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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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regarda doucement et lui dit avec une grande tendresse :
    — Par Dieu, comte Thibaut, vous ne devriez pas être notre adversaire.
    Et l’auteur des Chroniques de Saint-Denis nous dit que « le comte, ayant considéré la reine qui était si belle et si sage, fut tout ébahi de sa grande beauté et lui répondit :
    — Par ma foi, madame, mon cœur, mon corps et toute ma terre sont en votre commandement, et il n’est rien qui vous plaise et puisse vous plaire, que je ne fasse volontiers ; et jamais, s’il plaît à Dieu, je ne serai contre vous ni contre les vôtres ».
    Cette soumission de Thibaut consterna les barons et acheva de les désemparer. Finalement, le 16 mars 1227, à Vendôme, la reine signait avec eux des traités de paix fort avantageux pour la Couronne.
    Ainsi, comme nous le dit un de ses biographes, « en très peu de temps, et sans répandre une goutte de sang, Blanche de Castille réduisit à néant une redoutable coalition de barons [65]  ».
     
    Thibaut, qui avait beaucoup à se faire pardonner, suivit la reine à Paris où il se remit à composer pour elle des chansons touchantes. Las ! la vertueuse Blanche continuait de le repousser, et le poète glissait parfois dans ses déclarations les plus enflammées des pointes acides qui témoignaient de son dépit et de son amertume. C’est ainsi que, dans la strophe suivante, les deux derniers vers ont l’air d’une épigramme :
     
    Mes grands désirs et tous mes durs tourments
    Viennent de là où sont tous mes pensers.
    J’ai très grand peur, car tous ceux qui l’approchent
    Et qui ont vu son beau corps si parfait
    Sentent en eux besoin de lui complaire.
    Même Dieu l’aime, à escient le sais,
    Et merveille est qu’aussi longtemps s’en prive…
     
    On ne s’étonnera pas dans ces conditions que Thibaut n’ait fait qu’un court séjour au Louvre. Un soir, sur un mot un peu trop dur de la reine, il se vexa de nouveau et repartit dans ses terres en jurant qu’à la première occasion il reprendrait les armes contre elle.
    Justement, à quelque temps de là, les barons, qui s’étaient tenus un moment tranquilles, se groupèrent autour d’un bâtard de Philippe Auguste : Philippe Hurepel, ou le Malpeigné, qui rêvait de monter sur le trône à la place de son neveu.
    Thibaut se joignit à eux.
    Les nouveaux révoltés établirent cette fois leurs plans avec soin et commencèrent par essayer de s’emparer du jeune roi.
    Un jour que Louis IX revenait d’Orléans, il se trouva brusquement devant des cavaliers armés de pied en cap qui, baissant leurs lances, chargèrent furieusement. Le futur Saint Louis n’était pas équipé pour affronter de tels adversaires. Tournant bride, il galopa avec ses compagnons vers le château de Montlhéry où il trouva asile. Aussitôt, un messager alla jusqu’à Paris prévenir Blanche de Castille de la situation. La reine, fort inquiète, chercha avec ses conseillers un moyen de sauver son fils. Toutes les suggestions ayant paru hasardeuses, on se résolut à éprouver un beau désespoir. Heureusement, la nouvelle ayant filtré du Louvre jusque dans la rue, les Parisiens, émus de savoir le jeune souverain en danger, s’assemblèrent sur les places et trouvèrent rapidement la solution que les dignes conseillers de Blanche cherchaient en vain. Ils s’armèrent de gourdins, de masses et d’instruments divers en criant :
    — À Montlhéry ! Allons chercher le roi. Sauvons notre petit roi !
    Et, en une longue colonne fort pittoresque, ils se rendirent à Montlhéry avec les milices communales et « là, trouvèrent le jeune Louis ; si l’en amenèrent à Paris, tuit rengié et serré et appareillé de combattre, s’il en feust mestier [66]  ».
    Cette tentative de rapt se terminait par un retour triomphal, ce qui mécontenta fort les révoltés.
     
    À quelque temps de là, les barons, qui étaient soutenus par le roi d’Angleterre, se réunirent au château de Bellême pour tenir conseil et décider de nouvelles opérations propres à déclencher une guerre civile dans tout le pays.
    Blanche de Castille résolut de renouveler sa manœuvre de Chinon. Accompagnée d’une puissante armée, elle marcha sur Bellême.
    Bientôt, des éclaireurs lui signalèrent une troupe dont l’avant-garde se dirigeait vers l’ost royal en ordre de bataille.
    La reine, qui montait une haquenée blanche, piqua des deux pour aller reconnaître l’oriflamme du vassal révolté.
    Quand

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