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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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de la cérémonie.
    Le roi d’Angleterre ne se froissa pas de cette marque de méfiance et accepta de servir d’otage.
    Le mariage fut célébré dans l’église de Portmort avec beaucoup de faste. Pendant que l’archevêque de Bordeaux officiait, les deux enfants, que personne n’avait eu l’idée de réunir au moins une fois avant leur bénédiction nuptiale, se considéraient avec une curiosité amusée.
    Ni l’un ni l’autre ne semblait comprendre ce qui se passait. Ils se souriaient et manifestaient parfois, par une grimace ou un soupir, leur impatience de quitter toutes ces grandes personnes qui chantaient de trop longues prières…
    Après la cérémonie, on les emmena au château de Goulet où les deux jeunes mariés commencèrent à jouer ensemble fort gaiement.
    Leur nuit de noces n’eut lieu que trois ans plus tard, à Paris [62] .
     
    Un amour violent unit alors Blanche et son mari. Et c’était un plaisir de voir ces jeunes époux de quinze ans se promener la main dans la main et rayonnants de bonheur, au Louvre, à Orléans, à Blois ou à Chaumont…
    Pourtant, cette vie calme dura peu. Blanche savait qu’elle devait assurer la continuité de la dynastie et elle s’y appliqua consciencieusement.
    Ses premiers essais furent, hélas ! malheureux.
    En 1205, elle donna le jour à une petite fille qui mourut en bas âge. En 1209, elle eut un fils, Philippe, qui fut emporté à neuf ans par une forte fièvre. En 1213, elle mit au monde deux jumeaux, Alphonse et Jean, qui moururent jeunes. Enfin, en 1214, l’année de Bouvines, elle donna le jour au futur Saint Louis…
    Six autres enfants suivirent. Mais celui-là devait être son préféré.
    Le prince Louis, on le pense bien, ne passait pas tout son temps à la préparation de ces naissances. Il guerroyait à la tête d’une des armées royales partout où Philippe Auguste ne pouvait se trouver en personne, et cherchait à montrer son courage. Il allait en avoir l’occasion.
    En 1216, les barons anglais se révoltèrent contre Jean sans Terre, dont ils étaient las, et offrirent la couronne des Plantagenêts au roi de France. Philippe Auguste ayant accepté, bien entendu, allait envoyer quelques troupes en Angleterre, lorsque le cardinal Gualon, légat du pape, vint lui conseiller de « ne point se mêler des affaires des autres ». Redoutant de nouvelles complications avec Rome, le roi se montra docile.
    Il n’en fut pas de même de Louis.
    Celui-ci, en effet, qui croyait avoir des droits sur la couronne d’Angleterre par sa femme Blanche, dont la mère était sœur du roi Jean, refusa tout net de renoncer au royaume qu’on lui offrait.
    — Mon Seigneur, dit-il à son père, devant le légat, pardonnez-moi si je poursuis contre sans votre aveu ; mais le royaume qui m’est offert ne dépend pas de votre hommage, et si poursuivrai-je mes droits…
    Le cardinal Gualon parut si navré que Philippe Auguste crut bon de lui assurer que son fils n’aurait de lui aucune aide pour cette entreprise. Mais le saint homme comprit qu’il était berné et il quitta le palais dans un état très éloigné de la sérénité…
    Le 20 mai, le prince Louis partit de Calais avec six cents vaisseaux et quatre-vingts barques, en direction de Douvres où il n’arriva que trois jours plus tard, à cause d’une tempête violente qui l’avait désorienté. Le 2 juin, il était à Londres. Toute la ville l’accueillit avec enthousiasme, et les barons vinrent lui rendre hommage à l’abbaye de Westminster. Ayant prêté serment sur l’Évangile, il s’installa au palais et put se croire un moment roi d’Angleterre.
    Mais, le 18 octobre, Jean sans Terre mourut à Newark-Castle, et son fils, âgé de dix ans, fut conduit à Gloucester où le légat du pape le couronna sous le nom de Henri III. Les barons n’avaient aucun motif de haïr cet enfant ; au contraire, ils comptaient profiter de sa faiblesse… Aussi Louis fut-il peu à peu abandonné par ceux-là mêmes qui l’avaient fait venir et il en conçut une grande amertume. Un autre serait rentré sagement en France ; lui, voulut résister.
    Blanche, qui suivait ses efforts de Paris, alla trouver Philippe Auguste et le supplia d’aider son fils. Le roi ayant refusé, trouvant – avec raison – l’entreprise inconsidérée, elle s’écria :
    — Je sais ce que je ferai, monseigneur, j’ai biaux enfants, et, si vous me voulez éconduire, je les mettrai en gage à quelque haut

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