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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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de cervelles, des paquets de cheveux et, par-ci par-là, un cadavre. Finauds, ils en déduisirent qu’il s’était passé quelque chose et interrogèrent les bourgeois.
    Ceux-ci répondirent en chœur :
    — Ce sont les écoliers de Paris qui violaient nos filles, qui abusaient de nos femmes et qui nous volaient, le soir, quand nous passions près d’eux. Hier, ils nous ont provoqués, alors, nous les avons tués.
    Pendant que les hommes du guet, perplexes, faisaient leur rapport, les maîtres de l’Université se rendaient auprès de la reine Blanche pour lui demander justice d’une pareille hécatombe de clercs.
    — Il faut bien que jeunesse se passe, dirent-ils. Ce n’est pas parce qu’un jeune homme un peu fougueux a voulu prouver sa virilité à une jeune fille que les marchands doivent tuer trois cent vingt de nos élèves. Sinon, mieux vaut fermer tout de suite l’Université.
    Blanche de Castille, poussée par le cardinal Frangipani, déclara sèchement qu’elle donnait raison aux bourgeois contre les étudiants. Alors, les maîtres de l’Université décidèrent de quitter Paris. Certains s’installèrent à Angers, à Orléans, à Toulouse, d’autres allèrent même jusqu’en Angleterre où Henri III les reçut avec l’empressement que l’on devine.
    Les étudiants suivirent naturellement leurs maîtres ; mais, avant d’abandonner la capitale, ils firent circuler ces deux vers latins qui mirent le comble à la fureur du légat :
     
    Heu morimur strati, vincti, mersi, spoliati
    Mentula legati nos facit ista pati [71] .
     
    Ce qui veut dire : « Hélas ! nous mourons, on nous abat, on nous enchaîne, on nous noie, on nous dépouille. C’est la lubricité du légat qui nous vaut tous ces maux ! »
    Le départ des étudiants fit un grand vide dans Paris. Bien des gens les regrettèrent – en particulier les demoiselles oppressées par leur vertu et les femmes de bourgeois qui s’ennuyaient auprès de leurs maris.
    On en vint à accuser la reine de s’être montrée injuste envers les turbulents garçons, et le légat fut encore une fois l’objet de chansons cruelles.
    Puis le peuple se lassa de parler des prétendues nuits chaudes de la reine et de son favori. Certains chansonniers essayèrent bien de reprendre les attaques contre Thibaut ; mais le trouvère était dans son château de Troyes, où il se préparait à partir en croisade, et leurs nouvelles calomnies firent long feu. Alors, des gens, qui ne manquaient ni de méchanceté ni d’imagination, accusèrent le roi Louis IX, âgé de dix-neuf ans, d’avoir des maîtresses et « de s’abandonner avec elles aux plaisirs les plus criminels [72]  ».
    Naturellement, quelques personnes se disant bien renseignées donnèrent des « détails ». Le scandale fut énorme. Tout Paris ne parla que des orgies du roi.
    — C’est le mauvais exemple de la reine mère, disaient les commères.
    Bientôt la rumeur s’envenima encore. On raconta que Blanche approuvait ces désordres, et même qu’elle en était l’instigatrice…
    « Ces bruits étaient si publics, nous dit dom Charles Bévy, qu’un religieux en fit de vives réprimandes à la reine, qui lui répondit, avec la douceur dont l’innocence est toujours accompagnée, que, bien loin d’approuver ces désordres, elle aimerait mieux voir mourir son fils, malgré toute la tendresse qu’elle avait pour lui, que de le voir encourir la disgrâce de son Créateur par un seul péché mortel. »
    Cependant, Blanche était fort ennuyée. Et, pour soustraire le jeune roi à des calomnies aussi ignobles, elle résolut de le marier.
     
    Aussitôt, elle envoya des religieux à la recherche de princesses nubiles qui devaient remplir deux conditions : être vertueuses et n’être point trop jolies. Blanche, en effet, désirait que le jeune roi ne s’attachât pas excessivement à sa future épouse et qu’il ne tombât pas, à cause d’un minois trop gentil, dans les pièges de l’amour sensuel, c’est-à-dire dans le péché…
    Et puis, la reine craignait qu’une jolie femme ne prît sur le roi trop d’ascendant… Or elle voulait continuer à régner sur le cœur et l’esprit de son fils comme par le passé.
    Marguerite, fille aînée de Raimond Béranger, comte de Provence, âgée de quatorze ans, répondait exactement – d’après le religieux qui l’avait vue – aux désirs de la reine. Blanche envoya à Aix-en-Provence l’évêque de Sens avec

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