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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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reine Marguerite, sa mère, et du roi, son père, se rendit à Clermont-Ferrand où il devait rencontrer Isabelle et le roi d’Aragon. Il était inquiet et de fort méchante humeur, car il savait que, même si sa fiancée était un affreux laideron, il ne pourrait refuser de l’épouser. Son mariage avait, en effet, d’importantes conséquences politiques. Par cette union, qui était une des conditions d’un traité, Jacques I er d’Aragon donnait à Louis IX les comtés de Forcalquier et d’Arles, ainsi que les villes de Marseille, de Béziers et de Milan. Il recevait, en échange, les comtés de Barcelone et de Catalogne.
    Un soir, un grand fracas de trompettes retentit dans les rues de Clermont. C’était l’avant-garde du roi d’Aragon qui arrivait. Aussitôt, Louis IX, Marguerite et Philippe allèrent se placer devant la cathédrale et attendirent leurs hôtes.
    Le bruit ayant couru rapidement que la rencontre allait avoir lieu en cet endroit, plus de dix mille personnes vinrent se masser sur le parvis pour voir la jeune fille que l’on destinait au prince royal.
    Le roi Jacques parut le premier, chevauchant un palefroi blanc. Il fut longuement acclamé. Puis un chariot déboucha sur la place. La princesse Isabelle y souriait gentiment. Son apparition déchaîna un enthousiasme considérable. C’était une jolie brune, fort appétissante, dont les yeux chauds se fixèrent avec gourmandise sur Philippe. Celui-ci, troublé, oublia immédiatement ses craintes et se sentit devenir amoureux.
    Le mariage eut lieu le lendemain, 28 mai 1262, avec beaucoup d’éclat, car depuis la mort du prince Louis, son frère aîné, survenue en 1260, Philippe était héritier du trône de France. La plupart des grands vassaux étaient donc présents à la cérémonie.
    Lorsque les fêtes furent terminées, les nouveaux époux quittèrent l’Auvergne sous les acclamations et allèrent s’installer à Vincennes où, pendant six ans, ils vécurent très heureux. On manque de détails sur cette période de leur existence. Toutefois, on sait que, ayant à plusieurs reprises « œuvré charnellement », le ciel, en récompense, leur donna trois enfants.
     
    En 1269, lorsque Saint Louis partit, pour la seconde fois, en croisade, il emmena avec lui ses fils Philippe, Jean et Pierre. Isabelle suivit son époux. Elle supporta avec beaucoup de courage les fatigues de cette malheureuse expédition, trouvant même la force de soigner les chevaliers minés par la fièvre. Son héroïsme fait encore l’admiration de tous les historiens, car, nous dit-on, personne « onc de son cuer n’ouit issir le plus petit plaint ou sospir [83]  » ; pourtant, lorsque, sous les murs de Tunis, Louis IX mourut de la peste, les croisés souffraient de tant de maux qu’un chroniqueur a pu écrire qu’« ils étaient nombreux ceux qui eussent voulu suivre en Paradis le saint roi ».
    À la mort de son père, Philippe, devenu roi de France, voulut d’abord poursuivre la croisade. Pendant plusieurs mois, il tenta de prendre Tunis. Finalement, il décida de quitter cette terre maudite et de rentrer en France.
    Ce retour fut tragique.
    Tout d’abord, au large de la Sicile, la flotte royale essuya une violente tempête. Plusieurs vaisseaux furent engloutis, et cinq mille hommes périrent. Après avoir franchi le détroit de Messine, Philippe soupira :
    — Maintenant, nos malheurs sont finis !
    Hélas, trois jours plus tard, en Calabre, la reine Isabelle, qui était alors enceinte de six mois, voulut passer un fleuve à gué, tomba de cheval et se blessa grièvement. Malgré les soins des médecins du roi, la jeune femme, transportée immédiatement dans la ville de Cosenza, mourut après dix-sept jours de souffrances atroces, en mettant au monde un enfant mâle qui ne vécut que quelques heures. Elle avait vingt-quatre ans.
    La douleur de Philippe fut d’autant plus grande qu’il dut, pour ramener en France les restes de sa femme, se soumettre à un effroyable usage qui avait alors cours en Italie : le corps d’Isabelle fut confié à un spécialiste qui le fit bouillir. Après quoi, les chairs furent seules ensevelies, tandis que le squelette était mis en bière pour être rapporté à Paris.
    Philippe rentra donc chez lui avec les cercueils de son père, de sa femme et de son fils, ce qui fit dire au peuple que « le roi ne rapporta de croisade que des coffres vides et des tombeaux pleins d’ossements ».
     
    Au bout de

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