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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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détenue, et près d’un petit village appelé Bouvines. C’était un dimanche. Il faisait une chaleur écrasante. Après trois heures de combats épouvantables, l’armée de la coalition fut mise en pièces par les vingt-cinq mille Français qui firent des prodiges d’héroïsme.
    Sans cette victoire « créatrice », la France n’eût jamais existé.
     
    Philippe Auguste, qui, désarçonné et piétiné par les chevaux, avait failli être tué pendant la bataille, rentra triomphalement à Paris où l’attendait Ingeburge…
    Pendant dix ans, les deux souverains vécurent heureux et unis. Jamais la reine n’eut un mot amer au sujet des vingt plus belles années de sa vie passées en captivité.
    Et, lorsqu’en juillet 1223, le roi, qui avait contracté le paludisme à Saint-Jean-d’Acre, fut atteint d’une forte fièvre et se sentit décliner, il appela son fils, le futur Louis VIII, et lui dit :
    — Mon fils, tu ne m’as jamais chagriné. Je te prie d’honorer Dieu et l’Église comme je l’ai fait moi-même. J’en ai recueilli une grande utilité et tu en recueilleras une grande aussi. Je te prie pour les pauvres. Je te prie pour Madame la Reine, à qui j’ai fait trop d’injures…
    Puis, ajoutent les chroniqueurs, « il se mit à pleurer et ne dit plus rien d’autre ».
    Après cette dernière pensée pour Ingeburge, il mourut. Il avait cinquante-huit ans.
    La reine lui survécut treize ans, presque cachée dans une demeure qu’elle s’était fait construire dans une île de l’Essonne, à Corbeil. C’est là qu’elle mourut en 1236, encore éblouie par dix années de bonheur passées auprès de son seigneur Philippe…

13
    L’amour de Thibaut de Champagne pour Blanche de Castille sauva la couronne de France
    Elle s’aida du comte de Champagne et de son amour.
    Elle débrouilla, de ses mains très longues,
    le fil d’une interminable conspiration.
     
    Jean Cocteau
     
    En 1199, il y avait à la cour de Castille deux petites princesses fort jolies. L’une s’appelait Urraca, l’autre Blanche. Elles avaient respectivement douze et onze ans.
    Dire qu’elles s’amusaient énormément dans l’austère château de Palencia serait excessif. En réalité, les deux fillettes s’ennuyaient affreusement.
    Leur seule distraction consistait à prier pour que les Maures quittassent l’Espagne. Ce qui ne peut être tenu pour un passe-temps fort distrayant.
    À cette époque, en effet, l’étendard vert de l’Islam flottait encore sur Grenade, Cordoue, Séville, ainsi que sur cette pointe que les infidèles appelaient Djebel al-Tarik, en attendant que les chrétiens transforment ce nom en « Gibraltar ».
    Le soir, lorsqu’elles avaient fini de prier, Urraca et Blanche étaient parfois autorisées à venir écouter, dans la grande salle du château, des chants guerriers ou le récit de carnages épouvantables fait par quelque jongleur de passage. Après quoi, on les conduisait, tremblantes d’effroi, se coucher dans de grands lits.
     
    Un jour d’hiver, Aliénor d’Aquitaine (qui – rappelons-le – était la mère du roi d’Angleterre et la grand-mère des deux princesses) arriva à Palencia. Tout le château fut immédiatement en révolution.
    La vieille reine, âgée alors de quatre-vingts ans, venait négocier, avec son gendre Alphonse VIII de Castille [59] , une union dont l’idée stupéfia toute la cour. Il s’agissait de marier l’une des petites princesses à Louis de France [60] …
    Aliénor expliqua, avec sa fougue habituelle, que cette union était une des conditions du traité de paix que voulaient signer son fils Jean sans Terre, roi d’Angleterre, avec Philippe Auguste, roi de France.
    Alphonse de Castille pensa tout d’abord que le roi d’Angleterre disposait de ses nièces avec beaucoup de désinvolture ; puis l’idée d’être un jour le père d’une reine de France flatta sa vanité et il accepta.
    — Laquelle le prince veut-il pour femme ? demanda-t-il.
    Aliénor répondit que le prince n’avait aucune opinion, attendu que, pour l’heure, il allait sur ses douze ans.
    — Dans ce cas, dit Alphonse, qui voulait faire les choses avec soin, il faut poser la question au roi de France.
    Des messagers partirent aussitôt pour Paris…
    Philippe Auguste les reçut avec gentillesse, mais jugea prudent de ne prendre aucune décision.
    — Dites à votre seigneur le roi de Castille que je vais lui envoyer ma réponse, dit-il.
    Et il

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