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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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seigneur qui me baillera hommes et argent…
    Sans avoir eu besoin de recourir à ce moyen extrême, elle se rendit à Calais et, en compagnie d’un célèbre pirate, Eustache le Moine, grand écumeur de mer, elle organisa une flotte de secours pour son mari.
    Ce fut sa première manifestation d’énergie et d’autorité.
    Malheureusement, Eustache le Moine fut battu par la marine anglaise, et Louis dut revenir en France, abandonnant tout espoir de régner sur l’Angleterre. Presque aussitôt, le destin lui donna un autre trône, car, le 11 juillet 1223, Philippe Auguste quittait ce monde. Quelques jours après, Louis VIII et Blanche de Castille étaient sacrés à Reims.
     
    En 1226, le nouveau roi participa à la croisade contre les Albigeois. Après avoir soumis partiellement le Languedoc, il vint mettre le siège devant Avignon. Là, tout à coup, un certain nombre de grands vassaux l’abandonnèrent, plaçant ainsi l’armée royale dans une situation difficile. L’instigateur de cette trahison était le comte Thibaut de Champagne, un délicat poète qui n’allait pas tarder à nuire énormément à la réputation de la reine Blanche… L’opération put, néanmoins, être menée à bien.
    En revenant de cette expédition, Louis VIII tomba gravement malade. À Montpensier. Il souffrait d’une forte dysenterie, et l’on comprit rapidement qu’il serait difficile de le sauver. Alors, Archambaud de Bourbon déclara qu’il avait entendu dire que des rapports avec une vierge pouvaient apporter un soulagement dans ce genre de maladie. Aussitôt – à l’insu du roi – on se mit en quête d’une jolie fille pouvant servir de remède. Après plusieurs jours de recherches, un capitaine découvrit dans une excellente famille une adorable blonde de dix-huit ans qui lui sembla devoir faire l’affaire. Honnête et franc chevalier, il expliqua aux parents ce que l’on attendait de leur fille. Les braves gens ne purent cacher leur joie et se mirent à pleurer en disant que le ciel était bien bon d’avoir permis qu’un tel honneur tombât sur leur maison.
    La jeune fille fut donc menée auprès du roi. Archambaud de Bourbon, après lui avoir fait mettre une chemise de nuit, lui donna quelques conseils pratiques et la conduisit dans la chambre où le moribond somnolait. Timide, elle s’assit sur le lit et attendit. Soudain, Louis VIII ouvrit les yeux.
    — Qui êtes-vous ? dit-il, fort surpris.
    La gracieuse personne expliqua en rougissant ce qu’elle venait faire, ajoutant que « ce n’était pas pour lui donner du plaisir, mais pour guérir sa maladie ».
    Le roi la remercia :
    — Je n’ai pas besoin de vous, ma fille. À aucun prix, je ne voudrais être infidèle à la reine Blanche.
    Puis il mourut.
     
    Après la mort de Louis VIII, des bruits fâcheux coururent dans le peuple. On disait que le roi n’avait pas succombé à une dysenterie, mais qu’il était mort empoisonné [63] …
    — C’est une affreuse vilenie, se lamentaient les braves gens, un crime diabolique…
    Et tout le monde accusait le comte de Champagne, Thibaut le Chansonnier, d’avoir versé une poudre maléfique dans les aliments du roi. À ceux qui s’étonnaient d’un tel geste, on expliquait que Thibaut était amoureux de la reine au point de n’avoir pu supporter l’idée que Louis VIII dormît à côté d’elle.
    — Il compose des chansons pleines de passion qu’il va lui chanter au Louvre, murmurait-on, et il l’appelle « sa Dame »…
    — Il s’imagine sans doute qu’elle va maintenant lui accorder tout ce qu’il espère, le beau seigneur !
    — Si ce n’est déjà fait, mon compère !…
    De tous ces racontars, une chose était certaine : Thibaut de Champagne aimait Blanche de Castille. Et avec une ferveur que nul, parmi ces braves gens qui cancanaient en souriant, ne pouvait soupçonner. Comme il était vrai aussi que Thibaut composait pour elle des chansons dont il faisait à la fois le poème et la musique, et qu’à plusieurs reprises il avait osé lui chanter lorsqu’elle se trouvait seule au Louvre. Certaines, d’ailleurs, étaient exquises :
     
    Dame, quand devant vous je fus
    Et vous vis la première fois,
    Mon cœur si fort a tressailli
    Qu’il resta là quand je partis…
     
    Et sans doute était-ce pour revenir plus vite auprès de la Dame de toutes ses pensées qu’il avait brusquement quitté le roi pendant le siège d’Avignon. Il ne pouvait vivre, en

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