Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
Vom Netzwerk:
représentant sainte Sara sur un bateau, relevant sa robe. Dans le verre était gravée cette étrange inscription : « Comment la sainte offrit son corps aux bateliers pour son passage. »
    Louis IX, scandalisé en apprenant ces faits, défendit aux habitants de Paris de louer leurs maisons aux ribaudes sous peine de poursuites et ordonna que ces filles fussent chassées de la ville, dépouillées de leurs vêtements et mises dans des maisons de force pour y être punies de leurs débordements.
    Naturellement, l’ordonnance ne fut jamais exécutée, car les « folles femmes », grâce à de nombreuses complicités, parvinrent à se cacher et à exercer leur métier en secret. De ce fait, il y eut bientôt deux fois plus de prostituées qu’avant la promulgation de l’ordonnance.
    Alors, Louis IX se vit dans la nécessité de modérer la rigueur de son édit et d’en rendre un autre par lequel il fut ordonné que toutes « les femmes folles de leur corps et communes » seraient « boutées et mises hors de toutes les bonnes cités et villes ; spécialement qu’elles fussent boutées hors des rues qui sont au cœur desdites bonnes villes, et mises hors des murs et loin de tous lieux saints comme églises et cimetières ».
    Il était prévu, en outre, que ceux qui loueraient leurs maisons aux ribaudes devraient payer un impôt spécial. Ce qui était de la part de Saint Louis une manière détournée – et adroite – d’admettre la prostitution.
    Presque toutes les filles publiques quittèrent donc la capitale pour s’installer dans de petites logettes dont les Parisiens connurent vite le chemin et qu’ils baptisèrent du nom saxon de bord [82] , auquel on donna rapidement un diminutif qui subsiste encore de nos jours.
    C’est ainsi que, sans la reine Marguerite, aussi curieux que cela puisse paraître, le mot bordel n’eût sans doute jamais existé…
     
    La lutte contre les filles amoureuses et la réglementation de la prostitution avaient demandé près de dix ans à Saint Louis, et la reine se félicitait d’être à l’origine d’une occupation qui retenait le roi en France.
    Hélas ! un jour de 1268, Louis IX annonça qu’il organisait une nouvelle croisade.
    Quelques mois plus tard, sourd aux prières de Marguerite, il quittait Vincennes, laissant la charge du royaume à deux de ses conseillers et la tutelle de ses enfants à la reine qui le vit partir « le cœur navré ».
    Elle ne devait jamais le revoir.
    Louis IX mourut, en effet, de la peste sous les murs de Tunis, le 25 août 1270.
    Alors Marguerite se retira dans une résidence qu’elle avait fait construire près de Paris et vécut encore vingt-cinq ans, évoquant avec mélancolie l’heureux temps où son mari n’était pas encore appelé le roi « Saint » Louis ; l’heureux temps où elle se cachait avec lui dans un escalier en colimaçon, à Pontoise…

15
    La reine Marie de Brabant a-t-elle fait pendre un innocent ?
    On disait alors que la reine avait envoyé vilainement
    à Montfaucon celui qui était jaloux de ses amours…
     
    C. Lenient
     
    Un jour de 1259, Louis IX convoqua son second fils en entretien particulier.
    — Philippe, lui dit-il en souriant, je vous réserve une agréable surprise.
    Le prince, qui venait d’avoir quatorze ans, pensa que son père voulait lui offrir une épée, et il en fut grandement réjoui.
    À l’avance, il remercia le roi.
    — Ne me remerciez point avant de connaître les choses, dit celui-ci. Voici de quoi il s’agit : je vous ai fiancé à la princesse Isabelle d’Aragon.
    Philippe fut stupéfait. L’œil brillant, il demanda :
    — Quel âge a-t-elle ?
    — Onze ans, dit Louis IX.
    Le prince eut l’air déçu. Dans l’ardeur de ses quatorze ans, il ne lui aurait pas déplu de prouver sa virilité naissante à quelque dame plus âgée. Souvent, il y avait pensé, et son regard s’était attardé à maintes reprises sur les charmes un peu mûrs des suivantes de la reine, sa mère.
    Il lui parut donc que le cadeau que lui faisait son père était insignifiant, et il eut une moue très significative.
    — Vous ne semblez pas très enthousiaste, dit le roi. Vous avez tort. Votre fiancée est charmante. En outre, sachez que vous ne l’épouserez pas avant trois ans d’ici.
    Cela rassura Philippe, qui, oubliant la petite fiancée aragonaise, continua de lorgner les dames de la cour…
     
    Trois ans plus tard, le jeune prince, en compagnie de la

Weitere Kostenlose Bücher