la
jeune fille, qui, elle, au contraire, n’avait d’yeux et
d’attentions que pour lui et le traitait avec une douceur déférente
à laquelle il ne paraissait pas prêter attention, bien qu’elle fût
toute nouvelle pour lui et dût lui paraître très douce.
    – Sais-tu, dit Pardaillan très sérieusement, lorsque le
nain eut terminé son récit, sais-tu que tu es un hardi et délié
compagnon ? J’en connais qui passent pour fort habiles et qui
ne t’arrivent pas à la cheville.
    Le compliment, venant de lui, n’avait pas de prix. Le Chico et
la petite Juana en devinrent écarlates de plaisir et d’orgueil.
Seulement, alors que la jeune fille semblait approuver hautement
ces paroles par une mimique expressive, le petit homme eut un geste
confus qui voulait dire : Ne vous moquez pas de moi.
    On a dû le remarquer, ce petit nain était indécrottable. Devant
son geste, Pardaillan insista :
    – Puisque je te le dis… Je m’y connais un peu, il me
semble. Quel dommage que tu n’aies pas plus de forces qu’un oiselet
chétif ! Mais j’y songe !… À tout prendre, c’est un
malheur facilement réparable… et je veux le réparer… Comment n’y
ai-je pas songé plus tôt ?… Je veux t’apprendre à manier une
épée…
    À cette offre inespérée, quoique secrètement désirée sans doute,
le nain bondit, et les yeux brillants de joie, joignant ses petites
mains, il s’écria :
    – Quoi !… Vous consentiriez ?… Vous ne voulez pas
rire ?…
    – Cela te ferait donc bien plaisir ? dit Pardaillan
très sérieux.
    – Oh !
    – Par Pilate ! comme disait monsieur mon père, je ne
me dédis jamais, tu sauras cela, mon Chico ! Et la preuve,
c’est que je vais te donner ta première leçon… à l’instant
même.
    Le nain se mit à sauter de joie, et Juana, aussi joyeuse que
lui, battit des mains. Seulement, la joie de la jeune fille fondit
comme neige au soleil quand elle entendait Pardaillan ajouter d’un
air très détaché :
    – D’autant que pour l’expédition que nous allons
entreprendre ce soir et celle de demain matin, le peu que je vais
t’enseigner en une leçon te sera peut-être utile…
    Et sans paraître remarquer la soudaine pâleur de la jeune fille,
ni le regard de douloureux reproche qu’elle attachait sur lui, il
ajouta :
    – Juana, ma mignonne, envoyez donc chercher dans ma chambre
deux épées… sans oublier les boutons que vous trouverez dans
quelque poche d’habit pendu au mur.
    Et tandis que la triste Juana, courbant la tête, sortait pour
chercher les épées demandées, s’adressant au nain qui, dans sa joie
exubérante, gambadait comme un fou :
    – Tu n’as pas peur, au moins ? fit-il en souriant.
    – Peur ?… fit le Chico étonné, peur de
quoi ?…
    – Dame ! fit Pardaillan de son air le plus ingénu, il
va y avoir des horions à donner et à recevoir !
    – On tâchera de les donner… et de ne pas les recevoir, fit
le Chico en riant. Et puis, vous serez là, tiens ?
    – Tu ne me demandes pas où je veux te conduire ?
    – Tiens ! comme c’est difficile à deviner ! fit
le Chico en haussant les épaules d’un air entendu. J’imagine que
nous allons, ce soir, à la maison des Cyprès et demain matin au
château de Bib-Alzar. Le château, vous le trouverez bien sans moi,
n’importe qui vous l’indiquera. Mais les caches de la maison des
Cyprès, il faut bien que je sois là pour vous les montrer…
    Pardaillan approuva de la tête en souriant, et en lui-même, il
songeait, en observant le nain du coin de l’œil :
    – Intelligent, adroit, brave, loyal, attaché, il ne lui
manque qu’un peu de force… Mordieu ! j’en ferai un homme… ou
je ne serai plus Pardaillan !
    Juana avait apporté les épées et les boutons, que le chevalier
ajusta à la pointe des lames, et la table poussée dans un coin,
dans le petit cabinet même, la leçon commença, sous l’œil apeuré de
Juana.
    Les épées de Pardaillan étaient de longues et lourdes
rapières.
    Tout d’abord, le Chico éprouva quelque peine à les manier. Mais
il était nerveux et souple, il avait surtout la volonté bien
arrêtée de réussir et de contenter le maître extraordinaire que sa
bonne étoile avait placé sur son chemin.
    Peu à peu, le poignet s’entraîna et il ne sentit plus le poids
de la

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