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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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dépêcha des ambassadeurs de bon goût, et fort experts en matière de femmes, au château de Palencia, avec mission de ramener celle des princesses qui leur semblerait la plus désirable.
    Les deux sœurs virent arriver un beau matin un groupe important de brillants cavaliers.
    — Rentrez vite ! leur dit-on, ce sont des Français !
    Et on les enferma dans une chambre.
    Les ambassadeurs furent reçus en grande pompe par Alphonse VIII et sa cour ; puis on appela les princesses. Les Français remarquèrent immédiatement que la plus jolie était l’aînée et s’apprêtaient à déclarer sans plus tarder que Philippe Auguste avait fixé son choix sur elle, lorsque Alphonse VIII la présenta :
    — La princesse Urraca !
    En entendant ce prénom bizarre, les ambassadeurs, nous dit un chroniqueur, « éprouvèrent un sensible déplaisir » et se tournèrent vers la seconde fillette.
    — La princesse Blanche, dit Alphonse en souriant.
    Les Français furent soulagés. Avec beaucoup de grâce, ils déclarèrent alors au roi de Castille que son aînée avait sans doute une beauté sans pareille et que ses vertus étaient d’ailleurs connues de Philippe Auguste ; mais qu’elle portait un prénom qui constituait un empêchement majeur à son mariage avec le prince Louis.
    — Jamais, dirent-ils, une reine de France ne s’est appelée Urraca. Et il est à craindre que le gentil peuple de chez nous ne conçoive un très vif étonnement en entendant ce nom, et même qu’il soit tenté de composer sur lui des chansons ironiques. C’est pourquoi nous avons l’honneur de vous demander, pour le prince Louis, la main de votre fille Blanche…
    C’est ainsi que, à cause de son prénom, la plus jeune des filles d’Alphonse de Castille fut amenée à jouer un rôle dans l’histoire de France [61] .
     
    Au mois de mars 1200, Blanche dit adieu à ses parents et, en compagnie de son infatigable grand-mère, partit pour la France. À Pâques, elles étaient à Bordeaux. Là, la vieille reine prit soudain la décision d’entrer au couvent et, laissant sa petite-fille à la garde de l’archevêque Élie de Malmort, elle se dirigea vers l’abbaye de Fontevrault.
    Blanche arriva au mois de mai en Normandie, où l’attendait Jean sans Terre dans son château de Boutavant, situé au bord de la Seine. Aussitôt, un messager traversa le fleuve et se rendit au château de Goulet pour avertir Philippe Auguste et Louis que le traité pouvait maintenant être signé.
    Le lendemain, 22 mai 1200, dans un champ situé à égale distance des deux châteaux, les souverains, qui s’étaient si souvent affrontés dans les combats, se rencontrèrent en robes brillantes et en manteaux fourrés.
    L’entrevue eut lieu sous une tente richement décorée de tapisseries flamandes. Devant la porte, flottaient, côte à côte, l’étendard anglais aux trois léopards écarlates et la bannière fleurdelisée…
    Une dernière fois, Philippe Auguste relut le texte préparé par les secrétaires royaux. Jean sans Terre s’engageait à céder au roi de France le Vexin, l’Évrexin et Évreux. En outre, il donnait en dot à sa nièce les fiefs d’Issoudun et de Graçay, avec vingt mille marks d’argent. Enfin, et c’était peut-être là le point capital de ce traité, il s’engageait, s’il mourait sans héritier, à léguer à Louis tous les domaines qu’il possédait encore en France.
    — Ce mariage, qui fait de ton fils mon neveu, dit Jean sans Terre, doit ouvrir une ère de paix.
    — Désormais, il ne doit plus être question de guerre entre nous, dit Philippe Auguste.
    Puis les deux souverains apposèrent leur signature sur le parchemin. Lorsqu’ils parurent ensemble à la porte de la tente, une ovation les accueillit.
    « Nous voilà en paix pour mille ans ! » pensait le menu peuple, toujours prompt à s’enthousiasmer.
    Le mariage devait avoir lieu le lendemain. Comme la France était alors frappée d’interdit par Rome, à cause de la détention injustifiée de la reine Ingeburge, les prêtres n’avaient pas le droit de bénir les nouveaux époux. Il fallait donc que le prince Louis se rendît en territoire anglais.
    Cela ne plaisait pas à Philippe Auguste qui, malgré le traité et les bonnes paroles prononcées sous la tente, demeurait sur ses gardes et craignait qu’on ne retînt son fils prisonnier. Pour être tout à fait tranquille, il demanda à Jean sans Terre de venir en France pendant la durée

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