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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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de Fausta, devenir un puissant personnage.
    – Chico, mon pauvre petit Chico ! râla Pardaillan, qui
prit doucement le nain dans ses bras.
    Le Chico jeta sur lui un regard qui exprimait tout le dévouement
et toute l’affection dont son petit cœur était rempli ; un
sourire très doux erra sur ses lèvres, et il murmura :
    – Je… suis… content !
    Et il s’abandonna, évanoui, dans les bras qui le
soutenaient.
    Pâle de douleur et de désespoir, se couvrant déjà de
malédictions et d’injures variées, se reprochant amèrement la mort
de son petit ami, Pardaillan défit rapidement le pourpoint et se
mit à vérifier la blessure avec la compétence d’un chirurgien
consommé. Alors un immense soupir s’exhala de sa poitrine
oppressée, et avec un sourire radieux, il s’écria tout
haut :
    – C’est un vrai miracle !… La lame a glissé sur les
côtés… Dans huit jours, il sera sur pied, dans quinze il n’y
paraîtra plus… C’est égal, j’ai eu peur !
    Tranquillisé sur le sort de son petit ami, son naturel
insouciant et railleur reprit le dessus, et il songea :
    – Me voilà bien loti !… une femme évanouie et un
enfant blessé sur les bras !… Que vais-je en faire ?… Si
j’allais demander l’hospitalité à ce château fort ?…
Hum !… ce serait, je crois, me jeter bénévolement dans la
gueule du loup ! Ne tentons pas le diable. Il est déjà assez
surprenant que ces gens-là ne songent pas à me tomber sur le dos…
Hé ! mais… morbleu ! voici mon affaire.
    Ce qui motivait cette exclamation, c’était la vue d’une
charrette qui s’était arrêtée en bas, sur la route, et dont le
conducteur, qui se tenait à côté du cheval, semblait se demander ce
qu’il devait faire : ou continuer par la grand’route ou
grimper par le sentier.
    Pardaillan jeta un coup d’œil sur les deux corps étendus à
terre, puis il porta ce coup d’œil sur la forteresse. Et sa
résolution fut prise. Il cria à pleins poumons au
charretier :
    – Hô ! l’homme !… Si vous êtes chrétien, attendez
un moment !
    Il faut croire qu’il fut entendu et compris, car il vit une
silhouette féminine se dresser debout dans la charrette, descendre
précipitamment et se ruer à l’assaut du sentier.
    – Bon ! songea Pardaillan, tout va bien.
    Et se baissant, il prit dans ses bras robustes la Giralda et le
Chico et se mit à descendre doucement, sans paraître gêné par son
double fardeau. Au fur et à mesure qu’il descendait, la silhouette
qui montait à sa rencontre précipitait sa marche, et bientôt,
malgré la mante qui la recouvrait, il la reconnut.
    – Par ma foi, c’est la petite Juana ! se dit-il,
enchanté au fond de la rencontre. Pour une fois, voici donc une
femme qui sait arriver à propos… Sa charrette va me tirer fort
heureusement d’embarras.
    Et avec, ce sourire malicieux qu’il avait lorsqu’il se disposait
à jouer quelque tour de sa façon :
    – Oui, par Dieu ! vous survenez à propos, petite
Juana, et du diable si, cette fois, je n’arrive pas à mes
fins !
    En effet, c’était la petite Juana qui grimpait précipitamment le
sentier, suivie de loin par la vieille Barbara, suant, soufflant…
et pestant, à son ordinaire.
    À la vue de Pardaillan, seul sur l’esplanade, elle avait senti
une angoisse mortelle l’étreindre ; en l’entendant appeler,
elle avait compris qu’un malheur était arrivé.
    Elle en avait le pressentiment douloureux puisque c’est ce qui
l’avait décidée à tenter cette démarche plutôt risquée.
    Elle avait bondi hors de la charrette et s’était mise à courir à
la rencontre du chevalier. Et, tout en courant, elle cherchait
vainement à se persuader que cet appel de Pardaillan était en vue
de la Giralda délivrée et ne concernait pas le Chico.
    En approchant, elle avait vu que le chevalier portait dans ses
bras deux corps qui semblaient privés de vie.
    Un affreux sanglot déchira sa gorge contractée. Le malheur
pressenti était arrivé, le Chico était blessé.
    Malgré tout, tant l’espoir est tenace au cœur des humains,
malgré tout
,
elle se refusa à accepter l’idée d’une mort
possible, voire d’une blessure grave.
    Hélas ! en approchant plus près encore de Pardaillan, sa
mine désolée et bouleversée, son embarras évident à sa vue, tout
lui cria que cette hypothèse qu’elle avait obstinément écartée
était la cruelle réalité : le Chico était mort ou mourant.
    Sans

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